Je vous ai menti.

Quand je vous ai dit que je n’écoutais aucune émission de téléréalité (enfin, je crois vous l’avoir dit), je ne l’ai pas joué franc-jeu avec vous.

Il y en a une que j’aime bien. Elle ne doit pas être très différente de celles dont on parle sur les magazines à potins qui me fixent quand je fais la file au supermarché. Dans la mienne aussi, il y a des tatous, des gros bras, des v-necks du gel dans les cheveux, du radotage, des mauvais coups, des alliances…

Il y a des filles, aussi. On les voit rarement, déploreront certains, mais l’avantage, c’est qu’on ne les entend jamais, répliquerai-je.

Mais tout ça, ça me passe six pieds par-dessus la tête. La raison pour laquelle j’aime mon émission de téléréalité, c’est qu’on n’y élimine personne en jouant des games Impossible. Tu peux être le plus beau parleur, faire des beaux yeux à qui tu veux, essayer de mettre Untel ou Joeblo de ton bord, ça n’a, en bout de ligne, aucune importance.

La seule façon de sortir gagnant de mon émission de téléréalité, c’est en donnant (de préférence) et en recevant (le moins possible) des coups de poings sur la gueule.

Je ne vous juge pas si vous ne me jugez pas.

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Si vous êtes en train de lire ça, vous savez probablement que je parle de The Ultimate Fighter Vous savez aussi que c’est la grande finale de la 14e saison samedi.

Pour la première fois de sa courte histoire, la compétition mettait en vedette les divisions des poids plumes (145 livres) et coqs (135 livres). Ça vous a plu? Moi oui. Je sais que ne suis pas un auditeur averti de TUF depuis aussi longtemps que certains d’entre vous, mais ça ne prend pas la tête à Louis Gaudinot pour réaliser que cette mouture regorgeait de talent.

Si on compare, par exemple, aux deux éditions précédentes de l’émission, remportées par Jonathan Brookins et Tony Ferguson, je trouve que c’est le jour et la nuit. À mon humble avis, les quatre finalistes de cette année peuvent aspirer à une belle carrière au UFC.

Puis il y a les deux entraîneurs, Michael Bisping et Jason « Mayhem » Miller, qui s’affronteront, comme le veut la tradition, en finale du gala de samedi. On savait déjà que ce n’était pas l’amour fou entre ces deux moulins à paroles et les six semaines qu’ils ont passées devant les caméras nous l’ont prouvé. Avez-vous aimé la façon dont leur « relation » a été dépeinte devant les caméras? Qui, selon vous, s’est avéré le meilleur entraîneur? Bisping a-t-il mieux fait que lors de la neuvième saison, alors qu’il était confronté à Dan Henderson?

Je sais de quoi Bisping est capable et il est évident que son CV est plus étoffé que celui de Mayhem, mais je vous avoue bien humblement que je ne connais pas ce dernier assez bien pour me permettre de porter ici un jugement pertinent. Je vous laisse donc le soin de m’éduquer, comme l'a déjà fait Jonathan Duguay avec son premier billet. Qui fermera le clapet à l’autre samedi soir?



En guise de contribution personnelle, je vous offre mon analyse et mes prédictions pour les deux combats qui mettront aux prises les aspirants à un lucratif contrat avec le UFC. Comme d’habitude, sentez-vous bien à l’aise d’être en désaccord.

POIDS COQS : JOHN DODSON c. T.J. DILLASHAW

Nom : John Dodson

Fiche : 11–5

Victimes : Brandon Merkt (TKO, R1), John Albert (décision), Johnny Bedford (KO, R2)

Parcours : Il a certainement plus d’un tour dans son sac, mais on ne se contera pas de menteries. Si le diminutif gaucher (5’3’’), un élève de Greg Jackson, a fait son chemin jusqu’en finale, c’est grâce à son atout principal : sa vitesse. Sa victoire contre Merkt, qui a pris forme avec un brutal crochet au corps, nous a permis de découvrir ses mains ultra rapides et ses efficaces coups de pieds aux jambes. Albert a peut-être exposé une faiblesse en l’amenant au sol deux fois au premier round, mais quant à Bedford, il n’était clairement pas de calibre pour réaliser son rêve de fermer le clapet de son coéquipier chez Équipe Miller. La sournoise main arrière de Dodson a mis fin à ses aspirations de façon décisive au deuxième round.



