La sous-carte du gala de Lucian Bute contre Glen Johnson promettait énormément et les attentes élevées des amateurs ont été comblées grâce à un sublime K.-O. de Pier-Olivier Côté et des performances inspirées de Sébastien Gauthier et Kevin Bizier.

Le président d'InterBox, Jean Bédard, avait insisté pour que le combat de Côté soit diffusé sur l'important réseau de télévision américain Showtime et il a gagné son pari haut la main.

Celui qui est surnommé « Apou » (18-0, 11 K.-O.) a envoyé l'Américain Jorge Luis Teron (25-3-1, 15 K.-O.) au pays des rêves avec une superbe et puissante gauche au visage dès la 58e seconde du deuxième round. Teron, qui devait représenter une menace, tombait au sol pour la deuxième fois de l'assaut et il n'a jamais pu se relever.

Côté, 27 ans, et son entraîneur François Duguay ont littéralement explosé de joie en chœur avec la foule. Le jeune boxeur au futur prometteur a rapidement sauté dans les câbles pour savourer ce moment spécial dans sa carrière.

«C'est magnifique comme sensation! C'est la première fois que j'entendais autant de bruit pour moi. Grâce à Showtime, le combat a été diffusé devant des millions de personnes et j'ai livré la marchandise», a confié Côté qui aurait pu disputer un autre combat.

Non seulement Côté l'a emporté avec éclat, mais il a achevé son opposant avec une combinaison préparée par son entraîneur. La stratégie était de lancer un coup de la droite et de poursuivre avec une puissante gauche au visage. Côté et Duguay ont ainsi vécu l'orgasme évoqué par Stéphan Larouche quand Lucian Bute obtient un K.-O. grâce à son uppercut au corps.

«Je suis père d'une fille donc elle passera toujours en premier, mais c'est probablement le deuxième plus beau moment de ma vie. C'est vraiment unique», a avoué le cogneur au style agressif.

L'équipe de Côté savoure encore plus ce triomphe après avoir entendu les commentaires des experts de Showtime qui ont déclaré «A star is born» (une étoile est née).

Le superbe scénario aurait cependant pu tourner au cauchemar puisque Côté a été atteint solidement au menton par une droite de Teron tard au premier round en prenant des risques inutiles.

«J'apprends tous les jours avec mes entraîneurs et ils m'ont dit d'être plus patient après le premier round, mais je n'ai pas écouté leurs conseils parce que l'occasion s'est présentée dès la reprise», a raconté Côté en riant.

Gauthier démontre son courage contre Molitor

Avant d'assister à l'exploit de Côté, les partisans ont pu se mettre sous la main un duel âprement disputé entre le Québécois Sébastien Gauthier et l'ancien champion Steve Molitor.

Gauthier avait de la pression sur ses épaules avant ce combat et il a répondu de brillante façon en livrant un furieux combat, mais il s'est incliné par décision partagée.

Gauthier, 29 ans, n'a rien négligé dans cet affrontement pour hommes et les milliers d'amateurs présents au Colisée Pepsi de Québec l'ont remercié avec une ovation chaleureuse.

Les juges ont tous rendu des cartes de 96-94, mais deux en faveur de Molitor contre une pour Gauthier.

«Je suis déçu parce que j'ai travaillé plus fort que lui dans ce combat. Je pensais que les juges allaient prendre en considération qu'il est un ancien champion et qu'il ne m'a pas dominé. Je croyais que ça jouerait contre lui», a raconté Gauthier en point de presse.

Dès les premières secondes du combat, Gauthier s'est lancé à l'assaut de son adversaire et il a été en mesure de lui infliger des dommages importants près de l'œil gauche. Molitor a toutefois résisté et il a démontré un peu plus de précision que Gauthier.

«Si quelqu'un trouve qu'il a été meilleur que moi c'est correct, mais je ne l'ai pas senti. J'ai réussi à lui faire mal deux fois alors qu'il m'a seulement touché solidement à une reprise en début de combat», a expliqué le Québécois.

Gauthier devait démontrer qu'il peut atteindre l'élite de la boxe et il était émotif après son combat parce que ses efforts auraient pu lui permettre de signer une victoire déterminante.

