En battant Tavoris Cloud pour devenir à l’âge de 48 ans le nouveau champion des poids mi-lourds de la IBF, Bernard Hopkins a prouvé à quel point sa discipline de vie fait foi de tout.

Hopkins a toujours été extrêmement soucieux de sa nutrition et de son entraînement, et je suis convaincu qu’il est déjà de retour dans le gymnase moins de 48 heures à peine après son triomphe. Il a toujours été très obsédé par ces deux facettes de sa vie.

En plus de capacités physiques de Hopkins, il faut également retenir son intelligence dans le ring qui est tellement supérieure à la moyenne. Ce n’est pas nécessairement compliqué de se battre contre Cloud - un boxeur unidimensionnel -, mais Hopkins a néanmoins réussi les bons déplacements, explosé au bon moment et ralenti l’action quand il le fallait.

Dans ses combats précédents, Cloud lançait en moyenne 75 rounds par round, chose qu’il n’a faite qu’à une seule reprise samedi soir contre Hopkins. Il y a des rounds pendant lesquels l’ancien champion n’en a tenté que 20. Hopkins a réussi l’exploit de contrer Cloud en le faisant hésiter dans chacun de ses mouvements. Jamais nous ne reverrons cela de notre vivant!

Hopkins n’a jamais été considéré comme un boxeur aussi charismatique ou explosif qu’un autre grand de son époque : Roy Jones fils. À son meilleur, Jones était incomparable. Mais en raison de sa longévité, Hopkins a atteint des sommets inexplorés par ses contemporains. Ça le place donc dans une catégorie à part. Pour cette raison, son impact sera supérieur aux autres.

La prestation de Hopkins sur Cloud met plusieurs choses en perspectives et rehausse notamment les deux performances de Jean Pascal. Un match nul et une défaite par un point contre un Hopkins plus jeune donnent évidemment davantage de crédit à Pascal.

À la fin de son règne de champion incontesté des moyens, Hopkins sur les ondes des prestigieux réseaux américains HBO et Showtime en raison de la notoriété de ses adversaires Felix Trinidad et Oscar De La Hoya. Et lorsqu’il s’est battu contre Antonio Tarver, Kelly Pavlik et Pascal, Hopkins avait été obligé de s’expatrier. Samedi, il est devenu une grande étoile de la boxe américaine. Il y avait plus de 12 000 partisans réunis au Barclays Center pour le voir à l’œuvre!

Pour les mêmes raisons qu’il était détesté il y a 10 ans, Hopkins est maintenant louangé en raison de ses combats tactiques et de son génie. Les amateurs ont adoré le spectacle et Hopkins s’est définitivement trouvé un nouveau chez soi. Je suis convaincu que nous le reverrons plus jamais ailleurs.

Un dirigeant de HBO me disait justement que les cotes d’écoute du combat Hopkins-Cloud avaient été supérieures à la moyenne, alors que dans le passé, les duels mettant en vedette Hopkins faisaient fuir les téléspectateurs. D’être reconnu à sa juste valeur et un exploit plus grand que d’être redevenu champion à 48 ans pour Hopkins. C’est tout dire.

Le gala de samedi a également permis de voir à l’œuvre Keith Thurman, un boxeur qui sera une force dans la division des mi-moyens.

Thurman a encore des choses à améliorer, mais contre Jan Zaveck, il continuait à frapper avec beaucoup d’autorité et de vigueur même en fin de combat. Il sait boxer, se déplacer, répartir ses coups et finir en force. Définitivement à surveiller!

*Propos recueillis par Francis Paquin