Condit avait prévenu St-Pierre
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 23:10 mardi, 7 févr. 2012. 17:12Carlos Condit a finalement trouvé une façon de faire parler de lui.
Condit a passé la semaine à Las Vegas pour se préparer pour le plus gros combat de sa vie, mais il aurait pu être tapi dans un chalet en Gaspésie qu’on n’aurait pas plus entendu parler de lui.
D’un côté, les médias s’arrachaient Nick Diaz, un être polarisateur qui, même sans dire un seul mot, est plus intéressant que 90% de ses confrères. Et de l’autre, il y avait Georges St-Pierre. Quelques jours avant d’être dépouillé temporairement de son titre, le champion a décidé de mettre ses cartes sur la table et a dévoilé sa préférence pour le Californien et son souhait d’obtenir la chance de lui péter la gueule.
Diaz voulait GSP et GSP voulait Diaz. Condit est vite devenu la troisième roue du vélo, celle qu’on espère ne jamais avoir à utiliser. On l’a presque oublié pendant quelques jours, mais samedi soir, WHAM! Crevaison.
Quelques impressions. D’abord sur le combat principal et ses implications, ensuite sur le reste de la carte du UFC 143.
1. Controverse? Pas du tout.
Désaccord? On peut dire.
Déception? Au contraire.
Je favorisais Condit avant le début du combat, mais c’est Diaz que j’avais comme gagnant au terme de cinq rounds qui, à défaut d’avoir été hautement explosifs, ont certainement été un reflet fidèle du talent des deux combattants.
Condit s’est présenté au rendez-vous avec le plan de match parfait. Aucune surprise là quand on connaît la réputation de Greg Jackson, le guru qui supervise son entraînement. Mais la discipline dont il a fait preuve pour l’appliquer du début à la fin est à mes yeux remarquable.
Diaz a cette capacité d’injecter la panique dans le sang de ses adversaires en les harcelant jusqu’au point où ils sentent qu’ils n’ont d’autre choix que de jouer selon les mêmes règles que lui. Récemment, Paul Daley a décidé de se tenir droit et d’échanger coup pour coup avec la terreur de Stockton, mais il n’a jamais vu le deuxième round. B.J. Penn s’est collé le dos dans le grillage et a laissé Diaz le découper en morceaux et lui infliger la pire volée de sa vie. C’était à n’y rien comprendre.
On a rapidement compris que Condit était préparé pour éviter ce genre de situation.
Diaz a débuté le combat en prenant le centre de l’octogone et en tentant de découper l’aire de jeu pour repousser Condit dans un coin sans issue, mais la réponse a été adéquate. Beaucoup de coups de pieds pour garder l’agresseur à distance, une garde efficace quand Diaz parvenait à s’approcher et un jeu de pied rapide pour glisser vers l’extérieur après avoir encaissé quelques coups.
Les premier et deuxième rounds laissaient présager que même avec la stratégie idéale, Condit allait se retrouver du mauvais côté de l’arbitre au moment de la décision. On le sentait tendu, sa mécanique semblait manquer d’huile et même s’il parvenait à éviter les rafales de coups qui sont la marque de commerce de Diaz, il ne sortait jamais du corps à corps sans avoir mangé un jab sur le nez ou un bon crochet au corps. Et parfois même les deux.
J’avais Diaz en avance 20–18 après les deux premiers assauts.
Le troisième round s’est amorcé sous la même thématique, mais plus il progressait et plus Condit sortait gagnant des échanges. Non seulement ses coups commençaient à trouver leur cible, mais son propre visage sentait beaucoup moins souvent le cuir qui enveloppait les mains de Diaz. J’ai donné le troisième round à Condit.
Le quatrième est selon moi le round le plus facile à noter. Toujours aussi agile dans ses déplacements, Condit a continué de toucher Diaz chaque fois qu’il tentait de violer son intimité. Visiblement frustré et peut-être un brin nerveux, Diaz a tenté la première amenée au sol du combat, mais Condit l’a facilement repoussée avant de lancer une belle combinaison à la sortie. Le Natural Born Killer a touché avec un solide coup de pied à la tête et a dit non à une autre projection avant le son de la sirène.
J’étais à 38–38. Le cinquième round, dans mon livre, allait faire foi de tout.
Diaz est sorti de son coin avec le sentiment qu’il devait en faire plus. Il a commencé à sortir des coups de pieds, chose qu’il avait complètement négligée dans les 20 premières minutes. Condit n’a pas bronché. Après avoir raté son coup avec un énième coup de poing renversé, il a fait trembler l’octogone avec deux grosses gauches et un coup de pied. Il y a eu riposte, mais celle-ci n’est pas demeurée sans réponse.
