Diaz-Condit : l’or des fous
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 22:56 mercredi, 15 févr. 2012. 04:22Samedi soir, pour la première fois en près de quatre ans, le président du UFC, Dana White, attachera la ceinture de champion des poids mi-moyens de son organisation autour de la taille de quelqu’un qui ne s’appelle pas Georges St-Pierre.
Le moment sera grandiose pour celui, de Nick Diaz ou Carlos Condit, qui méritera cette distinction. Mais si le gagnant de ce duel a une juste compréhension de la situation, les célébrations seront sobres et de courte durée.
Dans les faits, la ceinture qui sera à l’enjeu pour ces deux prétendants lors du traditionnel gala du week-end du Super Bowl sera celle qui a été défendue six fois par St-Pierre. La même lanière de cuir noir décorée de l’imposante armoirie dorée du UFC, elle-même flanquée de deux scintillants médaillons.
Mais en réalité, puisqu’elle a été retirée de force à un champion handicapé et indisposé à en conserver son emprise, elle sera dénudée de sa valeur. Elle sera à la hiérarchie de la division des 170 livres ce que la pyrite était aux explorateurs qui rêvaient de faire fortune en arpentant les chemins de la Californie au milieu du 19e siècle.
L’or des fous.
Un astérisque
Hakeem Olajuwon a été l’un des meilleurs joueurs de basketball de son époque. Tout premier choix du repêchage de la NBA en 1984, il a été une figure dominante dans l’ascension des Rockets de Houston vers la gloire, qu’ils ont atteinte au milieu des années 1990.
Les Rockets ont gagné deux championnats consécutifs en 1994 et 1995. Chaque fois, Olajuwon s’est vu décerner le titre de joueur par excellence des séries éliminatoires.
Si vous consultez la liste chronologique des équipes championnes dans l’histoire de la NBA, vous réaliserez que les deux triomphes des Rockets sont pris en sandwich entre les six sacres de la dynastie des Bulls de Chicago. Et si vous poussez vos recherches un peu plus loin, vous constaterez que les deux conquêtes des Rockets correspondent aux années sabbatiques que s’est accordées Michael Jordan pour aller, notamment, tenter sa chance au baseball professionnel.
Vous me voyez venir. Le raisonnement est cruellement injuste, mais dans la tête de bien des amateurs de sport, les deux championnats d’Olajuwon et de ses Rockets seront éternellement accompagnés d’un astérisque signifiant que l’histoire ne les aurait probablement pas autant gâtés si le meilleur joueur au monde n’avait pas été occupé ailleurs pendant qu’ils traçaient leur parcours étoilé.
Un autre exemple? D’accord.
Jimmy Ellis, ça vous dit quelque chose? Ellis a été un champion boxeur dans la division des poids lourds pendant deux ans jusqu’à ce qu’il soit détrôné par Joe Frazier dans un combat d’unification en 1970.
Ce qu’il faut spécifier, c’est que M. Ellis n’aurait fort possiblement jamais accédé au trône si Muhammad Ali – vous connaissez? – n’avait pas été dépouillé de son titre en raison de son refus de s’enrôler dans l’armée américaine pour aller défendre les valeurs de son pays au Vietnam.
Personne ne pourra jamais enlever à Ellis ses accomplissements, mais tout le monde sait qu’ils sont le fruit de circonstances particulières.
Ces deux analogies nous ramènent au duel qui opposera Nick Diaz à Carlos Condit. Deux combattants élites, certes, et deux aspirants légitimes. En fin de semaine, l’un d’eux quittera Las Vegas avec une belle ceinture… qui sera toutefois impertinente jusqu’à ce que le vrai champion ait la chance de la reconquérir.
À qui l’avantage?
Chez les preneurs aux livres, Diaz (26–7), l’ancien champion de l’organisation Strikeforce, est établi favori devant Condit (27–5), qui régnait sur la division des 170 livres du WEC avant que celle-ci soit dissoute et intégrée au UFC en 2009.
Sur les différentes plateformes virtuelles, les amateurs semblent également se ranger en plus grand nombre derrière le mauvais garçon de Stockton. Au Québec, cette allégeance est peut-être légèrement influencée par les récentes sorties de St-Pierre, qui a ouvertement souhaité une victoire de Diaz dans le but d’obtenir l’occasion de lui faire ravaler des paroles qui ont assurément touché leur cible.
Les deux combattants sont deux morceaux de haute couture qui ne sont toutefois pas découpés dans le même tissu. Diaz est un boxeur agressif, infatigable et précis qui possède une mâchoire assez solide pour l’inciter à ouvrir la machine sans craindre les représailles. Condit est plutôt méticuleux et sournois, un prédateur tranquille qui scrute patiemment sa proie pendant qu’il sélectionne mentalement l‘arme de prédilection qui sera pigée à même un arsenal diversifié.
