Officiellement, Lucian Bute ne souhaitait plus s’occuper de la gestion de ses affaires.

Officieusement, il semble que le Québécois d’origine roumaine a signé un pacte avec le diable.

À la croisée des chemins depuis sa défaite devant Jean Pascal, Bute a signé un contrat de plusieurs années avec l’influent gérant Al Haymon dans l’espoir de relancer sa carrière.

Mais tout indique que l’ancien champion des poids super-moyens de la IBF servira plutôt de faire-valoir aux autres clients déjà bien en vue du gérant : les frères Andre et Anthony Dirrell ou encore Adonis Stevenson. Bref, il serait condamné à se retrouver du côté « B » de l’équation, craignent divers intervenants bien au fait de la situation interrogés par le RDS.ca.

À bientôt 35 ans, Bute n’a certainement plus le potentiel commercial d’antan et n’a même pas idée du nombre de combats qui lui reste à disputer d’ici à ce qu’il décide d’accrocher ses gants. Sauf qu’il rêve de redevenir champion du monde et possède encore un semblant de réputation.

Signe révélateur de l’affaire, c’est Haymon lui-même qui a contacté Bute et demandé à le rencontrer. C’est que l’homme d’affaires est à la recherche de boxeurs - beaucoup de boxeurs - pour organiser les 20 cartes qu’il doit présenter sur NBC et NBC Sports Network cette année.

Tranquillement, mais sûrement, Haymon s’est constitué une véritable armée de pugilistes - plus de 150 selon les derniers décomptes - au cours des derniers mois afin de ne pas s’embourber dans des négociations difficiles avec ses homologues. Ainsi, il contrôlera le produit de A à Z.

Si la façon de faire de Haymon permet à des boxeurs comme Stevenson de s’en mettre plein les poches - le champion des mi-lourds du WBC aurait empoché plus de trois millions et demi en 2014 -, il est moins évident de savoir ce qu’il advient des pugilistes comme Bute qui se retrouveront devant lui. Cela reste hypothétique, car remontera-t-il un jour dans le ring?

Aucune promesse

Officiellement, Bute l’admet d’emblée : les trois dernières années ont été les plus difficiles de sa carrière, soit depuis qu’il s’est incliné devant Carl Froch à Nottingham en mai 2012. Il sentait de plus en plus de pression sur ses épaules et c’est pourquoi l’offre de Haymon tombait bien.

« J’ai tellement aimé sa vision de la boxe et j’ai décidé d’embarquer dans ce projet-là, a expliqué le Québécois d’origine roumaine en conférence de presse mercredi. Il m’a dit qu’il me suivait depuis le début de ma carrière et qu’il a toujours confiance en moi. Mais il ne m’a rien promis.

« Je veux concentrer toutes mes énergies sur la boxe et uniquement sur la boxe afin d’aller jusqu’au bout de mes limites. À ce stade-ci de ma vie, j’ai besoin que toutes mes ressources soient consacrées à mon entraînement. Je me sens bien et j’ai hâte de revenir. »

Cela dit, Bute a été incapable de donner une possible date de retour, lui qui a dû annuler un combat prévu contre Roberto Bolonti en décembre dernier en raison d’une blessure au dos. Il n’a également pas précisé s’il compte évoluer chez les super-moyens ou les mi-lourds.

Mis devant un fait accompli, le président d’InterBox Jean Bédard préfère quant à lui voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. C’est pourquoi il entend travailler de concert avec Haymon.

« Nous avons entendu toutes sortes de choses sur la façon dont Haymon mène ses activités, a reconnu Bédard. Mais je suis un gars très ouvert. Nous pouvons travailler ensemble. Tout est une question de confiance. Je comprends que le modèle est en train de changer. »

Étant donné que les meilleurs jours de Bute sont clairement derrière lui, il est évident que Bédard ne ferait pas de cas de l’association avec Haymon. Mais il y a fort à parier que la réaction ne sera pas la même si Jean Pascal faisait de même après une victoire aux dépens de Sergey Kovalev.