« Qui a parlé de changements? Avez-vous vu quelque chose qui a changé? Il n’y a pas de changement. »

Yves Ulysse fils était résolument à prendre avec des pincettes, samedi soir au Cabaret du Casino de Montréal, alors qu’il effectuait sa première véritable sortie publique depuis sa défaite par décision unanime des juges contre Ismael Barroso subie le 5 décembre dernier en Californie.

Alors que Camille Estephan avait dénoncé « une mauvaise stratégie et une mauvaise attitude » dans les heures qui avaient suivi le revers, le promoteur a mentionné en impromptu de presse jeudi qu’il souhaitait que son homme de confiance Mike Moffa devienne son nouvel entraîneur.

Il semble cependant que ce souhait demeurera un désir inassouvi, puisque l’ancien détenteur de la ceinture « Gold » des poids super-légers de la WBA a répété à plusieurs reprises samedi qu’il est hors de question qu’il écarte complètement de l’équation son entraîneur Rénald Boisvert.

« On gagne en équipe et on perd en équipe, a martelé Ulysse à une poignée de journalistes qui assistaient au gala d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) au Casino. On va s’asseoir en équipe [pour décider de la suite des choses] à mon retour à l’entraînement. Il n’y a rien qui presse... »

Pourtant, la réflexion semble avoir été entamée et le constat que Boisvert n’est plus l’homme de la situation bien établi. Ulysse a ainsi candidement avoué qu’il est à la recherche d’un stratège de la trempe de Marc Ramsay ou Stéphan Larouche, mais ces candidatures ont été vite rejetées.

Pourquoi? Parce que le premier a un agenda particulièrement rempli avec Artur Beterbiev, Eleider Alvarez, David Lemieux et plusieurs autres, alors que le deuxième – qu’il a déjà côtoyé chez InterBox – est résolument persona non grata comme le chantait Madame chez EOTTM.

Cela dit, le boxeur âgé de 31 ans a souligné l’importance de côtoyer un entraîneur qui possède une grande expérience des combats de championnat et une meilleure compréhension des jeux de coulisses au sud de la frontière afin de ne plus être pris au dépourvu comme dans le passé.

C’est que la boxe a changé et les juges ne récompenseraient plus ceux qui se livrent à des joutes d’escrime comme le faisait Ulysse. L’époque de Roy Jones fils est révolue et il faut s’adapter à la nouvelle réalité. L’important ne serait plus de toucher, mais de faire mal, très mal à l’adversaire.

Ulysse a aussi précisé que sa quête de la perle rare le mènera vraisemblablement aux États-Unis et qu’il n’avait ultimement pas objection à tenir ses éventuels camps d’entraînement au sud de la frontière. Entre-temps, il garderait la forme aux côtés de Boisvert – formidable bouc émissaire dans toute cette histoire. Reste à voir si cet intellectuel du sport acceptera d’être tabletté ainsi.

Chose certaine, il n’y aura pas de profonde remise en question après cette « mauvaise journée au bureau » il y a un peu moins de deux mois. « Ce n’est pas comme si je m’étais fait knockouter ou bardasser, a expliqué Ulysse, qui a assuré profiter de l’appui total de Golden Boy Promotions.

Au final, nul besoin d’une connaissance approfondie du dossier pour comprendre que plusieurs idées s’entrechoquent et qu’elles devront être départagées. Une nouvelle voix représente peut-être une partie de la solution, mais encore faut-il qu’elle soit écoutée par le principal intéressé. Et plus important encore, rien ne garantit que l’embauche d’un coach américain soit profitable.

Lucian But et Jean Pascal n’ont fait que passer dans l’entourage de Freddie Roach, tout comme Ghislain Maduma qui a déchanté après deux combats avant de retourner dans le gymnase de Moffa. L’exception qui confirme la règle est Adonis Stevenson, mais il était la priorité de Javan « Sugar » Hill. L’ancien champion des poids mi-lourds du WBC n’était pas un parmi tant d’autres.
 
Finalement, qui a parlé de changements?