MONTRÉAL - Les changements d'entraîneur permettent souvent de donner un second souffle à la destinée d'une équipe ou d'un athlète, mais ils peuvent également avoir l'effet contraire.

C'est pourquoi Marc Ramsay s'est assuré de ne pas trop bouleverser le quotidien de David Lemieux, après que ce dernier eut mis fin à une association de près d'une quinzaine d'années avec son ancien gérant et entraîneur Russ Anber.

« Ça peut être un véritable couteau à double tranchant », a reconnu Ramsay, lundi matin. « Surtout si le nouvel entraîneur arrive avec ses gros sabots et essaie de changer trop de choses dès le premier entraînement. »

« Mais je connais David depuis plusieurs années et je suis le même genre d'entraîneur que Russ. La transition s'est faite beaucoup plus en douceur. »

Ramsay n'entend pas du tout changer le style de Lemieux. Au contraire, il souhaite simplement que leur nouvelle collaboration permettra au jeune cogneur âgé de 22 ans de voir les choses d'une autre façon.

« Russ a fait un job super, David a bien été éduqué sur le plan pugilistique », explique Ramsay. « L'idée, c'est d'aborder les combats différemment. Et jusqu'à maintenant, il répond très bien. Il démontre beaucoup d'intensité à l'entraînement. »

Pour sa préparation en vue de son duel contre Joachim Alcine, Lemieux aura deux très bonnes cartes cachées dans sa manche. Ramsay a déjà été dans le coin de l'ancien champion des poids super-mi-moyens de la WBA à ses débuts, tandis que Jean Pascal sera l'un de ses partenaires d'entraînement.

« Ça peut être un avantage d'avoir entraîné l'adversaire, si on sait s'en servir », relativise Ramsay. « On connaît l'adversaire de façon plus complète, ça permet de peaufiner la stratégie. »

« Jean possède les habiletés défensives et la vitesse de Joachim, il sera un atout majeur dans l'équipe. Mais Jean est surtout un champion et ce ne peut être qu'un environnement favorable pour David. »

Des exemples de résilience

En côtoyant Pascal et les nombreux autres boxeurs qu'il entraîne, Ramsay espère que Lemieux réalisera qu'il n'a pas tout perdu à la suite de sa défaite contre Marco Antonio Rubio en combat éliminatoire.

Pascal est devenu champion du monde après s'être incliné devant Carl Froch en décembre 2008, tandis qu'Antonin Décarie a remporté ses deux derniers duels depuis qu'il a mordu la poussière face à Souleymane M'baye en avril 2010.

« C'est très important qu'un boxeur tire des conclusions d'une défaite afin de ne pas rester accroché au résultat », mentionne Ramsay. Jean avait été piqué, car il se savait plus talentueux que Froch. Il savait également que nous étions tout près de notre objectif à ce moment-là. »

« Jean ne s'est pas découragé. Il a travaillé fort et ç'a été payant. Dès le début, je voulais que David baigne dans cette atmosphère positive. C'est incroyable à quel point tout le monde lui donne un coup de main au niveau psychologique. »

Le promoteur Yvon Michel est du même avis, mais il ne cache pas qu'il appréhende la possibilité qu'Alcine soit en mesure de résister aux frappes de Lemieux, comme Rubio l'avait si bien fait.

« Plusieurs personnes questionnent la solidité de la mâchoire de Joachim, mais regardez ses défaites, elles ont toutes été subies contre de gros cogneurs », fait remarquer Michel. « Et il a été capable de se protéger face à Javier Alberto Mamani et Travis Simms. »

« Dans le fond, j'aimerais que le combat se rende à la limite afin que David démontre qu'il est acharné. Lui donner Alcine, c'est une preuve que nous avons énormément confiance en ses moyens. »

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