Le style de Diaz, qui aime harceler ses adversaires jusqu’à ce qu’ils sentent qu’ils n’ont d’autres choix que d’embarquer dans son jeu, pourrait causer des maux de tête à Condit, qui n’a jamais paru aussi inconfortable que lorsque Rory MacDonald l’a pressé sans relâche dans les deux premiers rounds de leur affrontement il y a un an et demi. La stratégie du jeune Canadien comprenait toutefois des amenées au sol qui ne sont probablement pas dans le plan de match de Diaz.
Côté force de frappe, l’avantage doit être attribué à Condit, mais même si le Natural Born Killer a prouvé qu’il pouvait éteindre les lumières d’un seul mouvement de jointures, il serait étonnant qu’un seul coup de poing permette à l’un ou l’autre des combattants de mettre fin au combat. Condit n’a jamais été mis K.-O. en 32 combats, Diaz seulement deux fois en 33 – dont une raison d’une décision du médecin.
La croyance populaire semble favoriser largement Diaz si le combat se transporte au sol. Le protégé de Cesar Gracie est effectivement l’un des bons pratiquants de jiu-jitsu en MMA et les cliniques qu’il peut servir à partir de son dos sont impressionnantes.
Mais Condit est loin d’être un manchot, lui qui possède à sa fiche autant de victoires par soumissions (13) que par K.-O. À son premier combat au UFC, contre Martin Kampmann, il a fait la démonstration d’une défensive à toute épreuve lorsqu’il s’est sorti d’une guillotine aux premier et deuxième rounds. À son dernier combat, face à Dong Hyun Kim, il est parvenu à prendre la position dominante grâce à un balayage parfait alors que le Coréen le surmontait.
Le combat de samedi sera d’une durée de cinq rounds et plusieurs observateurs se demandent si le réservoir d’essence de Condit sera assez profond pour suivre la cadence que devrait imposer Diaz, une force de la nature qui incorpore notamment des triathlons dans sa routine d’entraînement. La question est pertinente. Toutefois, rien ne laisse croire que Condit, qui a déjà été impliqué dans des guerres sans merci contre Kampmann, MacDonald et Jake Ellenberger, n’a pas ce qu’il faut pour prendre le départ d’un marathon.
Les deux rivaux, vous l’aurez remarqué, montrent une fiche passablement similaire et dans ces circonstances, on se tourne souvent vers la qualité des adversaires pour départager « l’égalité ». Ici, on parle de deux gars avec une feuille de route bien remplie, mais si on s’attarde au passé plus récent, je crois que Condit a eu plus de pain sur la planche.
D’accord avec ces quelques observations? Qui, de Diaz ou Condit, détient selon vous la balance du pouvoir dans ce combat? Et grâce à quels attributs?
Le reste de la carte
- Plusieurs sont d’avis que le UFC a été un peu trop vite sur la gâchette en libérant Fabricio Werdum après sa défaite contre Junior Dos Santos, aujourd’hui champion des poids lourds, en 2008. Werdum est de retour au UFC après un séjour réussi chez Strikeforce et son comité de bienvenue a pour nom Roy Nelson. « Big Country » n’a jamais été victime d’une soumission, la spécialité de son rival brésilien.
Difficile de croire qu’on n’a presque pas entendu Josh Koscheck de la semaine. D’ordinaire très bavard, l’ancien aspirant au titre de GSP a pris sa place sans faire de vagues depuis son arrivée à Las Vegas. Auraitil de la difficulté à se motiver pour affronter Mike Pierce? En tout cas, ce dernier a devant lui une belle occasion de se faire un nom.
On suggère à Dana White d’attendre un peu avant d’écrire ses chèques pour le bonus de combat de la soirée. DiazCondit, ça promet, mais il faut au moins placer quelques jetons sur les poids coqs Renan Barao et Scott Jorgensen. Difficile de garantir quoique ce soit en MMA, mais celui-là risque d’être tout un pétard.
- Mine de rien, Ed Herman fait du bon boulot depuis que l’état de son genou lui a permis de reprendre la compétition. Contre Clifford Starks, il tentera d’obtenir une troisième victoire de suite sans sortir du premier round.
- Dustin Poirier est selon moi l’un des combattants les plus prometteurs chez les 145 livres. J’ai donc bien hâte de voir qui est ce Max Holloway, à qui on offre tout un test pour son cinquième combat en carrière.
- Un autre combat de coqs qui risque de produire des étincelles : Alex Caceres contre Edwin Figueroa.
Le premier combat de la soirée pique ma curiosité. Stephen « Wonderboy » Thompson, un kickboxeur qui semble sorti d’une autre planète, qui a servi de partenaire d’entraînement à un fort élogieux GSP et qui n’a perdu aucun de ses 61 combats professionnels (50 en MMA), fait ses débuts au UFC contre Daniel Stittgen.
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