MONTRÉAL - Yuriorkis Gamboa est pratiquement passé inaperçu à travers le tumulte qui a marqué le début de son séjour à Montréal.

On est monté aux barricades pour protester contre l’exclusion possible de David Lemieux. On s’est enflammé en apprenant le sacrifice d’Eleider Alvarez. On s’est abreuvé des paroles d’Adonis Stevenson et apprécié sa petite prise de bec avec Chad Dawson lors de la pesée officielle.

Pendant ce temps se préparait calmement un ancien – et futur - champion du monde.

Samedi soir, Gamboa s’est finalement occupé des présentations avec le public québécois, mais on ne peut pas dire qu’il repartira avec une horde de nouveaux admirateurs. Le spectaculaire Cubain a laissé la foule du Centre Bell sur son appétit, mais a néanmoins réussi ses débuts chez les poids légers en enlevant le titre intérimaire de la WBA face au Colombien Darley Perez.

À défaut de tout emporter sur son passage, le Cyclone de Guantanamo a convaincu le panel de juges, qui ont remis deux cartes de 116-111 et une autre de 115-112.

Bien en contrôle du centre du ring, Gamboa a allumé les premiers pétards au milieu du deuxième round, donnant un aperçu de la fluidité éclair des mains qui lui avaient permis de terminer 16 de ses 22 combats précédents avant la limite.

Après s’être ouvert à quelques mains gauches inoffensives au troisième, le pugiliste de 31 ans a de nouveau ouvert la machine au quatrième. Efficacité inégale, mais au volume, Perez n’a pu faire autrement que de laisser pénétrer quelques salves.

Les mécontents ont commencé à se charger de l’ambiance à mi-chemin dans le combat, enveloppant de huées une enceinte qui entretenait de plus grandes attentes envers le médaillé d’or des Jeux olympiques d’Athènes.

Gamboa a passé les neuvième et dixième rounds à danser autour de Perez, qui a réveillé l’auditoire avec de brefs et trop rares passages à l’offensive.

Au onzième, les plus bruyantes marques d’appréciation sont parvenues des gradins lorsque Gamboa a perdu pied et s’est retrouvé le derrière sur la surface écarlate de l’arène, non sans toutefois avoir reçu une bonne gauche sur le museau au préalable.

Le verdict final a été reçu dans l’indifférence totale d’une foule qui s’attendait à mieux.

Quatre des six derniers combats de Gamboa ont atteint la limite.

Perez (28-1, 19 K.-O.) a subi la première défaite de sa carrière professionnelle. 

Lemieux (29-2, 28 K.-O.) n’a pas laissé ses combats atteindre le troisième round depuis qu’il a retrouvé le droit chemin après ses défaites successives face à Marco Antonio Rubio et Joachim Alcine. 

Un autre cobaye pour l’expérience Lemieux

Robert Swierzbinski n’était jamais sorti de la Pologne pour pratiquer son art avant de se frotter à David Lemieux.

Le résultat de son voyage à Montréal était prévisible. Espérons qu’il en gardera tout de même de bons souvenirs.

La plus récente proie livrée en pâture à Lemieux est tombée trois fois en 141 secondes, la dernière confirmant la quatrième victoire de suite du prometteur protégé de GYM.

David LemieuxLemieux (29-2, 28 K.-O.) n’a pas laissé ses combats atteindre le troisième round depuis qu’il a retrouvé le droit chemin après ses défaites successives face à Marco Antonio Rubio et Joachim Alcine. 

Swierzbinski a fait face avec bravoure à une mort annoncée, mais même les coups qui atteignaient sa garde le faisaient reculer de quelques pas.

« Je l’ai ébranlé avec un coup dans les gants, mais je ne suis évidemment pas à sa place pour juger la force de mes coups, a commenté Lemieux après sa victoire. J’ai aimé la vitesse avec laquelle j’ai frappé et encore plus la façon dont j’explosais. À vrai dire, je suis très fier de moi. Mon adversaire n’était jamais allé au tapis et il était là pour se battre. »

« Ç’a commencé vraiment fort, mais c’était important de bien rétablir le jab. J’aurais évidemment aimé que le combat soit plus long, mais nous n’y pouvons rien », a ajouté l’entraîneur Marc Ramsay.

Victime de sa propre force, Lemieux n’a pas eu l’occasion de mettre à l’épreuve la solidité de sa main droite, d’abord amochée dans un élan de frustration après sa défaite contre Alcine et dont l’état s’était aggravé lors de sa victoire contre Albert Ayrapetyan en décembre.

« Je n’ai donné qu’une droite pendant tout le combat, mais je l’avais testé en masse dans le gymnase. Ç’a super bien été et j’ai déjà hâte de retourner dans le ring », a conclu Lemieux.

