L'oganisation d'un tournoi, un lot de défis et d'embûches
Boxe mercredi, 18 nov. 2020. 07:00 dimanche, 15 déc. 2024. 15:39C’est samedi soir à Rimouski que seront présentés les premiers combats du « Carré d’As » d’Eye of the Tiger Management, une compétition réunissant quatre boxeurs – Steve Claggett, Mathieu Germain, David Théroux et Yves Ulysse fils – combattant chez les poids super-légers (140 livres).
À l’image du tournoi à la ronde de la Coupe Memorial, chaque pugiliste s’affrontera une fois avant la tenue de la ronde éliminatoire. Au terme du tournoi à la ronde, le boxeur ayant récolté le plus de points accédera directement à la finale. Les deuxième et troisième au classement croiseront le fer en demi-finale, alors que le quatrième verra évidemment sa route prendre fin.
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S’ils sont légion chez les amateurs, les tournois ne le sont pas vraiment chez les professionnels. La Super série mondiale de boxe est organisée depuis 2017, mais il s’agit d’une compétition à élimination simple. Pour trouver un comparable, il faut remonter au « Super Six », une initiative de Showtime présentée de 2009 à 2011 qui a récompensé et propulsé l’Américain Andre Ward.
Ayant fait beaucoup parler de lui à l’époque au Québec puisque le champion des super-moyens de l’IBF Lucian Bute n’avait pas été invité à y participer, le « Super Six » a connu son lot de défis et d’embûches. Et il y a fort à parier que le « Carré d’As » sera confronté aux mêmes problèmes.
Sur papier, le « Super Six » apparaissait une initiative géniale, car elle regroupait six boxeurs de premier plan et qu’elle couronnerait un champion unifié WBA et WBC chez les super-moyens.
- Arthur Abraham (30-0, 24 K.-O.) : ancien champion des moyens de l’IBF
- Andre Dirrell (18-0, 13 K.-O.) : médaillé de bronze aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004
- Carl Froch (25-0, 20 K.-O.) : champion des super-moyens du WBC
- Mikkel Kessler (42-1, 32 K.-O.) : champion des super-moyens de la WBA
- Jermain Taylor (28-3-1, 17 K.-O.) : ancien champion unifié des moyens
- Andre Ward (20-0, 13 K.-O.) : médaillé d’or aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004
Un premier écueil survient cependant après la présentation du premier tour, alors que Taylor se retire du tournoi dans la foulée de sa défaite par knock-out au 12e round contre Abraham. Il est remplacé par Allan Green, qui avait déjà envoyé Edison Miranda au plancher avant de s’incliner.
Mais ce n’était rien par rapport à ce qui attendait l’organisation à la suite de la deuxième ronde, alors que Kessler – devenu champion du WBC grâce à son gain sur Froch – et Dirrell se retirent. Le Danois, blessé à un œil, est substitué par l’ex-champion des mi-lourds de l’IBF Glen Johnson, tandis que l’Américain, ennuyé par des problèmes neurologiques, ne l’est tout simplement pas.
Devant se mesurer à Dirrell, Ward obtient la permission de défendre sa ceinture de la WBA face à Sakio Bika, mais la compétition est plongée dans la controverse à l’aube du troisième tour. Le titre du WBC est vacant et celui de la WBA pourrait se retrouver à la taille d’un boxeur qui ne fait pas partie du tournoi. Heureusement, la ceinture du WBC sera offerte au gagnant du duel qui opposera Abraham à Froch, alors que Ward battra très aisément Bika par décision unanime.
Ultimement, les demi-finales se dérouleront rondement et tous les yeux seront rivés vers la finale présentée le 17 décembre 2011 à Atlantic City. Ward battra Froch par décision unanime, ce qui lui permettra de s’établir comme l’un des meilleurs boxeurs « livre pour livre » au monde.
Le gagnant du « Carré d’As » ne pourra évidemment pas aspirer à cette reconnaissance, sauf que le promoteur Camille Estephan a promis plus tôt cette semaine que le vainqueur – plus riche de 50 000 $ – se retrouvera assurément dans le top-3 du classement de l’une des quatre grandes organisations de boxe internationale et en bonne position pour un duel éliminatoire.
Si le passé est garant de l’avenir, Estephan aurait également pu suggérer aux boxeurs canadiens capables de se battre à 140 livres de se tenir prêts au cas où le téléphone sonnerait. Les tournois peuvent être un formidable outil de promotion, mais ils comportent leur lot de risques et périls.