Nom : T.J. Dillashaw

Fiche : 4–0

Victimes : Matt Jagers (TKO, R1), Roland Delorme (soumission, R2), Dustin Pague (décision)

Parcours : Lutteur aguerri, Dillashaw a pigé dans le sac de trucs de Tito Ortiz, qui a d’ailleurs été invité par Bisping dans l’un des épisodes, pour abattre les trois obstacles placés devant lui. Que ce soit pour faire sa place dans la maison ou pour éliminer deux membres de l’équipe adverse, le coéquipier d’Urijah Faber chez Team Alpha Male a utilisé la même recette : des amenées au sol presque trop faciles suivies d’un vicieux ground and pound coups de coudes à volonté. Son debout est imparfait, mais on ne parle quand même pas d’un manchot. Certains diront par contre qu’il n’a pas fait face à l’opposition la plus coriace.



PRÉDICTION : Dillashaw s’est montré nonchalant à sa première étape de l’aventure. Les mains basses, il s’est fait pincer sur le menton à quelques reprises avant de comprendre le message et de finalement amener le combat à l’horizontal. Beaucoup plus prudent et conventionnel depuis, on lui suggère de garder la même approche contre Dodson, qui a tout ce qu’il faut pour lui faire la leçon debout. Dillashaw parviendra probablement, à un moment ou un autre, à amener son rival au sol, mais le nerf de la guerre sera sa capacité à l’y tenir. Dodson a des ressorts dans les mollets et n’est pas resté sur son dos bien longtemps à ses trois derniers combats. Je sais que la logique favorise souvent le lutteur dans de telles confrontations, mais je crois que la vigueur de Dodson lui permettra d’éviter les situations trop précaires, d’essoufler Dillashaw et de le surprendre par TKO au troisième round.

POIDS PLUMES : DENNIS BERMUDEZ c. DIEGO BRANDAO

Nom : Dennis Bermudez

Fiche : 7–2

Victimes : Jimmie Rivera (TKO, R2), Stephen Bass (TKO, R2), Akira Corassani (soumission, R1)

Parcours : Bermudez a bien failli ne jamais arriver au premier relais de ce pèlerinage qui peut mener aux verts pâturages de la planète MMA. Dans ce qui a probablement été le meilleur combat du tour préliminaire, il a survécu à un premier round cauchemardesque avant de renverser la vapeur pour défaire le coriace Rivera. La deuxième étape a été plus aisée, mais la troisième a encore mis sa volonté à rude épreuve. Il a encaissé les grosses gauches de l’arrogant suédois pendant deux bonnes minutes avant de sauver sa peau avec une amenée au sol et une guillotine fatale. Bermudez a montré qu’il était capable d’en prendre. Ça risque de lui servir en finale.



Nom : Diego Brandao

Fiche : 13–7

Victimes : Jesse Newell (TKO, R1), Steven Siler (TKO, R1), Bryan Caraway (TKO, R1)

Parcours : Ça n’a pas pris de temps à Brandao pour semer la terreur chez ses confrères. Après sa victoire en 47 secondes sur Newell, tout le monde le voulait dans son équipe et personne dans ses jambes. Auteur d’une impressionnante victoire sur Micah Miller lors des préliminaires, Siler a été le malheureux élu et n’a pas fait plus long feu que son prédécesseur. Caraway, qui cachait mal sa nervosité à l’approche de la demi-finale, a finalement démontré beaucoup de courage, mais ça ne lui a permis d’acheter que quelques minutes supplémentaires. Brandao, qui est lui aussi entraîné par Greg Jackson, est un jeune homme en mission.



PRÉDICTION : Difficile de trouver une faiblesse chez un gars qui en a décapité trois en moins de six minutes. Diego Brandao n’est certainement pas parfait, sa fiche à elle seule en est la preuve. Même que Dennis Bermudez est probablement un meilleur combattant, plus complet et tout. Mais… Au football, on a beau dessiner des X et des O sur un tableau, la vraie bataille se joue dans les tranchées. Bermudez arrivera sans doute dans l’octogone avec la bonne stratégie, mais saura-t-il l’exécuter pour se donner le temps de déployer tout son arsenal? J’en doute. Brandao par TKO au premier round.

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