Une foule prévue à 45 000 spectateurs sera entassée à Curitiba au Brésil ce samedi pour voir le favori local Fabricio Werdum tenter de défendre sa ceinture des poids lourds pour la première fois face à l’Américain Stipe Miocic, à l’occasion d’UFC 198.

Évidemment, qui dit grand enjeu dit également pression accrue, et c’est d’autant plus vrai pour Werdum puisqu’il renouera avec l’octogone après une inactivité qui approche les 12 mois. Il affronte un combattant victorieux à ses deux dernières sorties. Miocic est un athlète plutôt complet possédant d’excellentes aptitudes de boxeur et de bonnes habiletés de lutteur.

On ne se contera pas d’histoires : si cette confrontation devait se dérouler au sol, le monarque de la division serait passablement avantagé, en sa qualité de champion du monde en jiu-jitsu brésilien. Je trouve par ailleurs qu’il a bien réussi à incorporer ses forces aux arts martiaux mixtes.

Fabricio WerdumIl faut d’ailleurs souligner que cet affrontement n’est pas seulement le fameux classique choc entre un cogneur et un combattant au sol. Werdum a beaucoup amélioré sa technique de combat debout, et cela a paru lorsqu’il avait soutiré le titre à Cain Velasquez en juin dernier. Il avait dominé son adversaire debout pendant de longs instants avant que Velasquez ne tente d’amener le duel au sol et que Werdum termine le travail avec une guillotine.

Pour mériter l’opportunité qui se présente à lui, Miocic a vaincu coup sur coup Mark Hunt et Andrei Arlovski avec conviction. Est-ce que ces victoires sont suffisantes pour me porter à croire qu’il peut s’emparer de la ceinture? Oui et non, mais je persiste à croire que la catégorie des lourds en est une qui est très ouverte. Personne n’est sur une fabuleuse lancée, même si plusieurs voient le Néerlandais Alistair Overeem se joindre à la conversation plus tôt que tard.

Au final, il faut retenir que Miocic entrera samedi en terrain ennemi, dans la cour arrière de Werdum. J’ai le sentiment que le Brésilien conservera son titre car il arrivera à toucher son rival en combat debout et parviendra à finir le tout grâce à une soumission. Je lui donne l’avantage, même si je me garde une certaine réserve en raison de la fameuse « rouille » suivant une longue absence. Ce n’est pas un mythe, ça existe vraiment, quoi que le combattant puisse en dire! Une fois la cage refermée, tout défile 10 fois plus vite que dans les heures d’entraînement...

Souza c. Belfort était le combat à faire

En co-finale, on retrouvera deux autres Brésiliens, cette fois dans la catégorie des poids moyens. Je m’attends à ce que les vétérans Ronaldo « Jacaré » Souza et Vitor « The Phenom » Belfort en mettent plein la vue, alors que se présente à eux l’opportunité de combattre, advenant une victoire, pour le titre de la division, détenu présentement par Luke Rockhold.

Ronaldo SouzaAvant de perdre une décision serrée face à Yoel Romero il y a quelques mois (ce dernier a été épinglé pour dopage par la suite, ne l’oublions pas), Jacaré avait triomphé à ses huit sorties précédentes. Il était vraiment sur une formidable lancée avant cette petite tache à son dossier. Reconnu pour son jiu-jitsu agressif – il est une véritable sommité dans cette discipline –, Souza est un adversaire coriace et redoutable comme il s’en fait peu dans l’UFC.

Cependant, on a été à même de constater en décembre dernier qu’il  cachait d’importantes lacunes quant au combat debout et à l’ensemble de sa condition physique. On l’avait senti épuisé (tout comme son rival) après un round seulement, et conséquemment il avait paru avoir les « pieds plats » et manquer d’explosion. Le spectacle s’en était ressenti.

Je suis persuadé que la préparation de Jacaré a été centrée vers l’amélioration de ces faiblesses, afin d’offrir la meilleure opposition possible à Belfort, un gaucher puissant et qui a prouvé à maintes reprises qu’il peut ébranler quiconque se retrouve sur son chemin. Même à 39 ans, il est encore ultra-rapide et performant. D’ailleurs, depuis son retour à l’UFC en 2009, chacune de ses victoires sans exception a été acquise sans qu’on ait besoin de se rendre à la carte des juges. Tout n’est pas rose cependant, car lui aussi tend à perdre de son lustre dès que le duel dépasse les deux premières minutes du round initial.

Pour Jacaré, l’attrait d’une revanche potentielle face à Rockhold, qui l’avait dépouillé de sa ceinture dans l’organisation Strikeforce en 2011 doit être très fort. C’est le plus près qu’il a été d'une chance titre depuis qu’il a joint les rangs de l’UFC.