Bence a le dernier mot sur Barrak

Une fois dans l’arène, les gros mots ont cédé la place à quelques coups salauds entre Éric Barrak et Didier Bence. Au final, la puissance du premier n’aura jamais pesé dans la balance contre la vitesse du deuxième.

Éric Barrak et Didier Bence

Bence est demeuré invaincu tout en infligeant à Barrak la première défaite de sa carrière dans le seul duel de poids lourds de la carte. « Big Daddy » a décroché le troisième K.-O. de sa carrière à 1:55 du cinquième round.

Tout juste averti pour un deuxième coup en bas de la ceinture, Bence (9-0) a lancé un crochet au corps que Barrak a jugé limite, mais le temps que le département des plaintes ne reçoive les doléances du colosse de Longueuil, une solide gauche l’avait déjà envoyé sentir le tapis pour la deuxième et dernière fois du combat.

Barrak, qui avait été pénalisé d’un point pour un coup de tête au début de la cinquième reprise, goûte à la défaite pour la première fois en huit combats. Six de ses victoires avaient été acquises par K.-O., mais jamais il n’est passé près d’ébranler l’ancien champion canadien, de dix ans son cadet.

Bence a donné le ton avec son jab dès la première cloche, a décoché ses premières bonnes mains arrières au deuxième et s’est davantage imposé en combinaisons à partir de l’assaut suivant. Une droite au menton suivie d’une gauche au corps lui ont permis d’envoyer Barrak au plancher pour une première fois au troisième round, que l’éventuel perdant a terminé avec du sang sous le nez. 

Des débuts réussis pour Beterbiev

Un simple coup d’œil à la fiche de Christian Cruz suffisait pour comprendre qu’on ne l’avait pas fait venir à Montréal pour assurer le spectacle.

Artur Beterbiev

Cruz s’est avéré une rampe de lancement parfaite pour la carrière d’Artur Beterbiev, cette récente trouvaille du Groupe Yvon Michel qui a réussi ses débuts professionnels avec une victoire par K.-O. technique au deuxième round d’un combat prévu pour quatre. Devant la douloureuse domination du Russe, un ancien champion du monde amateur de 28 ans, les hommes de coin de Cruz ont lancé la serviette après sa deuxième chute au tapis du deuxième assaut.

Cruz (12-15-1, 10 K.-O), qui s’était rendu au 12e round contre Lucian Bute en 2005 et au dixième face à Jean Pascal deux ans plus tard, a subi une onzième défaite de suite.

« Il était très nerveux pendant le premier round, c’était son premier combat depuis les Jeux olympiques de Londres, a confié Ramsay, qui a pris Beterbiev sous son aile. Mais dès qu’il a pris le contrôle, on sentait que Cruz avait mal chaque fois qu’il recevait un jab. Je ne serais pas surpris qu’il ait subi une fracture de l’os orbital à sa deuxième chute au plancher. » 

Pour l’instant, Beterbiev rejoindra sa famille en vacances en Turquie avant de retourner en Tchétchénie.

« Ça fait quand même trois mois qu’il s’entraîne ici. Il devrait effectuer son retour en septembre sur notre prochaine carte », a spécifié Ramsay. 

Bouchard unanimement

Francesco Cotroni et Sébastien Bouchard

Après la victoire expéditive de Lemieux, Sébastien Bouchard a dû attendre la décision des juges avant de savourer son septième triomphe en autant de sorties chez les professionnels.

Bouchard, de Baie-St-Paul, a défait Francesco Cotroni dans un duel de super mi-moyens de six rounds. Deux juges ont remis une carte de 59-55 tandis que le troisième l’a avantagé par un score de 58-56.

Cotroni a essuyé un deuxième revers en neuf combats. 

Auriez-vous préféré Eleider?

Dans le duel mal-aimé de la soirée, Jose Pedraza a gardé sa fiche parfaite intacte en disposant plutôt facilement de Sergio Villanueva.

Sergio Villanueva et Jose PedrazaPedraza (13-0, 9 K.-O.) a forcé le clan de son rival à abandonner après que Villanueva eut entendu son deuxième compte de huit du septième round à 2:59. Le coup de grâce sera venu sous la forme d’un crochet de la droite au corps qui a fait plier les jambes du Mexicain.Villanueva (25-3-2, 13 K.-O.) avait aussi visité le tapis au cinquième round. À son premier combat à l’extérieur de son pays natal, il a subi sa première défaite en quatre combats.

Pedraza, un Portoricain de 24 ans, s’est acquitté d’une troisième mission consécutive avant la limite.

En raison des exigences du télédiffuseur HBO, la tenue de ce combat avait forcé le promoteur Yvon Michel à rayer de la carte à la dernière minute le choc entre sa vedette montante Eleider Alvarez et le vétéran Allan Green.