MONTREAL - Une ovation debout a fait écho aux années de gloire de l'ancien champion de boxe Arturo Gatti, lundi, en l'église Notre-Dame-de-la-Défense, dans la Petite-Italie à Montréal, alors qu'on a présenté à ses proches une ceinture honorifique du World Boxing Council (WBC).

Les applaudissements nourris ont repris de plus belle, au terme de la cérémonie, quand le cercueil, dans lequel avaient été glissés ses gants de boxe, a été replacé dans le corbillard qui devait conduire Gatti à son dernier repos au Cimetière de Laval, sur le rang du Bas-Saint-François. Visiblement fière de cet accueil du public, la mère de Gatti, Ida, a tenu bien haut cette ceinture de champion.

Ces acclamations tranchaient avec le silence solennel qui régnait à l'arrivée du cercueil à l'église. Le respect était presque tangible quand les porteurs y sont entrés, peu avant 11h00.

Plus d'un millier de personnes ont assisté aux funérailles, qui se sont déroulées en français, en anglais et en italien. Et on tentait toujours de dénicher quelques places supplémentaires pour les membres du public qui attendaient dehors alors qu'avait déjà débuté la cérémonie. Plusieurs dizaines de personnes ont néanmoins dû rester à l'extérieur.

Quelque 800 personnes peuvent normalement prendre place à l'église Notre-Dame-de-la-Défense. Lundi, toutes les places assises étaient prises et des dizaines de personnes étaient restées debout à l'arrière et sur les côtés.

Le célébrant, le père Jacques du Plouy, a affirmé que Gatti avait fait son entrée au paradis.

"Le coeur d'Arturo, comme celui de chacun d'entre nous, désire aimer, désire se donner pour l'autre, désire, oui, se battre, mais se battre pour quelque chose de grand, pour sa famille, pour ses amis, pour son pays", a dit le prêtre, un ami de la famille.

Parmi les personnalités présentes aux obsèques figuraient des grands de la boxe que sont Micky Ward, Lucian Bute, Joachim Alcine et Victor Salvatore, ainsi que le promoteur Yvon Michel.

"C'est malheureux, a déclaré Ward après la cérémonie. Il était tout simplement trop jeune pour que ça lui arrive. C'est un jour bien triste."

"Il n'en existera plus comme ça, a dit pour sa part Yvon Michel. Parce qu'il donnait tellement tout ce qu'il avait qu'aujourd'hui, la majorité des combats seraient arrêtés avant qu'il ait la chance de revenir de l'enfer."

"Quand il entrait dans le ring, il était prêt à y mourir, a confirmé Alcine. Beaucoup de boxeurs ne comprennent pas ça. C'était un vrai guerrier."

Tous ont salué son charisme, sa bonne humeur et sa générosité, et personne ne semblait croire à l'hypothèse du suicide, qui a été soulevée en fin de semaine dernière.

"Les gens disent tout le temps 'il aimait la vie', mais lui, il AIMAIT la vie", a insisté son ami Pasquale Procopio.

Gatti a été découvert sans vie le samedi 11 juillet dans un appartement qu'il avait loué avec son épouse, Amanda Rodrigues, dans la station balnéaire de Porto de Galinhas, au Brésil. Il était âgé de 37 ans.

Rodrigues a été arrêtée et pourrait être accusée d'avoir étranglé Gatti à l'aide de la courroie de son sac à main alors qu'il était endormi et vraisemblablement ivre. Aucune accusation n'a encore été déposée contre elle, et Rodrigues continue de clamer son innocence.

Un quotidien du Brésil a par ailleurs affirmé samedi que la thèse du suicide n'avait toujours pas été écartée.

Surnommé "Thunder", Gatti est né le 15 avril 1972 en Italie mais a été élevé à Montréal. Entre les câbles, il a connu une flamboyante carrière au point de devenir l'une des têtes d'affiche du réseau américain HBO. Il a éventuellement été couronné champion du monde des super plumes de l'IBF entre 1995 et 1998, puis des super légers du WBC entre 2004 et 2005.

En 2002 et 2003, Gatti a été impliqué dans trois des combats les plus spectaculaires de l'histoire de la boxe, chaque fois contre l'Irlandais Micky Ward. Gatti a perdu le premier duel mais remporté les deux suivants.