Évidemment la défaite de Joachim Alcine aux mains de Daniel Santos vendredi est cruelle mais ce n'est pas aussi dramatique qu'on pourrait le croire. À la boxe, on ne peut pas gagner tout le temps.

La boxe est un art brutal et cruel également. Tout peut se jouer d'un seul coup de poing et faire la différence entre être le champion du monde et rester un aspirant.

J'ai parlé à Joachim samedi matin. Il a décidé de changer d'air durant quelques jours et partir avec sa famille. J'ai senti beaucoup d'enthousiasme dans sa voix. Il m'a assuré qu'il n'avait pas de maux de tête ou de blessure en précisant qu'il avait l'intention de retourner au gymnase et de remonter les classements.

Joachim était bien préparé et sa stratégie était bonne. Vous savez, il n'a pas manqué d'assurance et il n'a pas été déclassé. Il a simplement été victime d'un coup. Santos avait fait ses devoirs et il était arrivé à Montréal bien préparé. Je ne connais pas beaucoup de boxeurs qui auraient résisté à son attaque à la sixième reprise. Pesonnellement, j'étais très content où Joachim était rendu dans le combat au moment de subir le KO.

D'ailleurs, on constatait un changement de stratégie chez Santos, qui se portait moins en attaque et qui se déplaçait beaucoup plus.

On m'a demandé si le résultat du combat ne prouvait pas que Joachim n'avait pas une bonne mâchoire. Moi, je pense que Joachim n'avait simplement pas la mâchoire pour faire face à la puissance du coup de Santos à la sixième reprise.

Son histoire n'est pas terminée

Joachim n'a pas fini d'écrire son histoire dans le monde de la boxe. Les boxeurs sont aussi jugés sur la façon qu'ils reviennent après une défaite. Daniel Santos s'est déjà fait passer le KO et ça ne l'a pas empêché d'être champion du monde trois fois. Otis Grant a déjà été mis KO en championnat nord-américain et il a plus tard remporté une couronne mondiale. Même chose pour Éric Lucas.

Toutefois, si sa carrière se terminait maintenant, on dirait que son règne a été court et peu convaincant. C'est maintenant à lui de démontrer de quelle étoffe il est fait. Il a quand même été champion du monde même si certains disent qu'il n'a pas battu un vrai champion en Travis Simms ou qu'il n'a pas été convaincant contre Alfonso Mosquera. Depuis un an, Joachim a eu un gros impact sur la boxe au Québec, sur notre organisation et il aidé les boxeurs de notre écurie à progresser. Il est arrivé comme champion du monde à un moment déterminant pour GYM et nous lui en sommes très reconnaissants.

Il n'y avait pas de clause de combat revanche, advenant une défaite contre Santos. Joachim, je pense, voudra poursuivra sa carrière mais il devra se mettre dans la tête qu'il n'est plus champion. Il faudra qu'il redevienne aussi actif et affamé que l'année qui a précédé son couronnement. Je regardais l'aspirant numéro deux Alex Bunema vendredi et je n'aurais aucune crainte à l'affronter à Joachim.

Il devra reprendre sa place dans les classements comme d'autres l'ont fait avant lui. L'objectif sera de faire de Joachim, un aspirant obligatoire parce que je suis convaincu qu'aucun champion ne voudra courir le risque de monter sur le ring contre un ancien champion. Il représente un gros risque pour un combat optionnel. Puis, d'un autre côté, Joachim n'est pas le meilleur vendeur aux yeux des réseaux spécialisés américains. Il est moins alléchant.

S'il veut se battre à nouveau en championnat du monde, ce sera par la voie des classements. Il doit donc redevenir aspirant obligatoire. On voudrait que Joachim remonte dans un ring cet automne.

Peu de conséquences pour GYM

On n'a plus de champion du monde mais on a des aspirants. À court terme, ça ne change rien. Si Joachim était demeuré champion, on avait déjà des plans pour lui, mais maintenant, il faut retourner à la table à dessin. Les revenus qu'il a générés et la visibilité qu'il a amenée sur notre organisation ont permis à d'autres boxeurs de se développer. À nous d'avoir des assises plus solides.

On a une très belle écurie avec les Jean Pascal, Sébastien Demers, Hermann Ngoudjo, Olivier Luntchi et Adonis Stevenson. Il y a aussi des jeunes qui poussent comme Dierry Jean, Antonin Décarie et David Lemieux notamment.

Je profite de cette tribune pour remercier tous les spectateurs qui étaient sur place vendredi. Ils étaient plus de 11 000 au Stade Uniprix. C'était écoeurant tellement il y avait une ambiance extraordinaire. C'est notre événement en plein air qui a eu le plus de succès.

propos recueillis par Robert Latendresse