On s’est tous déjà fait avoir par une publicité qui nous a pris par la main et nous a apporté sur une fausse piste.

Même avec vos couteaux Chef Tonya>, vous êtes incapable de couper la poire en deux? Vous ne pouvez plus sentir votre voisin, même après avoir mangé un muffin « Explosion de bleuets »? Vous consommez les produits Nutri Bar, mais personne n’est encore venu voler votre coussin? Vous avez pourtant cherché partout, mais vous n’avez jamais trouvé de Coucouroucuicui « Extra Dry »?

C’est bien ce que je pensais.

Les amateurs de sports de combat ont l’habitude des discours embellis et un brin trompeurs. En arts martiaux mixtes comme à la boxe, il est monnaie courante d’entendre les compétiteurs et les promoteurs nous bourrer de promesses et de prédictions qui font patate quand vient l’heure de passer à l’action. Avec le temps, on finit par comprendre la game On en prend et on en laisse.

Il y a toutefois des exceptions. Chris Lytle, par exemple.

Lytle, qui affrontera Dan Hardy dimanche soir, n’est pas du genre à raconter des sornettes. Comme la plupart de ses confrères, il n’hésite pas à prédire une « guerre » quand vient le temps de mousser ses combats. Là où il se démarque, c’est que c’est à tout coup ce qui se produit.

« Ils ont choisi Dan et moi pour faire partie du combat principal de la soirée et laissez-moi vous dire une chose : ils ne nous ont pas choisi pour qu’on aille offrir un combat ennuyant. Alors si vous pensez que je vais tenter de l’amener au sol et de le tenir là pendant 15 minutes, oubliez ça, ça n’arrivera pas », a promis Lytle lors d’une conférence téléphonique cette semaine.

Ces paroles ont dû sonner comme une douce musique aux oreilles de Hardy. Des trois défaites consécutives qu’il traîne avec lui à Milwaukee, deux lui ont été infligées par des lutteurs (Georges St-Pierre et Anthony Johnson) qui ont profité de ses carences au sol pour « aller chercher le W », comme ils disent.

Pris au bord du gouffre, Hardy ne demande donc pas mieux qu’un rival qui voudra le confronter dans son élément. Mais même si Lytle lui donne ce qu’il veut, celui qu’on surnomme The Outlaw ne sera pas au bout de ses peines.

Lytle en a vu d’autres. Il a encaissé les meilleurs coups de Paul Taylor, Marcus Davis et Matt Serra sans jamais broncher. Même lors de sa performance peu convaincante contre Brian Ebersole, sa dernière sortie dans l’octogone, il a avalé un coup de genou qui aurait endormi un rhinocéros, mais il est quand même resté debout jusqu’à ce que les juges doivent décider de son sort.







Hardy frappe-t-il plus fort que ces gaillards? On serait porté à croire que oui, mais il n’y a réellement pas de raison de le penser. Depuis son arrivée au UFC, Hardy est vendu comme un redoutable cogneur, mais la vérité, c’est qu’il n’a qu’une victoire par K.-O. en sept combats depuis qu’il se frotte à l’élite mondiale. Marcus Davis l’a confronté pendant trois rounds pour éventuellement perdre une décision serrée. Mike Swick a été ébranlé à plusieurs reprises, il faut le dire, mais il n’a pas été achevé. Et même Carlos Condit, avant de réussir l’un des plus beaux K.-O. de l’année 2010, avait goûté à la médecine de Hardy sans trop rechigner.

La fiche de Lytle montre deux défaites par K.-O., mais chaque fois – contre Joe Riggs et Thiago Alves – c’est le médecin qui a recommandé à l’arbitre de mettre fin au combat. Personne, en 53 combats, n’a encore réussi à l’endormir à force de lui frapper dessus. Les chances que Hardy devienne le premier sont minces, mais ça ne veut pas dire qu’il ne doit pas se méfier.

