(La Zone de Boxe) - Finale Benoît Gaudet c. Henry Arjona - Benoît Gaudet a effacé beaucoup de doutes en dominant sans appel celui qui lui avait fait subir sa première défaite en boxe professionnelle, Henry Arjona. Le boxeur de Drummondville a décroché une décision nette, soit trois pointages de 80-71.

Gaudet a tout de même pris une minute ou deux pour se mettre en marche. Il a commencé le combat se déplaçant sagement vers sa droite afin de se tenir hors de portée de la dangereuse droite de son adversaire. Au fur et à mesure que le combat s'étirait, la véritable nature d'Arjona était mise au jour : un dur à cuire qui ne mise que sur des coups isolés occasionnels pour assommer son rival.

Gaudet s'est facilement démarqué grâce à un travail fructueux en combinaison et à un crochet de gauche efficace en contre. Il a semblé faire mal au Mexicain au quatrième round quand une droite a solidement atteint la cible alors qu'Arjona avait laissé tomber sa garde, croyant que l'arbitre allait demander le bris.

Lançant de moins en moins de bombes, le visiteur est allé au plancher au cinquième engagement. Piqué par une droite puis cerné dans les câbles, il s'est retrouvé au plancher probablement autant à cause d'une perte d'équilibre que sous l'effet des coups. Après s'être relevé, il s'est plaint d'un coup de tête.

Tandis qu'on s'attendait à voir Gaudet faire preuve d'une prudence extrême, il a attaqué en deuxième moitié avec un acharnement qui avait de quoi surprendre. Il avait manifestement rebâti toute sa confiance, et peut-être a-t-il aussi constaté que les coups de son vis-à-vis n'avaient plus autant d'impact qu'avant.

Même au round ultime, c'est Gaudet qui avait le couteau entre les dents malgré l'avance insurmontable dont il profitait. À deux reprises, il a cru pouvoir en finir en noyant son adversaire de coups dans le coin. Quoique débordé, le Mexicain n'a jamais vraiment paru assez éprouvé pour que l'arbitre intervienne.

Antonin Décarie c. Leonardo Rojas - Championnat canadien des super-légers

Dans un combat où les tactiques plus ou moins loyales ont occupé une place importante, Antonin Décarie a décroché le titre canadien des super-légers grâce à un blanchissage sur Leonardo Rojas.

Décarie est monté dans le ring avec l'intention d'imposer son avantage de gabarit. La stratégie était bonne, mais difficile à appliquer puisque Rojas a joué dès le début du combat la carte de la prudence. Au cours des premiers rounds, Décarie a marqué sporadiquement au corps et profité de l'inactivité du boxeur d'origine péruvienne pour se forger une solide avance. La prestation de ce dernier a même incité l'un des hommes de coin de Décarie à crier : « Leonardo, arrête de courir et bats-toi comme un homme. »

Rojas a aussi passé beaucoup de temps à se plaindre à l'arbitre. Il faut dire que de part et d'autre, plusieurs coups bas, derrière la tête ou aux reins ont été distribués, sans oublier quelques méthodes relevant davantage de la lutte. Au demeurant, le « Joker » a fait preuve de ruse et est parvenu à éviter de se faire toucher trop solidement, certes en accrochant, mais aussi en menottant régulièrement Décarie qui se laissait trop souvent déporter vers l'avant.

Exception faite du neuvième round où le poulain d'Interbox a nettement sonné Rojas à l'aide de deux droites, Décarie a connu ses meilleurs succès à la tête lorsqu'il réussissait à s'extirper des corps à corps sans l'intervention de l'arbitre pour rétablir la distance et décocher des combinaisons. Le combat ne passera certes pas à l'histoire, et nous attendons avec impatience la première défense du nouveau champion, car nous avons remarqué que ses deux premiers aspirants se nomment Mike Post et Constantin Florescu.

Sébastien Gauthier c. Julio Cesar Alfaro

Gauthier ayant besoin d'accumuler les rounds, Interbox lui a opposé un Mexicain qui n'avait été battu par K.O. qu'une seule fois en près de 20 combats. L'objectif a été atteint, sans toutefois empêcher Gauthier d'ajouter une mise hors de combat à sa fiche, puisque le combat a été arrêté à la deuxième minute du huitième et dernier round.

Alfaro n'a jamais eu vraiment l'intention de remporter une décision. En marche arrière dès l'entame, il explosait de temps en autre au moyen de violents crochets qui étaient facilement bloqués. En revanche, il a dû essuyer les attaques bien senties de Gauthier. S'il a eu du mal à placer le direct de droite en début de combat, le Québécois a marqué fréquemment en crochet de gauche et en uppercut. Mentionnons une gauche en contre qui a semblé saper la volonté guerrière d'Alfaro au troisième round ainsi qu'une série corps-tête meurtrière à la quatrième reprise.

Après le combat, Gauthier précisera en entrevue que son rival roulait bien avec les coups et qu'il avait du mal à le toucher de plein fouet. Pourtant, du point de vue de la section de la presse, le combat a pris des allures de séance de torture de la cinquième reprise jusqu'au dénouement au huitième engagement : ébranlé par une attaque de son bourreau, Alfaro s'est retrouvé dans une position vulnérable, la haut du corps entre les deux câbles supérieurs. L'arbitre Gerry Bolen est intervenu et a mis fin au combat sur-le-champ.

Texte de Pascal Lapointe