Il est trop tôt pour Jon Jones
$content.firstChildCategorie jeudi, 10 juil. 2014. 00:16 lundi, 21 mars 2011. 19:19Vous rappelez-vous de vos 23 ans?
Moi, par exemple, à 23 ans, je faisais mes premiers pas dans le monde du journalisme, prêtant ma plume à une très sympathique publication régionale qui devait être tirée à environ 5000 copies hebdomadairement.
Dans le monde des arts martiaux mixtes, ça équivaut à peu près à se battre en sous-carte d’un gala présenté le mercredi soir au Canal Vox.
23 ans, c’est l’âge de Jon “Bones” Jones. Et Jones, s’il était journaliste, serait présentement en lice pour un prix Pulitzer.
Voilà pour l’analogie. Vous voyez où je veux en venir? Oui, c’est en plein ça.
Jon Jones est un surdoué.
Samedi soir, le prodige de Rochester fera face au plus gros test de sa carrière, à un défi que la plupart des combattants rechercheront toute leur vie sans jamais avoir l’occasion de le relever. Jones affrontera le Brésilien Mauricio “Shogun” Rua avec l’intention de lui prendre sa ceinture de champion des mi-lourds du UFC.
À moins que vous passiez vos fins de semaines à arpenter les circuits locaux de MMA du Massachusetts et du Connecticut, Jon Jones vous était complètement inconnu il y a trois ans. Il a fait ses débuts au UFC en août 2008 quand il a accepté de prendre Andre Gusmao à trois semaines d’avis. Il a gagné par décision unanime.
Il n’a eu besoin que de six autres combats pour monter au sommet de la chaîne alimentaire de son sport. En comparaison, Chuck Liddell s’est battu dix fois au UFC avant qu’on lui donne son premier combat de championnat, à l’âge de 33 ans. Anderson Silva avait 31 ans quand il a battu Rich Franklin pour mettre la main sur la ceinture qu’il détient encore aujourd’hui.
Georges St-Pierre, lui, avait le même âge que Jones quand s’est présentée l’opportunité d’affronter Matt Hughes pour le titre des mi-moyens. De son propre aveu, St-Pierre avait été intimidé par son idole de jeunesse et s’était fait prendre dans une clé de bras dès le premier round. Il a dû attendre presque trois autres années avant d’avoir une deuxième chance, qu’il n’a pas ratée d’ailleurs.
À 23 ans, Jon Jones est-il prêt pour le combat de sa vie?
Si ce n’était qu’une affaire de talent, la question serait beaucoup moins embêtante. Jones, en plus d’être un phénomène de la nature, semble être l’élève idéal pour un entraîneur, une sorte d’éponge qui absorbe tous les conseils qu’on lui donne et qui les met en application sur-le-champ, comme s’il avait été conditionné à les exécuter pendant des années.
Il est vif comme un chat, très solide en lutte et fera regretter quiconque aura le malheur de se retrouver coincé dans ses tentacules. Vous voulez manger un coup de coude en pleine poire? Facile! Laissez Jon Jones vous planter le dos dans le tapis. Et n’oubliez pas que quand vient le temps de trouver une nouvelle façon de faire mal à son adversaire, il a plus d’imagination que Fabienne Larouche devant un écran d’ordinateur!
Mais Shogun est tout un client. Jones avait à peine l’âge de conduire quand le Brésilien a remporté le Grand Prix des poids moyens de PRIDE. Véritable légende au Japon, Rua y a battu Quinton Jackson, Antonio Rogerio Nogueira, Alistair Overeem et Ricardo Arona en l’espace de cinq mois. C’est lui qui aurait envoyé Chuck Liddell à la retraite si le UFC n’avait pas fait un dernier cadeau au Iceman en lui donnant un combat contre Rich Franklin. Et il ne faut pas oublier que Lyoto Machida était considéré comme presque intouchable avant que son compatriote ne lui mette la main au collet.
C’est vrai, il y a belle lurette que Shogun n’a pas affronté un adversaire qui avait la capacité – et peut-être la volonté – de l’envoyer au sol comme Jones risque d’être tenté de le faire en fin de semaine. Mais je crois que sa défensive est suffisamment efficace pour l’empêcher de se retrouver dans le pétrin. Et si jamais Rua se retrouvait au sol, sachez qu’il est détenteur d’une ceinture noire en jiu-jitsu brésilien.
Je crois que pour la première fois de sa carrière, les étoiles que verra Jon Jones ne seront pas sur sa copie d’examen lors de la remise des notes. Le jeune Américain sera champion un jour, là-dessus il n’y a pas de doute dans mon esprit, mais son temps n’est pas encore venu.
Je prédis une victoire de Shogun par K.-O.
Des notes sur le reste de la carte
- Urijah Faber et Eddie Wineland ont au moins un point en commun : les deux m’ont donné la chair de poule à leur dernier combat. Faber, qui faisait ses débuts à 135 livres, a étouffé Takeya Mizugaki avec un étranglement arrière. Le Japonais n’a jamais voulu abandonner et était raide comme une barre, les deux yeux tournés dans leur orbite quand l’arbitre a finalement séparé les deux hommes. Wineland a quant à lui envoyé Ken Stone à l’hôpital avec un slam mémorable, mais qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses.
Les deux s‘affrontent en fin de semaine et Faber m’a enlevé les mots de la bouche dans une récente entrevue. “Je peux gagner un combat de différentes façons. Il peut gagner un combat d’une seule façon”, a-t-il dit au sujet de Wineland. Il n’y a rien à ajouter.
J’ai déjà dit ce que je pensais du combat entre Jim Miller et Kamal Shalorus. Je serais le premier surpris si l’ancien du WEC s’avérait un cassetête pour celui qui, étant natif du New Jersey, sera clairement le favori de la foule de Newark. Reste maintenant à savoir si Miller sera capable de faire le travail en moins de temps qu’il ne lui en a fallu pour surprendre Charles Oliveira lors de la dernière visite du UFC à Montréal.
- Pour le combat impliquant l’autre frère Miller, je suis vraiment embêté. D’un côté, Nate Marquardt, un gars super talentueux qui semble toutefois coincé à la même vitesse depuis un an. Défaite sans équivoque contre Chael Sonnen, victoire un peu étrange contre Rousimar Palhares et performance très décevante contre Yushin Okami. Devant lui, Dan Miller, un remplaçant de dernière minute pour Yoshihiro Akiyama qui a gagné ses deux derniers combats, mais qui est toujours à la recherche d’une vraie grosse prise à son tableau de chasse. Je crois que Marquardt va l’emporter, mais je ne m’attends pas à assister au meilleur combat de la soirée.
J’hésite à boire tout le koolaid que le UFC essaie de nous faire ingurgiter au sujet de Brendan Schaub. Son potentiel est indéniable et il a été très impressionnant contre Gabriel Gonzaga, c’est vrai. Mais est-il si bon qu’on veut nous le faire croire? Je me le demande. Par contre, je le vois vainqueur contre Cro Cop, qui est selon moi au bout du rouleau.
Un souhait, en terminant : il faut que le UFC trouve un moyen de nous montrer les combats BenavidezLoveland et Koch-Assuncao.
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