Selon les experts, un homme possède entre huit et dix pintes de sang dans son corps. Je connais un dénommé Carlos Condit, celui qu’on qualifie de “natural born killer” qui a quitté l’octogone du centre Bell avec au moins un ou deux pintes en moins, gracieuseté de Georges St-Pierre.

Y a-t-il à Montréal un homme plus électrique que Rush St-Pierre ? Combien de nos athlètes ou d’artistes ont su faire lever de leurs sièges plus de 20 000 personnes et selon les statistiques environ 25 millions d’autres autour de la planète?

Celine Dion, certes… Mais qui d’autre ?

Samedi soir, au Centre Bell, là où il faut payer 11 piastres pour un verre de bière, et 5 autres piastres pour un hot dog, on a vu un super athlète de St-Isidore reprendre sa place de champion après une absence de près de vingt mois et une délicate intervention chirurgicale à un genou.

J’ai rarement vu un athlète recevoir autant d’ovations au cours de sa soirée de travail et pourtant, j’ai déjà été l’annonceur maison au Forum du temps de Guy Lafleur.

On sentait la foule totalement derrière GSP. Ses moindres gestes tenaient ses partisans sur le bout de leurs sièges. Et s’il était en péril, comme ce fut le cas au troisième engagement, alors qu’il a été terrassé par un violent coup de pied à la tête de Condit tout le monde retenait son souffle et dès qu’il reprenait le dessus, les cris d’encouragements se faisaient aussitôt entendre. C’est comme si chacun des amateurs du Centre Bell était lui même dans l’octogone.

TROIS AUTRES BIERES

Assis juste derrière moi, un groupe de travailleurs de Québec avaient obtenu des billets de 400 $ gratuitement. Un d’entre eux se plaignait qu’il n’aurait jamais payé un tel montant pour être là. Mais après quatre ou cinq verres de bière à 11 piastres chacun et la super performance de St-Pierre, il était prêt à verser beaucoup plus de 400 $ pour le revoir à l’œuvre. « J’ai jamais vu un athlète démontrer autant de courage, > se plaisait-il à crier en ajoutant quelques mots du petit catéchisme.

Si Carlos Condit a saigné abondamment depuis le début du combat, St-Pierre n’est pas sorti indemne de cet affrontement. Il montrait une entaille sous un œil et une autre sur le nez.

J’avais choisi GSP pour remporter la victoire par décision. Ce n’était pas un éclair de génie. À peu près tout le monde avait opté pour St-Pierre.

Chez les experts, surtout chez les Américains, il y avait un doute. Un des leurs pourrait enfin montrer que GSP était humain après tout.

Ils se sont royalement trompés.

Jamais je n’aurais cru que Georges aurait dominé Condit avec autant d’aisance. Après tout, il avait été absent de la compétition pendant plus d’un an et demi et son fameux genou… Tiendrait-il le coup ? Serait-il rouillé ?

A QUI LA FAUTE

La question qu’il faut se poser, c’est : À qui la faute pour cette brillante performance ? Y a-t-il une personne responsable de ce super retour, ou bien est-ce un groupe d’experts, de combattants et d’entraineurs qui ont su ramener GSP au même perfectionnisme qui le caractérisait si bien après sa brillante victoire sur Jake Shields en avril 2011.

Supposément que pour gagner, il lui fallait absolument amener Condit au sol pour compenser pour sa petite taille. Or, il a passé plus de moitié de son temps à défier son rival en position debout, tout comme un boxeur.

Je suppose que son affiliation avec Stéphan Larouche y est pour quelque chose. Car il a été capable de contrer la plupart des attaques de Condit et ses ripostes étaient celles d’un vrai boxeur. Y a-t-il aussi un peu de Freddy Roach dans tout cela ?

Mais si Larouche et Roach y ont été pour quelque chose dans ce triomphe, que dire des combattants thailandais Lamson Guran Chuwattana et de l’antraineur chef Yod Wilek au gymnase Tiger Muai Thai de Phuket, en Thailande ?

Et au gymnase Tri-star, à Montréal, il y a eu Brendan Tatch, Nate Marquardt et Dan Hardy, sans oublier son entraîneur personnel Firas Zahabi, qui ont permis à Rush de reprendre sa forme d’antan.

L’AVENIR

Pour ce brillant retour dans l’octogone, je me suis laissé dire que Georges avait touché la jolie somme de 6 millions de dollars. Bravo… Il mérite chaque sou.

Mais après avoir remporté une dizaine de triomphes de suite et avoir repris sa ceinture de champion, que faut-il envisager pour l’avenir du champion ?

Une défense contre l’aspirant numéro un Johny Hendricks, qui s’est permis de pulvériser son rival Danois Martin Kampmann en moins d’une minute ?

Possible, mais peu probable. Certes Hendricks et ses poings d’acier seraient un rival de classe pour GSP mais il y a toujours le nom d’ Anderson Silva qui refait surface dès qu’on parle de l’avenir de Georges.

D’ailleurs, Silva était présent assis tout près de l’octogone et maintes fois on a vu les cameras de télévision le montrer en gros plan. On s’est même permis de le voir applaudir devant les bons coups de St-Pierre.

DANA WHITE

Pour le moment, Georges St-Pierre s’en va en vacances. Il a tout donné dans cet affrontement endiablé et il s’est vidé de toutes ses énergies à renverser Condit chaque fois que l’occasion se présentait.

En somme, c’est le grand manitou de l’UFC, Dana White, qui a les carrières de St-Pierre et de Silva en mains. White veut absolument un affrontement entre les deux meilleurs combattants de son association et il est prêt à mettre le paquet pour arriver à ses fins.

Un combat St-Pierre-Silva permettrait à chaque combattant d’empocher entre 15 et 20 millions de dollars, et ce duel serait présenté au Texas Stadium, mieux connu sous le nom de Cowboy Stadium d’une capacité de 70,000 sièges.

Maintenant à quel poids serait-il présenté ?

On croit que ce serait autour de 175 livres.

Georges devrait donc engraisser de quelques livres et le contraire pour Silva.

BONES DANS LE PORTRAIT

Par contre, il y a toujours cette possibilité que Silva monte de poids pour s’attaquer à Jon (Bones) Jones, le monarque chez les mi-lourds. Mais Dana White a dans sa tête d’organiser le duel entre St-Pierre et Silva et il en rêve même la nuit depuis déjà quelques années. Et vous savez… Ce que veut Dana White… Dana White l’obtient.

Personnellement, je ne crois pas que Georges St-Pierre devrait affronter Anderson Silva. Ce dernier est beaucoup trop gros pour être malmené sur un ring par un super athlète beaucoup plus petit que lui.

Mais je me dis que dans le fond que si St-Pierre songe à mettre un terme à sa brillante carrière un de ces jours, pourquoi ne pas y aller pour le gros lot. La même chose s’applique pour Silva.

Enfin, c’est vrai que les hot dogs et les verres de bière sont très dispendieux au Centre Bell et que le stationnement intérieur coute 25$, mais je n’aurais pas voulu manquer cette soirée, pour ne pas dire ce (happening) pour tout l’or du monde. Bravo Georges et félicitations pour une magnifique soirée.

Bons arts martiaux