Yordenis Ugas est passé par toute la gamme des émotions, lundi, alors qu’il peaufinait les derniers détails de son combat prévu contre Fabian Maidana le 21 août prochain à Las Vegas.

Devant être présenté en demi-finale du gala mettant en vedette Manny Pacquiao et Errol Spence fils, l’affrontement entre le super champion des poids mi-moyens de la WBA et son aspirant a été annulé après que Maidana et subi une blessure pendant une séance de sparring.

Déçu de la tournure des événements, le boxeur cubain a appris au même moment que Spence devait aussi déclarer forfait à cause du déchirement de la rétine d’un œil. Il y avait évidemment une occasion en or et le médaillé de bronze des Jeux de Pékin en 2008 n’allait pas la manquer.

C’est ainsi qu’Ugas (26-4, 12 K.-O.) se mesurera à Pacquiao (62-7-2, 39 K.-O.) dans 10 jours au T-Mobile Arena, en finale d’un événement présenté à la télévision à la carte. Pour le pugiliste âgé de 35 ans, il s’agira d’une forme de consécration après une carrière marquée de hauts et de bas.

« Je ne me suis jamais battu pour l’argent, mais plutôt pour le genre d’héritage que je souhaite laisser dans le monde de la boxe, a affirmé Ugas au cours d’une visioconférence tenue mercredi. Il n’y a aucun doute que c’est mon combat le plus significatif depuis le début de ma carrière. »

De son propre aveu, Ugas était loin de s’imaginer qu’il partagerait un jour l’arène avec Pacquiao quand il a décidé de s’accorder une pause de deux ans à la suite d’une série de défaites crève-cœur face à Emanuel Robles et Amir Iman en 2014. Le Cubain avait renoncé à ce rêve qu’il avait.

« À ce moment-là, j’ai décidé de me concentrer sur ma famille, ce qui était vraiment la chose la plus importante à faire, a avoué Ugas. Ça serait mentir que de dire que je pensais à affronter Pacquiao pendant cette période. Mais depuis mon retour, j’y ai toutefois pensé constamment. »

Après avoir fait défection vers les États-Unis, Ugas a amorcé sa carrière professionnelle en juillet 2010 et a remporté ses 11 premiers combats jusqu’à ce qu’il s’incline contre l’espoir invaincu Johnny Garcia en mars 2012. Il a ensuite retrouvé le chemin de la victoire jusqu’à ce que Robles – par décision partagée des juges – et Iman – par décision unanime – ne lui infligent des revers.

À son retour en octobre 2016, Ugas a été opposé à un espoir invaincu – Jamal James –, et a joué les trouble-fêtes l’emportant par décision unanime. Il a ensuite refait le coup six semaines plus tard en surprenant Bryan Perrella par arrêt de l’arbitre au quatrième round. Et il a enchaîné les victoires contre Thomas Dulorme, Ray Robison et finalement Cesar Miguel Barrioneuva pour devenir aspirant obligatoire à Shawn Porter. Il a réussi à pousser le champion du WBC dans ses derniers retranchements en mars 2019, sauf qu’il a dû s’avouer vaincu par décision partagée.

Mais encore une fois, Ugas s’est relevé en battant Omar Figueroa fils, Mike Dallas fils et Abel Ramos pour finalement s’emparer d’une ceinture mondiale, celle « régulière » des mi-moyens de la WBA. Il y a quelque mois, Ugas a été élevé au rang de super champion et c’est ce titre qu’il défendra le 21 août. Sans véritable surprise, il est le négligé des preneurs aux livres à 3-contre-1.

« Je sais pertinemment que Pacquiao est le favori, mais il ne faudrait jamais oublier que je suis champion du monde, a rappelé Ugas. J’ai surmonté tellement d’adversité depuis le début de ma carrière et j’ai battu de très bons boxeurs. J’ai une très, très grande confiance en mes moyens.

« Et c’est loin d’être la première fois que j’accepte un combat à la dernière minute. Avec ma grande expérience, je sais tout ce que je dois faire pour réussir à m’adapter à mon adversaire. »

Si la dernière sortie d’Ugas remonte à un tout petit peu moins d’un an, la dernière de Pacquiao date de plus de deux ans face à Keith Thurman. Le Philippin était à ce moment-là devenu le plus vieux champion de l’histoire des mi-moyens à 40 ans. Il pourrait battre son record le 21 août.

« Honnêtement, toutes ces histoires de ceintures m’importent peu, a répondu Pacquiao. Je suis juste content qu’Ugas soit là et prêt à se battre. Je suis déçu de ne pas affronter Spence, mais je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement, car la santé est plus importante que tout.

« Je me suis entraîné extrêmement fort en vue d’affronter Spence, mais tout cet entraînement n’est évidemment pas perdu. Je vais montrer à tout le monde à quel point j’ai travaillé fort et je ne pense pas que j’aurai de difficulté à m’adapter. Je suis juste content de pouvoir me battre. »

Si Pacquiao et plusieurs de ses admirateurs n’ont pas caché leur regret à la suite de l’annonce du forfait de Spence, ils ne devraient pas commettre l’erreur de considérer Ugas comme un mince prix de consolation. Le Cubain a mainte fois démontré qu’il ne faut pas le prendre à la légère.