Sa bonne bouille et son éternel sourire collent bien à son surnom de combattant, « Bon Gamin ». Mais pour devenir champion du monde des lourds de l'UFC, c'est bien sur son physique hors norme que s'appuiera Ciryl Gane, porte-drapeau en France des arts martiaux mixtes et vedette mondiale en devenir.

Il n'a fallu que sept combats au natif de La-Roche-Sur-Yon (ouest), pour se hisser à 31 ans aux portes du titre suprême détenu par le Camerounais Francis Ngannou. Il y a seulement deux ans, Gane découvrait avec de grands yeux les fastes de la plus prestigieuse ligue d'arts martiaux mixtes et ses combats hautement spectaculaires disputés dans une cage.

Aujourd'hui, après avoir décroché une ceinture de champion par intérim le 7 août, il en est déjà l'une des figures les plus en vue.   

Le personnage détonne pourtant dans le paysage. Loin de l'exubérance et des grandes gueules qui peuplent la discipline, Gane dégage une force tranquille, voix posée et calme. Son surnom, « bon gamin », résume le caractère du Français, dans un milieu où dominent les pseudonymes plus inquiétants.

« Cela peut sembler bizarre de voir un combattant s'appeler comme ça, mais c'est arrivé très naturellement, explique Gane. C'est le nom d'un collectif d'amis qui font du rap et je l'avais tatoué sur la cuisse. J'arrive toujours à la salle avec la musique, je danse, je rigole. Bon gamin, c'est un état d'esprit, une joie de vivre, une façon de rester jeune. C'est faire ce que l'on a envie de faire. »

Surdoué

Mais le colosse (1,96 m, 112 kg) est surtout un surdoué du sport qui s'est arrêté aux portes des détections de jeunes en football et en basketball. Arrivé à Paris à 19 ans pour suivre un cursus en management des unités commerciales, il enchaîne les petits boulots avant de s'essayer à la boxe thaïlandaise à 24 ans sur les conseils d'un ami. En trois saisons, il reste invaincu en 13 sorties professionnelles.

Le passage aux arts martiaux mixtes se fera également par hasard mais l'ascension est encore plus fulgurante. Sa rencontre avec Fernand Lopez, l'entraîneur le plus réputé en France et patron de la MMA Factory, s'avère décisive. Il toque à la porte du club pour y être « sparring-partner » mais il ne le restera pas longtemps. Après des débuts en 2018 dans une organisation mineure (TKO), il lui suffit de deux combats pour taper dans l'oeil des recruteurs de l'UFC qu'il intègre au bout d'un an seulement de pratique du MMA. 

« Ce qui m'a tout de suite marqué c'est sa simplicité, raconte Lopez. La première fois que l'on s'est rencontré, il était très avenant, gentil et il m'a dit qu'il était poids lourd. Or, moi je le trouvais maigre. Puis il m'a dit qu'il allait bientôt affronter Brice Guidon, une pointure du muay thaï. Là je me suis dis qu'il était mytho, qu'il allait se faire torcher. La semaine d'après (...) il l'avait mis K.-O. au 2e round. »

« Détachement »

« Il avait déjà beaucoup de qualités requises pour le MMA. Il a une intelligence du combat, il résout les problèmes très rapidement. Et dans la vie, il a ce détachement qui lui permet de faire de bons choix », ajoute le technicien. 

Comme celui d'opter pour l'UFC rapidement en 2019 alors qu'une ligue concurrente lui offrait une bourse bien plus conséquente.

« Je lui ai dit 'va à l'UFC. Tu ne seras pas riche tout de suite, mais à coup sûr tu seras riche'. Il m'a fait confiance », se rappelle Fernand Lopez. 

Lancé dans l'aventure des sports de combat avant tout « pour faire des sous et subvenir aux besoins de (s)a famille », Gane n'imaginait pas monter les échelons aussi vite. 

« Mon but premier était de faire une carrière, sans prétendre aller au top, explique-t-il. Être un combattant moyen à l'UFC, ça me convenait déjà très bien au départ, tant que ça faisait rentrer de l'argent pour vivre. Mais ça s'est passé bien mieux que ce que l'on espérait. Quand j'ai commencé la boxe thaï, je touchais environ 3000 euros par combat et j'étais content. Aujourd'hui, on a multiplié par 100. »

Les montants devraient encore grimper en cas d'affrontement avec Ngannou, lui aussi issu de la MMA Factory avant de se brouiller avec Fernand Lopez. 

« Il y aura de l'engouement, de l'excitation autour de ce combat, j'ai hâte, affirme-t-il. Je sais que l'UFC travaille pour que ça se passe en France. Si ça se fait, ce serait l'événement parfait pour lancer l'UFC ici. »