"Je vois la lumière et elle brille pour moi." C'est la phrase qui risque de suivre Joachim Alcine jusqu'à la fin de sa carrière. Qui sait, elle pourrait même devenir la marotte des amateurs de boxe du Québec, l'équivalent de "ça sent la coupe" pour les partisans du Canadien.

Ces mots, ils ont été prononcés deux jours avant qu'Alcine ne remporte le championnat des super mi-moyens de la WBA aux dépens de l'Américain Travis Simms, le 7 juillet dernier, à Bridgeport, au Connecticut.

On rappelle l'anecdote: une semaine après une conférence téléphonique houleuse entre les deux boxeurs, Alcine se prépare à rencontrer Simms en personne pour la conférence de presse d'avant-combat. Dans le minibus du Groupe Yvon Michel, en route vers l'aréna de Bridgeport, il jure qu'il se tiendra tranquille cette fois.

Quelques minutes avant le début du point de presse, Simms se fait précéder d'un défilé de sous-fifres, effectuant ainsi une entrée bruyante et colorée.

A son tour au micro, jetant un coup d'oeil de l'autre côté de l'immense baie vitrée de l'aréna et constatant que le soleil tentait de poindre à travers les nuages, Alcine prend la balle au bond et y va d'une envolée oratoire dans le but de répondre du tac au tac.

"Mon temps de briller est venu et il (Simms) va le savoir samedi soir, lance Alcine, aussitôt houspillé par les partisans du champion en titre.

"Attendez! Je vois la lumière! La lumière qui brille là-bas!, leur répond-il en pointant à travers la vitrine. Cette lumière, elle brille pour moi, elle m'appartient!

"J'aime quand les gens parlent. Mais il n'y aura plus de paroles samedi. Ce sera le temps de se battre.

"Travis Simms, tu vas tomber parce que le champion, il est ici", conclut le Lavallois en se tapant la poitrine.

Alcine a tenu parole. Il a fait tomber Simms de son socle pour devenir champion, même s'il était en territoire ennemi.

Alcine n'a pas été le seul à voir la lumière en 2007. Celle-ci a brillé pour toute la boxe québécoise au cours de la dernière année.

A commencer par Lucian Bute, qui est devenu champion IBF des super-moyens, le 19 octobre, quand il a vaincu Alejandro Berrio au Centre Bell, pour ainsi ajouter le point d'exclamation tant attendu à la carrière fort prometteuse de la nouvelle figure de proue du groupe InterBox.

Si Bute et Alcine ont tous deux accédé au sommet en 2007, ils ont emprunté des chemins différents.

Alcine a triomphé de façon inattendue contre Simms, alors qu'il était affaibli par la maladie, mais aussi à l'occasion de sa première défense du titre, le 7 décembre, quand il est venu à bout d'Alfonso Mosquera en faisant le contraire de ce que son entraîneur Howard Grant lui avait demandé. Il a alors peiné pendant 12 rounds avant de réussir le K.-O.

Bute, lui, s'est rendu en ligne droite, ou presque, vers son objectif. Il a ainsi été récompensé pour le régime de spartiate qu'il s'est imposé depuis son arrivée au Québec.

Contre Berrio, le Roumain d'origine a décroché la ceinture de champion grâce à une performance qui n'a jamais laissé de doute sur l'issue du combat, comme il l'avait fait à ses affrontements précédents, jusqu'à son combat éliminatoire contre Sakio Bika, le 15 juin dernier. C'est d'ailleurs contre ce Bika que Bute a eu le plus de fil à retordre en 2007, alors qu'il a dû travailler fort pour renverser la vapeur contre un adversaire qui menaçait d'avoir le dessus sur lui.

Adrian Diaconu, chez les mi-lourds dans le WBC, et Herman Ngoudjo, chez les super-légers dans l'IBF, ont aussi remporté des combats éliminatoires en 2007, si bien qu'ils auront droit à leur combat de championnat respectif en 2008.

Diaconu a surpris Rico Hoye en deux ou trois mouvements lors du 3e round, le 9 mai, au Mel's Studio du Technoparc à Montréal. Il aurait normalement dû affronter le champion Chad Dawson en Californie en septembre, mais le combat a été reporté quand l'intimidant boxeur roumain s'est blessé à la main droite. InterBox a dû négocier serré avec le WBC pour que le Roumain d'origine conserve son statut d'aspirant obligatoire, qui devrait lui donner un combat de championnat en début d'année 2008.

Devenu l'aspirant obligatoire après une décision partagée aux dépens de Randall Bailey, le 8 juin, Ngoudjo sera le premier boxeur québécois à disputer un combat d'importance en 2008. Il affrontera le champion IBF Paul Malignaggi le 5 janvier à Atlantic City.

Quoique leurs chances de triompher étaient minces, deux autres boxeurs locaux ont disputé des combats de prestige en 2007, tous deux en Allemagne. Sébastien Demers a été arrêté dès le troisième round par Arthur Abraham, champion IBF des poids moyens, le 26 mai, tandis que Jean-François Bergeron a résisté pendant 12 rounds face au géant russe Nikolay Valuev, le 29 septembre, pour s'incliner par décision unanime face à l'ancien champion WBA des poids lourds.

Pendant ce temps, Jean Pascal s'immisçait parmi les 10 premiers chez les super-moyens dans les quatre principales organisations de boxe, si bien qu'il pourrait obtenir des combats significatifs à son tour en 2008.

Par ailleurs, en cette année du 10e anniversaire d'InterBox, le premier combat de Dave Hilton depuis sa sortie de prison - son premier en six ans - a permis de rappeler à quel point l'arrivée d'InterBox, puis de GYM, a fait progresser la boxe locale. A peine 1500 spectateurs ont assisté à la victoire par décision de Hilton contre Adam Green, le 1er mai à l'aréna Maurice-Richard, et les plans de Régis Lévesque pour d'autres combats avec l'ancien champion du monde sont restées lettre morte.

Le beau-frère de Hilton, Arturo Gatti, a annoncé sa retraite le 14 juillet, après avoir subi une défaite par K.-O. contre Alfonso Gomez. Une retraite que plusieurs souhaitaient depuis un bon moment au boxeur d'origine montréalaise, souvent malmené durant sa carrière.

En début d'année, le 6 janvier, l'ancien champion Yvon Durelle, un boxeur des Maritimes qui a rempli le Forum dans les années 1950, est décédé à l'âge de 77 ans.