À mes yeux, Condit détenait un léger avantage dans le round jusqu’à ce que Diaz passe par la porte d’en arrière et l’amène au sol avec 1:20 à écouler. Condit est un combattant très complet, mais il n’était soudainement pas hors de question qu’il se fasse passer une soumission par l’élève de Cesar Gracie. Sans parvenir à compléter l’étranglement, Diaz a réussi à garder sa position jusqu’à la toute fin.
Ce fut suffisant pour me convaincre de lui donner la victoire, mais les trois juges l’ont vu autrement et vous savez quoi, je n’ai pas l’intention de les contredire. Diaz aurait très bien pu se retrouver avec les bras au ciel, mais Condit a fait tout ce qu’il avait à faire pour sortir gagnant et n’a pas à s’excuser pour le résultat final.
Les chiffres favorisent d’ailleurs le nouveau champion intérimaire... enfin, selon la lecture que vous voulez bien en faire. Selon Fightmetric Condit a touché la cible avec 159 coups contre 117 pour Diaz, qui n’a dominé que le deuxième round en terme de quantité de frappes. Mais la grande majorité des coups portés par Condit visaient les jambes de Diaz (68–6), qui s’est surtout attardé sur le visage (62–55) et les flancs (49–36) de son rival.
Je refuse d’endosser les propos de ceux qui accusent Condit d’avoir pris ses jambes à son cou et de s’être sauvé. Ces paroles ne peuvent qu’être le fruit d’un fanatisme aveugle à l’endroit de Diaz. Je le répète, Condit a à mon avis appliqué le plan de match parfait pour contrer le style de Diaz.
Je ris quand j’entends ceux qui accusent Condit d’avoir été peureux ou ennuyant. Vous, vous faisiez quoi hier soir? Vous risquiez d’en manger combien, des coups de poings sur la gueule?
On ne parle pas ici d’une bagarre de ruelle où la réputation à l’intérieur du ghetto et quelques billets sont à l’enjeu. On parle d’un sport professionnel où les meilleurs se démarquent en évitant intelligemment les forces de leurs adversaires plutôt qu‘en s’y exposant par souci de donner un spectacle à tout prix.
Il n’y a pas de tableau indicateur en MMA. Comme il s’agit d’un sport jugé, les résultats des compétitions seront toujours assujettis à l’interprétation de chacun. Il est parfois justifié de crier au vol pour décrier l’odieux d’une décision, mais dans le cas du combat entre Condit et Diaz, je ne crois sincèrement pas qu’il y ait lieu de monter aux barricades.
2. Diaz n’a pas aimé la décision des juges samedi soir. Tellement qu’il a décidé qu’il en avait assez, que les milliers de dollars qu’on lui donnait pour se battre trois fois par année ne compensaient pas pour la frustration qui l’habite lorsqu’il voit des mois d’efforts bousillés par des règlements qui ne font pas son affaire.
La réaction de Diaz m’a fait penser à celle d’un enfant qui apprend les rudiments du baseball et qui frappe des circuits sans se forcer jusqu’à ce que son père décide de lui lancer des balles ailleurs qu’en plein cœur du marbre. Alors, au lieu de retrousser ses manches, de donner deux ou trois petits coups sur ses crampons et de tenter de trouver une solution au nouveau problème qui se présente à lui, il se met à bouder et lance son bâton le plus loin qu’il peut en promettant qu’il n’y retouchera plus jamais.
Ce n’est pas la première fois qu’un combattant décide de tout laisser tomber, sous le coup de l’émotion, après une défaite. Et ce n’est pas la première fois que Diaz démontre un certain dédain pour les MMA. Croyez-vous qu’il mettra ses menaces à exécution?
3. Certains croient que Condit n’a pas prouvé qu’il était un aspirant sérieux au véritable titre, celui qu’il devrait disputer à St-Pierre d’ici la fin de l’année.
À cela, je réponds qu’il ne faut pas accorder trop d’importance à la façon dont il a mis la main sur la ceinture intérimaire et transposer sa performance vers un éventuel duel face à GSP. La stratégie de Condit était spécifiquement adaptée aux problèmes que lui proposaient Nick Diaz et on risque de le voir sous un visage complètement différent contre le Québécois.
Mais au fait, il est loin d’être coulé dans le béton, ce combat entre Condit et St-Pierre. Le champion temporaire a déjà fait savoir qu’il envisageait la possibilité de remonter dans l’octogone contre un autre prétendant, surtout si la convalescence de « Rush » se prolonge. Bonne ou mauvaise décision? Que feriez-vous à sa place?
4. Je crois que Roy Nelson réalise aujourd’hui que sa mâchoire de granit lui permettra toujours de gagner notre admiration, mais pas un combat contre l’élite de sa division.
