MONTRÉAL – Olivier Aubin-Mercier avait deux bonnes raisons de vouloir remonter dans l’octogone au mois de septembre.

« J’en avais besoin! », s’exclame-t-il pour résumer la première. Aubin-Mercier ne s’est toujours pas battu en 2017. Il devait reprendre le collier en juin, mais une blessure aux côtes l’a forcé à déclarer forfait en vue de son duel contre Leonardo Santos. Sa dernière apparition sous les projecteurs de l’UFC remonte donc au mois de décembre dernier alors qu’il avait battu Drew Dober à Toronto. Disons que son compte en banque commençait à être dû pour un petit dépôt.

« J’ai passé un été plutôt tranquille, je ne suis même pas allé en vacances, racontait-il lundi quand RDS l’a rejoint pour prendre de ses nouvelles. Je ne savais toujours pas quand j’allais me battre, mais il fallait que je me batte et je me doutais que quelque chose s’en venait. Je suis donc resté chez moi pendant que ma blonde partait en Gaspésie. Je suis resté standby. »

En attente d’un coup de fil de ses patrons, Aubin-Mercier se croisait les doigts pour la concrétisation de l’un des deux scénarios qu’il avait en tête. Au calendrier du mois de septembre, l’UFC avait épinglé un événement à Edmonton et un autre à Saitama, au Japon. Il aurait adoré prendre part à l’un d’eux. Ça, c’était sa deuxième bonne raison.

Ancien judoka d’élite au sein de l’équipe nationale canadienne, Aubin-Mercier s’imaginait faire un premier pèlerinage sur le lieu de naissance de son sport de cœur. Le Japon, c’est un vieux rêve pour lui.

« Man, j’ai commencé les arts martiaux à cause de Dragon Ball, relate le coloré combattant. Quand j’étais jeune, je pensais que c’était possible de se battre contre huit personnes, de voler et de lancer des boules de feu. J’ai essayé d’apprendre ça! Bon, maintenant je sais que c’est impossible, mais c’est pour ça que j’ai commencé les arts martiaux. »

À défaut de traverser le Pacifique pour rejoindre le Pays du Soleil-Levant, Aubin-Mercier aurait bien fait une escale dans les Prairies. Six de ses sept combats à l’UFC ont eu lieu en sol canadien. Sa participation au premier passage de l’organisation à Edmonton aurait été la suite logique de son parcours. Mais la carte albertaine s’est rapidement remplie et, par élimination, il a fini par comprendre qu’il n’en ferait pas partie.  

Ses patrons, qui étaient bien au courant de ses demandes spéciales, ont ignoré ses messages et l’ont étrangement mis à l’horaire directement entre les deux événements qu’il avait ciblés. Finalement, Aubin-Mercier fera son retour à l’action le 16 septembre alors que l’UFC fera un arrêt dans la bucolique ville de Pittsburgh.

« J’ai trouvé ça quand même ironique, dit-il poliment pour décrire cette décision. 

« La seule raison pourquoi je connais Pittsburgh, c’est qu’il y a une équipe de hockey. C’est l’équipe de Crosby, c’est ça? », ajoute-t-il avec une pointe de sarcasme. 

Habitué aux foules partisanes et aux événements d’envergure, Aubin-Mercier expérimentera une atmosphère différente dans la Ville de l’Acier. La carte érigée pour le gala de Pittsburgh n’est pas nécessairement cinq étoiles – son combat principal mettra en vedette les poids moyens Luke Rockhold et David Branch – et elle risque d’être assombrie par l’éclipse médiatique causée par la tenue du méga-combat de boxe entre Saul « Canelo » Alvarez et Gennady Golovkin qui aura lieu à Las Vegas.

Mais si les amateurs de sports de combats risquent de bouder les arts martiaux mixtes ce soir-là, Aubin-Mercier promet que sa motivation à lui n’en sera pas affectée.

« Je ne veux pas gagner moins ce combat-là qu’un autre! De toute façon, quand je me bats, je suis beaucoup dans ma tête. C’est tellement spécial de se battre dans l’octogone, on dirait vraiment que tu es tout seul au beau milieu de l’aréna. Il y a tellement de lumières sur le ring que tu ne peux pas vraiment voir ce qui se passe autour. C’est difficile à expliquer. Peut-être que le monde va être moins heureux quand je vais gagner à Pittsburgh, mais c’est correct. Je vais quand même faire ma petite danse. »

Un beau défi contre Martin

À défaut de se battre où il le souhaitait, le natif de Saint-Bruno-de-Montarville s’est vu offrir un adversaire qui représente à ses yeux un défi très stimulant. Tony Martin (12-3) est un jeune Américain avec un parcours sensiblement similaire à celui d’Aubin-Mercier. Il compte sept combats d’expérience à l’UFC et surfe sur une belle séquence de quatre victoires à ses cinq dernières sorties.

« Le gars a trois victoires d’affilée et deux de ses défaites sont survenues contre de très bons adversaires. C’est un très beau défi et je suis vraiment content d’avoir eu ce combat. Et je m’y attendais un peu en plus. Je savais que j’allais me battre contre lui un jour. »

Comme son rival québécois, Martin a signé la majorité de ses victoires – huit sur douze – par abandon de son adversaire. Mais Aubin-Mercier hésite avant de lui accoler le titre de spécialiste de la soumission.

« C’est comme pas clair, relativise-t-il. Ce gars-là est bon partout. À son dernier combat, il se battait contre un cogneur qu’il a affronté à son propre jeu et il a finalement gagné par décision. Il est bon debout, il est bon au sol. Dans ses défaites contre Leo Santos et Beneil Dariush, il a dominé le premier round avant de se faire soumettre au deuxième. »

« On va l’étudier et on va être prêts pour tout, ajoute l’élève de Richard Ho et Lévis Labrie. Je ne pense pas qu’on aura une stratégie précise parce que c’est dur de savoir où il voudra aller. On va décortiquer ses meilleures techniques et on va s’ajuster, comme on l’avait fait contre Drew Dober, mon plus récent adversaire. Je pense que ça va être un combat intéressant. »

Aubin-Mercier prévoit prolonger sa propre séquence de victoires à trois et d’ensuite se faire placer sur le gala prévu à Winnipeg le 16 décembre. Entre-temps, il se contentera d’un rôle de spectateur pour l’une des plus grosses cartes de l’année, celle qui marquera le retour de son partenaire d’entraînement Georges St-Pierre le 4 novembre à New York.

« Je pense que je vais être plus nerveux ce soir-là que quand je me bats », anticipe-t-il déjà. ​