Un ancien boxeur professionnel, Lytle est un compétiteur acharné et un cogneur de qualité, mais il préconise un style kamikaze qui offre de belles ouvertures à des adversaires qui excellent en contre-attaque. S’il a la patience – et le menton – pour laisser passer la première tempête, Hardy aura éventuellement l’occasion de placer son redoutable crochet de la gauche. Reste à voir l’effet qu’il en retirera.



Quant aux probabilités d’assister à une victoire de Lytle par K.-O., elles ne sont, sur papier du moins, pas beaucoup plus élevées. Au cours des trois dernières années, « Lights Out », est probablement le combattant du UFC qui a lancé le plus de coups de poings sans réussir à finir un seul rival. Mais avec le spectacle qu’il donne, bonne chance pour trouver quelqu’un qui s’en plaindra!

J’aime beaucoup Dan Hardy. Derrière son personnage coloré se cache un jeune homme cultivé, maniaque d’arts, de musique… et de hockey!



Il est aussi un outil de marketing important pour le UFC de l’autre côté de l’Atlantique, mais il y retournera malheureusement advenant une défaite contre Lytle, que je favorise à quelques jours du combat.

Quelle est votre prédiction pour le combat? Et croyez-vous que c'est la fin pour Hardy en cas de défaite?

Une dernière étape pour Jim Miller

Jim Miller n’est pas le plus extravagant, ni le plus bavard. Il n’est pas fort sur les déclarations fracassantes et il n’est pas du genre à lancer des défis à gauche et à droite. En fait, il commence à peine à se donner un peu de mérite après ses victoires, qu’il accumule d’ailleurs à un rythme épeurant.

On ne le voit jamais photographié aux côtés des demoiselles qui collent souvent dans l’entourage de ses confrères et on s’imagine un peu mal son visage moustachu sur un panneau publicitaire géant à Times Square ou en plein cœur de Vegas.

Le gars fait sa marche vers l’octogone sur la musique de CCR et s’il cause un jour une controverse avec un article de sa garde-robe, ce sera probablement des bottes à cap d’acier ou une chemise carottée, pas un speedo mauve.

Mais Jim Miller sait se battre et c’est pour cette raison qu’il est à une victoire d’un combat de championnat.

Je ne crois pas que Ben Henderson parviendra à mettre une peau de banane sous les pieds de Miller en fin de semaine. Aucune logique derrière mon raisonnement. Seulement, il y a belle lurette que j’ai arrêté de parier contre Miller et je ne changerai pas ma position tant qu’il ne sera pas confronté à Frankie Edgar.

P.S. Oui, ça veut dire que je crois qu’Edgar conservera sa ceinture contre Gray Maynard.

Le reste de la carte

- Donald Cerrone avait senti le besoin de s’excuser après sa dernière performance, une victoire par décision unanime contre Vagner Rocha. Personnellement, j’avais bien aimé le spectacle, mais si le Cowboy croit qu’il doit se racheter, on n’essaiera certainement pas de lui mettre un lasso au cou. Contre Charles Oliveira, dont la dernière sortie a été ternie par un coup de genou illégal qui l’a privé d’une victoire contre Nik Lentz, ça pourrait donner tout un spectacle.

- Toujours partant pour un bon combat de poids coqs. Joseph Benavidez et Eddie Wineland nous ramèneront à l’époque du WEC pendant quelques minutes. Benavidez est un coéquipier d’Urijah Faber, qui avait battu Wineland l’hiver dernier.

- Le dernier combat de Ed Herman a duré 48 secondes. Le dernier combat de Kyle Noke a duré 1:35. Ça place la barre assez haute pour leur affrontement.

- Très hâte d’assister au retour de Cole Miller, un combattant ultra intense qui avait eu une mauvaise soirée au bureau à sa dernière présence dans l’octogone (vs. Matt Wiman). T.J. O’Brien sera son adversaire.

Dommage que quelques blessures soient venues affecter la qualité de la souscarte. On devait avoir droit au retour de Stephan Bonnar et Leonard Garcia, mais ils ont respectivement été remplacés par les célèbres Ronny Markes (vs. Karlos Vemola) et Jimy Hettes (vs. Alex Caceres). Gardons l’esprit ouvert : peut-être ferons-nous de belles découvertes.

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