Nelson est rempli de courage et de bonne volonté, mais c’est au prix de sa santé qu’il entre dans l’octogone avec des brutes comme Junior Dos Santos, Frank Mir et Fabricio Werdum. Samedi, les genoux du Brésilien ont été aussi occupés que ceux d’un Père Noël de centre d’achat, s’écrasant dans le visage de « Big Country » avec une violence à donner la chair de poule.
Werdum avait été décevant dans le tournoi de Strikeforce contre Alistair Overeem, mais il sera intéressant à suivre chez les poids lourds du UFC. Quant à Nelson, on lui souhaite qu’un être cher lui fasse comprendre qu’il serait mieux de penser à son après-carrière.
Vous ne trouvez pas qu’il ferait un bon coiffeur?
5. Qui aurait versé une larme si Josh Koscheck avait vu l’arbitre lever le bras de Mike Pierce quand Bruce Buffer a fait l’annonce du verdict partagé des juges?
Il faut remonter à 2009 pour se rappeler l’époque où Koscheck, quoique détestable à l’extérieur de la cage, avait au moins le mérite de livrer la marchandise à l’intérieur. Mais après une décision d’un ennui mortelle contre Paul Daley, une défaite sans appel contre GSP, une victoire contre un Matt Hughes au bout du rouleau et cette performance sans saveur contre Pierce, il ne nous donne plus beaucoup de raisons d’écouter ses âneries.
6. Ceux qui voulaient savoir si Renan Barao était capable d’exceller contre un lutteur de qualité ont eu leur réponse.
Dans la catégorie des poids coqs, Scott Jorgensen est un véritable danger public. Avant d’affronter Barao, sa seule défaite à ses huit derniers combats lui avait été infligée par le champion Dominick Cruz.
Barao est maintenant 3–0 au UFC et il monte les marches deux par deux. Cruz pourrait bien le retrouver sur son chemin avant la fin de l’année.
7. Ne me parlez pas de Demian Maia! Le roi de la soumission chez les 185 livres, c’est Ed Herman!
Je rigole, bien sûr, mais reste que le grand gaillard aux cheveux carotte est sur une impressionnante lancée depuis qu’il est revenu en action à la suite d’une grave blessure à un genou. Trois combats, trois victoires, deux soumissions.
Au moins, Clifford Starks peut se consoler en se disant qu’il a franchi le premier round, privilège que Herman n’avait pas donné à ses deux adversaires précédents.
8.. C’était probablement le résultat le plus prévisible de la soirée, mais Max Holloway aura quand même eu le temps d’ouvrir bien des yeux avant de se faire tordre le bras par le très prometteur Dustin Poirier.
Holloway, qui ne disputait qu’un cinquième combat professionnel, a montré beaucoup de potentiel avant d’être amené au sol, où le Diamant l’a manipulé à sa guise pour éventuellement lui coincer un membre dans le tordeur.
Qu’a-t-on appris au sujet Poirier samedi soir? Peu de chose, malheureusement. On le savait en mission et il n’a fait que le confirmer. Un nom intéressant sur la liste de José Aldo.
9. La décision sévère de Herb Dean de déduire deux points à d’Alex Caceres pour ses coups de pieds répétés en bas de la ceinture d’Edwin Figueroa jettera malheureusement une ombre sur la réelle conclusion qu’il faudrait tirer de ce combat : Bruce Leroy est peut-être au UFC pour y rester.
Depuis son passage dans la maison de The Ultimate Fighter Caceres était surtout vu comme un jeune talentueux, mais plus concentré sur son apparence que sur la qualité de ses performances. Ses débuts, chez les poids plumes, ont été désastreux, mais ses deux combats à 135 livres nous ont permis de découvrir un jeune homme métamorphosé.
On lui donnait peu de chance de s’en sortir contre Figueroa, mais avec une meilleure finition au sol, le travail de Dean et des juges n’aurait jamais été un facteur. Moi, je veux le revoir.
10. Quelqu’un va s’ennuyer de Chris Cope?
11. Le style de Matthew Riddle lui garantira toujours un job, mais ne l'amènera malheureusement jamais bien haut dans le classement de sa division. Tant mieux s’il vit bien avec ça. Des combats comme celui qu’il a livré à Henry Martinez, j’en prends n’importe quand.
12. Maintenant, je comprends pourquoi on l’appelle Wonderboy. Stephen Thompson a terminé son combat contre Daniel Stittgen, son premier au UFC, avec le coup de pied qu’on attendait tous. Thompson a certainement épaté la galerie, mais ils sont plusieurs, naturellement, à se demander comment il se débrouillera quand un lutteur lui collera le derrière au plancher.
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