C’est une confrontation à laquelle j’ai très hâte d’assister. Pour l’UFC, c’était une évidence qu’il s’agissait du combat à faire, au Brésil de surcroît. Un spectacle très divertissant à prévoir!

Le forfait de Silva, une malchance

Plus tôt durant cette carte d’UFC 198, on devait voir à l’œuvre un autre favori de la foule brésilienne, mais l’affrontement entre Anderson Silva et Uriah Hall a été retiré en raison des ennuis médicaux de Silva. Des pierres au foie le forceront à se faire enlever la vésicule biliaire.

Il aurait fallu remonter à UFC 101 pour recenser la dernière fois que la légende des AMM n’était pas la tête d’affiche d’un événement de l’organisation!

Depuis que la nouvelle est tombée mardi, j’ai pu discuter avec des médecins. J’étais curieux de savoir si un tel problème de santé était quelque chose de prévisible, et s’il pouvait être lié à l’alimentation ou à la prise de quelconques produits. Ce qu’on m’a répondu, c’est que la crise de foie, c’est une simple malchance et que ça peut arriver à n’importe qui sans avertissement, en un claquement de doigts.

Plus tôt cette semaine, lors des activités promotionnelles, on le sentait vraiment en pleine forme. Mais ça l’a frappé de plein fouet durant son sommeil, et même si ce ne sera rien de majeur qui l’embêtera sur le long terme, la prudence est quand même de mise pour Silva.

Cyborg dans l’UFC : « Enfin! », s'exclameront certains

La soirée UFC 198 marquera les débuts dans l’organisation de Cristiane Justino, plus connue  des amateurs sous le surnom de « Cyborg ». Samedi, elle fera ses premiers pas sous la bannière de l’UFC, et elle pourrait bien créer une certaine commotion dans le portrait des combattantes féminines.

Cris Cyborg JustinoCyborg se battra à un poids compromis de 140 lbs puisqu’elle est incapable de descendre son poids suffisamment pour combattre à 135 lbs. Elle ne l’a jamais fait de sa carrière car elle est grande et extrêmement musclée, et c’est en grande partie la raison pour laquelle la confrontation avec Ronda Rousey qui a longtemps été revendiquée ne s’est jamais matérialisée.

Avec sa puissance et sa maîtrise du muay thaï, on parle d’ici d’une athlète très dangereuse. Elle peut vraiment faire des ravages. On ne donne donc pas très cher de la peau de sa compétitrice Leslie Smith, une combattante qui n’a pas froid aux yeux et qu’elle connaît bien pour l’avoir déjà eue comme partenaire d’entraînement. Je dois admettre que m’étonnerait grandement que Smith soit encore dans le coup pour la tenue d’un deuxième round.

Quant aux combattantes de la division des 135 livres, elles n’ont qu’à bien se tenir!

Une attention particulière sur Maia c. Brown

Durant la carte préliminaire présentée à RDS2 samedi, je surveillerai attentivement le duel que se livreront Demian Maia et Matt Brown, deux combattants qui figurent dans la même catégorie que moi.

Maia avait été absolument magistral à sa dernière présence dans l’arène contre Gunnar Nelson. Tous ceux qui ont déjà vu Brown à l’œuvre savent qu’il est la définition même d’un guerrier. Souvent on pense qu’il n’y a plus rien dans le réservoir, mais il revient de plus belle. Ça laisse présager une confrontation très spectaculaire entre ces athlètes classés 6e et 8e chez les 170 lbs.

Avec une victoire de Maia (et c’est ce qui se produira si le combat va au sol), parions qu’il se placera en position avantageuse pour se retrouver parmi les deux premiers aspirants à la ceinture de Robbie Lawler.

Réduire les distractions

Un peu plus de cinq semaines nous séparent de l’UFC Fight Night présenté à Ottawa le 18 juin et du combat que je disputerai face à Donald « Cowboy » Cerrone.

Je ne pourrais pas être plus satisfait du déroulement de ma préparation. La diminution de mon poids est déjà bien entamée et on est descendu sous la barre des 200 lbs. Le calendrier établi suit son cours, et je suis content de voir qu’aucune blessure, aussi mineure soit-elle, n’est venue m’embêter.

J’avouerai cependant qu’on est entré dans une phase où l’entraînement est de plus en plus intense et exigeant. Des petites courbatures se pointent ici et là, mais c’est dans la normalité des choses et absolument rien d’alarmant.

Mes occupations vont au-delà de ma carrière de combattant. J’ai plusieurs projets à l’extérieur de la cage et je suis très présent dans les médias. Sauf que maintenant, on a atteint le point où je vais limiter mes sorties. Je conserverai mon rôle d’analyste à RDS, mais les autres apparitions dans les médias ou lors d’événements publics seront réduites au minimum. Le repos mental est absolument nécessaire et je m’applique à contrer toute forme de fatigue qui pourrait me guetter!

* Propos recueillis par Maxime Desroches