«J'ai tout mis de côté pour ce combat. C'est une déception, mais pas un recul parce qu'il n'a pas été capable de me dominer», a exprimé Gauthier avec de l'eau dans les yeux.

Gauthier aurait aimé offrir une victoire à son entraîneur Pierre Bouchard pour tous ses sacrifices, mais il est tout de même fier de l'impression laissée.

«Je suis né le 15 avril 1982 et Arturo Gatti est né le 15 avril 1972. Je suis un petit boxeur qui a du cœur et mon entraîneur me disait de le regarder et de boxer comme lui parce que les gens du Québec aiment les boxeurs avec du cœur», a ajouté Gauthier.

«Je pense que les gens du Québec vont continuer d'aimer me voir boxer», a souhaité Gauthier sans se tromper tout en admettant qu'il ne refuserait pas un combat revanche contre Molitor.

Kevin Bizier donne le ton

Dans le deuxième combat de la soirée, le Québécois Kevin Bizier n'a pas laissé de chance à son adversaire Christian Bladt et il a donné le ton à la soirée avec un virulent K.-O. au troisième assaut.

Sous les applaudissements de la foule, Bizier (16-0-0, 12 K.-O.) l'a emporté de façon spectaculaire face à Bladt (38-13-2, 12 K.-O.), un vétéran de 36 ans, et il conserve ainsi sa fiche parfaite.

«En voyant la foule avant le début du combat, mes entraîneurs m'ont dit : "Gâte-toi!" Wow, c'était quasiment comme se battre pour un championnat du monde. C'était vraiment fou!», a raconté Bizier peu de temps après sa victoire.

Le boxeur de 27 ans, qui est originaire de St-Émile, a démontré une plus grande précision notamment avec son jab et un puissant crochet de la gauche lui a permis de sortir vainqueur de la confrontation.

«C'était un peu avec ce coup-là qu'on voulait l'emporter, ça faisait partie de la stratégie. J'ai beaucoup amélioré mon jab et je l'ai démontré ce soir. Je suis très content de ma performance», a indiqué le droitier.

Bizier, un pugiliste au style compact, avait semblé très attentif aux conseils de son entraîneur avant le début de cette reprise et la stratégie a porté fruits.

«Marc (Ramsay) m'avait donné beaucoup de conseils avant le troisième round et j'ai bien exécuté ses demandes. Au début du combat, je ne me déplaçais pas assez», a spécifié le sympathique pugiliste.

En vertu de ce gain, Bizier peut aspirer à de nouveaux sommets et le plan est déjà tracé par son entourage.

«Il a prouvé qu'il a atteint la maturité pour avoir une chance en championnat du monde. Notre objectif est maintenant de le faire boxer pour titres nord-américains ce qui lui permettra de se faire une place dans les classements mondiaux», a souligné Ramsay qui était fier de son protégé.

Demers ne peut surprendre Green

Dans les autres combats de la soirée, Sébastien Demers a pris un risque en affrontant Allan Green, mais il a été dominé par son redoutable adversaire.

Green (31-3, 21 K.-O.) l'a emporté par décision unanime des juges qui ont rendu des cartes de 100-90, 98-92 et 97-93.

Demers (31-5-0, 11 K.-O.) a maintenant perdu ses trois derniers combats. Ce duel a été présenté après la confrontation Bute-Johnson et des milliers de spectateurs étaient demeurés à leur siège.

Le Québécois Schiller Hyppolite (2-0) s'est moqué de son compatriote Dale Golden (1-1, 1 K.-O.) en l'envoyant au tapis deux fois au premier round. L'arbitre a finalement arrêté le carnage à 2 :28 du premier assaut.

Dans le premier combat du gala d'InterBox, qui a commencé peu après 19h, le talentueux boxeur cubain Rances Barthelemey (14-0, 11 K.-O.) s'est rapidement débarrassé de son adversaire mexicain Alejandro Barrera (21-10, 14 K.-O.) dès le deuxième round.

Barthelemy a infligé un compte de huit au premier assaut à Barrera avant de compléter le travail lors de la reprise suivante par arrêt de l'arbitre.

Le Cubain de 26 ans a donné un aperçu de son talent en dominant grâce à la rapidité de ses coups en combinant habilement les jabs et les coups de puissance.

Ce combat était prévu pour une durée de six rounds.