Dana White n’avait pas été tendre à l’endroit de Nick Diaz quand ce dernier avait failli à ses obligations professionnelles pour faire la promotion d’un combat contre Georges St-Pierre qui n’a finalement jamais eu lieu au UFC 137.

Diaz n’avait pas jugé bon de se présenter à deux conférences de presse pour mousser la tenue de l’événement, un affront qui avait fait bouillir le président du UFC.

« Je ne ferai plus jamais confiance à Nick Diaz », avait alors promis White.

Pourtant, quand St-Pierre s’est blessé et qu’un combat entre Diaz et Carlos Condit a été ficelé, avec à l’enjeu une ceinture de champion intérimaire, le mauvais garçon de Stockton est rapidement devenu un outil de promotion que le UFC ne s’est pas gêné d’exploiter sous tous ses angles.

La personnalité magnétique de Diaz l’a propulsé devant toutes les caméras et sur toutes les affiches. Il était aimé par plusieurs, d’autres ne pouvaient pas le sentir, mais tout le monde en parlait. Le UFC ne pouvait demander mieux.

Mais aujourd’hui, la décision du UFC de faire de Nick Diaz l’une de ses têtes d’affiche lui est revenue en pleine face.



Je ne connais pas Nick Diaz personnellement. Je sais, c’est une évidence, mais je le précise pour ne pas me faire accuser de juger injustement quelqu’un selon l’image qu’il projette à distance. Diaz est peut-être un ami loyal, un gars d’équipe dévoué et généreux, un sac à blagues comme il ne s’en fait plus. Peut-être que je m’entendrais bien avec Nick Diaz, qui sait?



Mais d’un point de vue extérieur, je tente de me mettre dans la peau d’un homme d’affaires qui embauche Diaz pour représenter sa compagnie et je vois un employé égoïste, impoli, instable et imprévisible.

Bref un paquet de troubles.



En signant son nom en bas du contrat que lui ont présenté les dirigeants du UFC, Diaz s’engageait à représenter dignement son employeur – et indirectement son sport – sur toutes les tribunes qui allaient se présenter à lui.

Je sais que le rebelle californien ne fait de mal à personne en tétant sur son petit joint quotidien. Mais ça aurait été trop lui demander de se trouver un autre hobby le temps de pouvoir se soumettre à des règlements qu’il connaît, soit dit en passant, très bien?

Les MMA ont déjà assez de dénigreurs comme ça. Ce serait dommage qu’au dégoût de certaines personnes devant leur caractère violent s’ajoute le cynisme de ceux qui croiront que ce n’est qu’un sport rempli de bums

Georges St-Pierre a peut-être ses défauts et autant de squelettes que tout le monde dans son placard, mais quand on dit qu’il est le porte-parole idéal pour un sport en quête de l’approbation du grand public, c’est à ce genre d’histoire qu’on pense.

Le futur de Diaz

Au moment d’écrire ces lignes, « plus que déçu » avaient été les seuls mots utilisés par Dana White pour décrire ses émotions à l’annonce de la nouvelle.

Mais l’avenir de Diaz, à court terme du moins, ne dépend pas de l’humeur de White. Le combattant avait écopé d’une suspension de six mois et d’une amende de 3000$ (20% de sa bourse) pour les mêmes raisons après une victoire contre Takanori Gomi au Pride 33 en 2007. C’est donc le dossier d’un récidiviste qui sera étudié par les décideurs de la Commission athlétique de l’État du Nevada au cours des prochains jours. Il n’est pas exagéré de croire que cette fois, Diaz sera mis sur les tablettes pour une période minimale d’un an.

Pas grave, n’est-ce pas? De toute façon, Diaz, choqué du verdict des juges après sa récente défaite face à Carlos Condit, avait annoncé à tout le monde qu’il en avait marre des MMA et qu’il avait maintenant l’intention de faire autre chose de sa vie. La boxe, peut-être? Après tout, c’est une avenue qu’il avait envisagée avant de compléter son passage du Strikeforce au UFC.

Peu probable, si vous demandez à Yves Lavigne. L’arbitre québécois, qui maîtrise bien ses dossiers, m’a lâché un coup de fil lorsque la nouvelle concernant Diaz est tombée en début de soirée.

Selon Lavigne, si Diaz se retrouve avec une sentence d’un an, « sa suspension s’applique à travers le monde et est aussi valide pour n’importe quel sport de combat professionnel. »

Diaz serait donc non seulement barré au Nevada, mais en Californie, au New Jersey, à New York, au Canada, en Chine… Alouettes!

Dans l‘éventualité d‘un bannissement au Nevada, « s’il y a une personne qui accepte de promouvoir un combat de Nick Diaz, elle va se faire ramasser par le gouvernement américain. Au Canada, je sais qu’on respecterait la suspension. Il ne pourra pas se battre à nulle part dans le monde où il y a une commission athlétique digne de ce nom. Donc la boxe, on oublie ça », garantit Lavigne.

« Et s’il décidait d’aller voir du côté des réserves indiennes, Mike Mazzulli, qui est l’ancien vice-président de l’ABC (Association of Boxing Commissions) et qui est impliqué dans la commission athlétique du Mohegan Sun, au Connecticut, a une bonne emprise sur les tribus amérindiennes aux États-Unis. Lui aussi se ferait ramasser s’il décidait d’ignorer la décision du Nevada. »



Assurément, il faut maintenant oublier l’idée d’une revanche avec Condit. Et plus ça va, plus je me dis que ce dernier attendra bien calmement que la convalescence de GSP soit terminée avant de remonter dans l’octogone.

Diaz? S’il décide de revenir une fois que son éventuelle sentence sera purgée, il trouvera sûrement un promoteur intéressé à se servir de son image pour remplir des sièges et des amateurs prêts à les occuper. Ça se comprend. Diaz est charismatique et rempli de talent. Mais je me demande si les négatifs ne prennent malheureusement pas plus de place que les positifs dans son cas.

La nouvelle est encore chaude et il nous manque encore plusieurs détails, mais rien ne nous empêche de commencer à nous questionner.

Avez-vous été surpris d’apprendre que Diaz s’était fait pincer? Êtes-vous aussi froissé que moi ou plutôt indifférent? Trouvez-vous que cette nouvelle vient ternir l’image déjà fragile des MMA? Et que croyez-vous que l’avenir réserve à Diaz?

_Si vous êtes sur Twitter, il est possible de me suivre_ @NicLandryRDS.