Il est toujours délicat de spéculer sur l’avenir d’un boxeur alors que la poussière n’est pas encore complètement retombée après une défaite.

C’est d’autant plus vrai dans le cas de David Lemieux, étant donné qu’à peu près tout le monde s’interroge sur son avenir depuis qu’il a été singulièrement battu par David Benavidez, samedi soir à Glendale en Arizona, dans un combat pour le titre intérimaire des poids super-moyens du WBC.

À son premier affrontement contre un véritable membre de l’élite mondiale dans la catégorie de poids qu’il avait adoptée il y a deux ans et demi, le Québécois a été dominé à tous les chapitres, son entraîneur Marc Ramsay jetant l’éponge à 1 minute 31 secondes seulement du 3e round.

Lemieux devra réfléchir avec son équipe

En entrevue mercredi au 5 à 7, Ramsay a mentionné qu’il avait déjà son idée quant à la suite des choses, mais qu’il ne souhaitait pas la partager publiquement avant de l’avoir d’abord fait avec son protégé ainsi que tous les membres de l’équipe qui entoure Lemieux. L’entraîneur a ajouté que l’ancien champion des moyens de l’IBF avait fort probablement déjà statué sur son avenir.

Et aux yeux de deux intervenants de la boxe québécoise interrogés par RDS.ca au cours des dernières heures, il apparaît clair que Ramsay recommandera à Lemieux d’accrocher ses gants.

« Marc est un homme extrêmement lucide. Il a vu comme tout le monde que les récentes performances de Lemieux sont loin d’être éclatantes, a dit le premier intervenant qui a requis l’anonymat afin de ne pas nuire à ses bonnes relations avec le clan Lemieux. Il a été impliqué dans une guerre avec un gars (Maksym Bursark) qu’il aurait dû battre et Francy Ntetu l’a envoyé au tapis. La chute n’avait pas été comptabilisée, mais c’est ça qui est quand même survenu. »

« Si [son promoteur] Camille [Estephan] l’aime autant qu’il le dit, il doit absolument lui dire de se retirer, a ajouté le deuxième intervenant qui a également exigé l’anonymat afin de pouvoir s’exprimer librement sur le sujet. Il a connu une belle carrière et empoché quelques bonnes bourses. Mais plus important encore, il est père de trois enfants. C’est le temps de se retirer. »

Dans les minutes qui ont suivi le revers de Lemieux, Ramsay avait d’ailleurs rapidement reconnu que son protégé était dans une impasse. Incapable de respecter la limite de 160 livres, il n’était pas en mesure de véritablement rivaliser avec l’élite à 168 livres. Ramsay a même lancé à la blague que la différence de gabarit entre Lemieux et Benavidez était perceptible sur les affiches faisant la promotion du combat qui a été télédiffusé aux États-Unis sur les ondes de Showtime.

« À la pesée, la différence était juste énorme, a corroboré le premier intervenant. Le soir du combat, Benavidez devait faire 15 à 20 livres de plus que Lemieux. Dès le départ, c’était clair que les coups de Lemieux n’avaient aucun effet sur Benavidez. Le combat était déjà fini même s’il était à peine commencé. Benavidez était trop gros, trop fort, trop rapide... Il était trop tout. »

Au-delà du fait que tout le monde s’entend sur le fait que Lemieux n’a pratiquement aucune chance de vaincre l’élite des super-moyens, les deux intervenants suggèrent que le Québécois pourrait ultimement mettre sa santé en danger en continuant d’évoluer dans cette catégorie.

« Lemieux est un boxeur spectaculaire et c’est exactement ce que recherche l’industrie. De plus, c’est un ancien champion du monde. Il a un nom, a rappelé le premier intervenant. Le problème, c’est que Lemieux ne possède pas une défense particulièrement étanche et c’est un boxeur qui échange coup pour coup. Contre des gars plus grands et plus gros que lui, ça ne pardonne pas.

« Lemieux a accompli plusieurs grandes choses dans le monde de la boxe, mais il est rendu à 48 combats pros. Il est usé. Ses mains sont maganées, il a pris des coups. La facture est rentrée... »

« Lemieux a passé plusieurs années dans le top-10 mondial et très peu de boxeurs québécois peuvent se vanter d’un tel exploit, a continué le deuxième intervenant. Mais à 168 livres, il est juste beaucoup trop petit. Sa force de frappe ne s’est malheureusement pas transposée et comme sa défense est plutôt limitée, je réitère que le moment est vraiment venu de se retirer. »

La réaction de dégoût de Lemieux après l’arrêt des hostilités samedi soir ont prouvé que son entourage aura fort à faire pour le convaincre d’arrêter – maintenant ou dans un avenir rapproché –, car la boxe est malheureusement un sport qui accueillera toujours les siens à bras ouverts.