Le Georges St-Pierre que j’ai vu samedi soir au MGM Grand de Las Vegas ne ressemblait en rien à celui qui m’avait ébahi le 18 novembre 2006.

Vous vous souvenez de cette soirée à Sacramento, en Californie? C’était la revanche contre Matt Hughes, le seul vainqueur de GSP jusque-là.

C’était justement le 18 novembre 2006, soit exactement sept ans et moins deux jours, que St-Pierre s’adjugeait la ceinture de champion. Ce soir-là, il avait fait subir le martyre à Matt Hughes et c’est à coups de pieds et de poings qu’il était parvenu à gagner le championnat par K.-O. technique au deuxième engagement.

Pour une raison que j’ignore, le Georges St-Pierre d’aujourd’hui est pratiquement une autre personne. Il a perdu son beau sourire d’antan. Ses yeux ont changé. Sa démarche, toujours assurée, n’est plus la même.

Ses paroles sont difficiles à déchiffrer tellement tout semble être compliqué pour lui.

Samedi soir, il a été chanceux de s’en tirer avec la victoire. Certains diront que les juges de Las Vegas ont erré dans leur décision. Dana White, le président du UFC, les a traités de tous les noms et a même demandé l’intervention du gouverneur de l’État du Nevada pour mettre de l’ordre dans la Commission athlétique, une vieille histoire qui se répète. Ce n’est pas la première fois que les juges de Vegas errent dans leurs décisions. Souvenez-vous de la juge C.J. Ross qui avait osé rendre un verdict nul lors de la victoire à sens unique de Floyd Mayweather sur Canelo Alvarez? Elle n’a pas été congédiée pour incompétence. Oh non… Elle est en congé personnel.

AVEC PARENTS ET AMIS

Samedi soir dernier, j’étais assis dans l’aréna du MGM avec les parents et amis des différents combattants. Au cours de la soirée, j’ai vu une jeune fille d’une dizaine d’années assise tout juste derrière moi se jeter au sol, crier et pleurer à chaudes larmes en voyant son père qui venait de se faire assommer et gisait au sol dans l’octogone.

La mère d’un autre combattant, victorieux celui-là, criait, hurlait et sautait sur place, comme si elle venait de gagner le gros lot à la lotto.

Enfin, juste devant moi, une jeune admiratrice de GSP se tortillait chaque fois qu’elle entendait la musique. Quand elle a entendu l’annonce que Georges venait de défendre sa couronne avec succès, elle s’est remise à se dandiner, mais là, cela sonnait faux.

DOMMAGE POUR HENDRICKS

Je suis convaincu que Georges a avalé de travers en entendant Bruce Buffer lire la décision des juges. Certes, il était content. Mais le connaissant comme un vrai champion, il paraissait gêné. Heureusement, il a prétendu après la rencontre qu’il y avait des bouts dont il ne se souvenait pas du tout. Donc il ne pouvait pas s’imaginer avoir perdu.

Ce qui me peine dans tout cela, c’est que Johnny Hendricks verra une défaite à sa fiche pour le restant de ses jours. Cela m’a tout de suite rappelé le fameux but refusé aux Nordiques contre le Canadien. Vous vous souvenez… le but était bel et bien bon. Mais dans les annales de la Ligue nationale, on peut y lire la défaite des Nordiques.

Même chose pour Hendricks. C’est un triomphe de justesse de GSP me direz-vous, mais une victoire quand même qui a été injustement enlevée à Hendricks.

POUR LES PARTISANS

Vraiment, c’est dommage pour les partisans, les vrais admirateurs de GSP. J’en ai rencontré plusieurs à l’hôtel où j’habitais, à l’aérogare avant de prendre l’avion et même à bord de l’aérobus.

« Georges a gagné le combat », se plaisaient à dire les plus ardents partisans. Mais avec réserve chez les autres.

Tout comme moi, ces gens-là se demandent bien ce qui arrivera à GSP maintenant qu’il a déclaré qu’il prendrait un repos avant de revenir à la compétition.

Pour combien de temps? On ne sait pas?

Personnellement, je crois que Georges a livré son dernier combat en carrière. C’est dommage, mais c’est mon opinion. J’ai toujours connu Georges comme un homme fier, un homme dans la catégorie des grands champions, les vrais comme les Sugar Ray Robinson, Marvin Hagler, Gordie Howe, Maurice Richard, Mario Lemieux, Sidney Crosby, Roger Staubach, Franco Harris et combien d’autres.

SI ON POUVAIT L’AIDER

Comment aider un champion qui prétend avoir des problèmes personnels quand on ne connaît pas la vraie raison? Est-ce un problème familial, un problème physique, un problème psychologique?

Si c’est un problème familial, il y a des conseillers spécialisés. Si c’est un problème physique, il y a des médecins. Si c’est un problème psychologique, il y a des psychologues et des psychiatres.

Je doute que ce soit un trouble physique car Georges est en excellente santé. Donc, il est où le maudit problème?

Ce que j’espère de tout cœur, c’est que Dana White ne le laisse pas tomber comme une vieille pantoufle. Vous me direz que c’est Dana White qui a fait de Georges St-Pierre ce qu’il est aujourd’hui. Mais je vous répondrai que c’est George St-Pierre qui a grandement aidé le UFC et Dana White à trôner en roi sur le monde des arts martiaux professionnels. C’est GSP qui a fait changer la mentalité de combats de rues à affrontements entre spécialistes de différentes disciplines et cela dans le monde entier. Pour nous, Georges est un petit gars de St-Isidore, un francophone, un Québécois, un Canadien. Mais pour plusieurs, il est l’égal des grandes vedettes de cinéma.

MON SCORE

Avant de vous quitter, je vais vous donner mon score. J’ai donné le premier et le dernier round à St-Pierre. Cela fait donc un total de trois rounds contre deux pour Johnny Hendricks.

Il est possible que je me trompe et si on pouvait me le prouver je serais le premier à reconnaître mon erreur. Mais pour le moment, je ne peux faire autrement que de souhaiter un bon et long repos à Georges St-Pierre.

Un combattant qui éprouve des problèmes psychologiques et qui admet lui-même qu’il y a des séquences du combat dont il ne se rappelle plus est un combattant en danger, surtout au moment où toutes sortes d’enquêtes sur les commotions cérébrales nous prouvent hors de tout doute que la répétition des coups sur la tête peuvent être néfastes pour la santé mentale et physique d’un athlète, aussi fort et en santé soit-il.

Bonne chance