« Pis? Y’es-tu bon finalement, Donald Brashear? »

Aucune idée. Et pourtant, je n’ai pas manqué un seul instant de son premier combat en arts martiaux mixtes.

Vingt-et-une secondes. C’est tout le temps que Brashear aura laissé à ses plus ardents supporteurs pour apprécier ses premiers pas en MMA et à ses détracteurs pour se convaincre de changer leur fusil d’épaule.

Évidemment, Brashear n’est pas à blâmer pour un combat qui s’est terminé en moins de temps qu’il n’en faut pour épeler le nom de son adversaire. Les guerres de quinze minutes, c’est bon pour le spectacle, mais je n’ai pas encore rencontré de combattant qui cracherait sur une victoire dans la première minute si l’option lui était offerte chaque fois qu’il entre dans une cage.

Bref, pour la rapidité avec laquelle il a abattu la besogne, l’orgueil de Val-Bélair, comme on l’a surnommé lors des présentations officielles, mérite certainement nos félicitations. Mais pour ce qui est d’évaluer ses réelles capacités à tenir son bout dans un octogone, il faudra malheureusement attendre à la prochaine fois.

zoneVideoRds:54297:zoneVideoRds

Pour le président de Ringside, l’expérience Donald Brashear est jusqu’ici un succès sur toute la ligne… ou presque. Au lendemain du 11e gala de la petite histoire de son organisation, le premier tenu dans le vieux Colisée de Québec, Éric Champoux se félicitait de l’impact de l’arrivée de l’ancien dur à cuire de la LNH au sein de sa compagnie.

« De mon côté, je dirais que tout s’est passé à 90% comme je l’espérais, évaluait Champoux à l’heure du bilan. Samedi soir, avant de me coucher, j’ai fait un petit tour sur le web, la télé, la radio et on était partout. Je parle de médias majeurs, autant au Canada qu’aux États-Unis. Ça, on n’avait jamais vécu ça en onze événements. »

« Ça faisait partie de la phase 1 du plan qu’on avait établi, poursuit Champoux. On voulait partir une vague et faire un bout de chemin avec Donald. Je me dis que tous ceux qui ne sont pas venus le voir, mais qui en ont entendu parler seront peut-être plus facile à convaincre la prochaine fois. »

Dans les semaines qui ont précédé le baptême de feu de Brashear, le feeling semblait généralisé. Bien souvent, la nouvelle trouvaille de Ringside n’avait pas l’air plus intéressé qu’il ne le fallait par la poursuite de ses nouvelles aspirations. Ce que certains interprétaient comme un calme olympien pouvait tout aussi bien être vu comme de l’indifférence totale et il était permis de se questionner sur les réelles motivations de l’homme de 39 ans à l’approche du Jour J.

C’est pour cette raison que, bien plus que l’incalculable nombre coups de poings que Brashear a eu le temps de descendre sur Mathieu Bergeron avant que l’arbitre ne finisse par prendre ce dernier en pitié, c’est la réaction immédiate du gagnant qui a failli me jeter en bas de ma chaise, à quelques mètres de la scène.



La sentinelle à qui ont faisait des guiliguili depuis un peu plus d’un mois dans l’espoir d’en soutirer un sourire avait enfin craqué. Brashear, le même pan de mur imperturbable qu’on désignerait sans hésiter tête de série numéro un dans un tournoi de « Je te tiens par la barbichette… », exultait.

« Quand je l’ai vu, après sa victoire, sauter, monter sur la cage et saluer les spectateurs, je me suis dit : ‘Wow! Le gars vient de pogner de quoi!’, se remémorait Champoux. Il est sorti de la cage et a tout de suite demandé c’était quand le prochain combat. »

La question de l’adversaire

Le problème pour Brashear, c’est qu’ils sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui à se moquer de son adversaire qu’à lui donner toute forme de mérite pour la qualité de sa performance. Bergeron, qu’on a commencé à juger dès qu’on a vu sa face à la télévision la semaine dernière, regrette peut-être sa décision de s’être lancé comme ça, sans filet, sous les projecteurs.

Et Ringside essuie aussi sa part de critiques pour avoir jeté un pauvre gladiateur sans arme aux lions.

« Donald a affronté un gars qui avait déjà plus d’expérience que lui en combat ultime, se défend Champoux. Et il ne faut pas non plus oublier que Mathieu a accepté le combat à pied levé, à une semaine d’avis. Initialement, c’était des gars plus expérimentés qu’on avait mis dans le chemin de Brashear. »

« Comme promoteur, on n’avait aucune idée de ce dont Donald était capable dans une cage, ajoute-t-il. On ne l’avait jamais vu, on n’avait aucune référence. Allait-il paniquer? Allait-il rechercher le corps à corps? Honnêtement, peu importe qui on mettait devant lui, c’était un pile ou face. »

Et avec 21 secondes de vidéo pour juger son prospect de 39 ans, Champoux n’est pas plus avancé aujourd’hui. Il se donne les cinq mois qui le séparent de son prochain événement, le 21 octobre au Centre Bell, pour décider du niveau de difficulté du parcours à obstacle dans lequel il lâchera Brashear.

Martin Trempe, qui devait être l’adversaire initial de Brashear avant de se blesser à l’épaule à l’entraînement, a clairement indiqué qu’il voulait sa chance, mais le patron ne lui a donné aucune garantie.

« Si on veut amener Donald, d’ici trois ou quatre combats, à un niveau intéressant, est-ce qu’on est mieux de lui donner un Martin Trempe ou de le tester immédiatement avec un LT, Blake Nash ou un Jeff Breau? C’est difficile à dire pour l’instant, on a eu si peu de temps pour l’évaluer. »

Une chose est sûre, Champoux veut Brashear sur sa prochaine carte.

Une ceinture chez les lourds?

Ringside a mis une nouvelle ceinture en circulation en fin de semaine lors du combat de poids coqs opposant Stéphane Pelletier, le nouveau champion, à Dimitri Waardenburg. Pelletier a rejoint Michel Gagnon (145 lbs) et Chris Clements (170 lbs) parmi les monarques de l’organisation. La ceinture des 205 livres, autrefois détenue par Steve Bossé, est maintenant vacante.

À quand un combat de championnat chez les poids lourds?

« On a mis beaucoup d’efforts dernièrement afin de remettre les lourds sur la mappe, explique Éric Champoux. Disons que la division avait vraiment été laissée à l’abandon. On en a présentement six ou sept qui commencent à rouler. On pensait que LT pourrait être notre homme s’il conservait sa fiche parfaite, mais il y a eu une petite embrouille à son dernier combat. C’est sûr que c’est dans l’horizon. »

_Si vous êtes sur Twitter, il est possible de me suivre_ @NicLandryRDS.