C’était exactement le coup qu’on attendait. Mais celui qui devait en être l’auteur se retrouvait plutôt le dos contre le tapis, écrasé, était-on en droit de penser, sous le poids de ses 40 ans.

Nous sommes au premier round du combat principal du gala de Strikeforce présenté hier à Columbus, Ohio. Rafael « Feijao » Cavalcante, le champion des mi-lourds de l’organisation, vient de servir à Dan Henderson sa propre médecine : une tonne de brique camouflée dans une main droite parachutée à pleine vitesse sur une mâchoire qui n’est pas conçue pour encaisser pareil choc.

Résultat : le vétéran Henderson, en quête d’un quatrième titre dans une troisième organisation différente, perd la carte pendant quelques millisecondes et notre première réaction, c’est de croire que Feijao deviendra le premier depuis des lunes à défendre une ceinture qui avait changé de main, pour être précis, quatre fois en près de deux ans et demi.

Mais non. Henderson retrouve ses esprits en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Ouija » et se sert de ses atouts de lutteur pour engager le corps à corps et survivre à la fin du round.

Début du deuxième. L’ancien champion de PRIDE sort de son coin comme s’il y avait trouvé la fontaine de jouvence. Ses mains partent dans toutes les directions, il est solide dans le clinch et réussit une projection dans la dernière minute, une action qui me convainc de lui accorder 10 points. C’est « 1 partout » sur ma carte de pointage.

Hendo, qui avait fendu l’air dans sa quête pour conquérir le trône des poids moyens (qui appartenait alors à Jake Shields) onze mois plus tôt, a visé la clôture dès le début du troisième round et cette fois, le contact fut parfait. Sa désormais célèbre main droite, celle avec laquelle s’est terminé son passage au UFC, a fait faire un 180 degrés à Cavalcante, qui est allé embrasser le plancher avant d’encaisser un ground and pound bref, mais fatal.

Henderson, qui se bat dans une troisième décennie, n’a qu’une défaite en près de trois ans. Le croyez-vous capable de réussir là où quatre hommes avant lui ont échoué, c’est-à-dire de réussir à défendre la ceinture des poids mi-lourds de Strikeforce?

Mike Kyle serait-il un digne aspirant? Ovince St-Preux est-il prêt pour un tel défi? Ou donneriez-vous une deuxième chance à un ancien champion, comme Gegard Mousasi?



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Pour être honnête, je n’avais même pas l’intention d’écouter le combat féminin opposant la championne Marloes Coenen à l’aspirante Liz Carmouche, qui avait accepté le défi à deux semaines d’avis. Rien contre les femmes en MMA, mais disons que je regardais le premier round d’un œil très distrait.

Sauf que les demoiselles ont commencé à attirer sérieusement mon attention au deuxième round, mes sens s’éveillant soudainement devant la possibilité grandissante d’assister à une surprise de taille. Et sans que j’aie le temps de m’en rendre compte, j’étais rivé à mon écran, complètement fermé au monde extérieur.

Quel show donné par Carmouche, qui s’est retrouvée en position de force après s’être sortie la tête d’une tentative de guillotine de Coenen! Sa domination a été complète à partir de ce moment, assez pour que je lui donne le round avec un pointage de 10–8.

La championne ne semblait pas plus avoir de réponse au troisième round, qui s’est terminé exactement comme le précédent. Selon ma carte, Coenen ne pouvait désormais aspirer qu’à un match nul en remportant les deux derniers assauts.

C’est ici que ce combat devient mémorable. Au quatrième, Coenen s’est de nouveau retrouvée sur son dos, mais a été en mesure de piéger Carmouche dans un étranglement triangulaire qui lui a permis de conserver son titre.

Tout simplement spectaculaire. La version féminine de Sonnen-Silva, rien de moins. Le prochain combat féminin, je le regarde à partir du début.



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Contrairement au combat précédant, celui entre Tim Kennedy et Melvin Manhoef s’est déroulé exactement selon le script. Ce n’était un secret pour personne : si Kennedy parvenait à amener Manhoef au sol, celui-ci vivait sur du temps emprunté.

Manhoef, un redoutable kickboxer, a très bien paru sur les deux premières tentatives de Kennedy d’amener le combat au sol. Mais la troisième fois fut la bonne pour l’Américain, qui venait d’encaisser deux gros coups de fouet aux jambes quand il a réussi à clouer son rival au sol et à se positionner en contrôle latéral.

Le reste de l’histoire s’est déroulé en accéléré. Kennedy s’est vite retrouvé en position de montée complète avant de s’emparer du dos de Manhoef, qui était visiblement en mode « gestion de crise ». L’issue du duel, prévisible, a été confirmée à 3:41 du premier round quand Kennedy a barré l’étranglement arrière.

Kennedy aimerait maintenant avoir une autre chance contre le champion « Jacare » Souza, qui l’avait emporté par décision unanime lors du premier affrontement. Personnellement, je doute que le résultat du deuxième tome soit différent du premier.

Et Manhoef? Chacune de ses présences dans l’arène amène son lot de promesses, mais peut-être le temps est-il venu qu’il accepte que les arts martiaux mixtes ne sont simplement pas pour lui. Après tout, il faut savoir patiner d’avant et de reculons pour jouer dans la Ligue nationale…



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Toute bonne chose a une fin. Hier soir, l’adage s’est appliqué à la fiche toujours vierge de Billy Evangelista. Précédemment invaincu en onze combats, Evangelista n’a jamais vraiment été dans le coup contre Jorge Masvidal, qui a porté sa fiche à 21–6 avec une victoire par décision unanime.

Masvidal s’est imposé dès le premier round, utilisant son muay thaï supérieur et sa longue portée pour passer aisément à travers la défense de son rival. Le deuxième round a été son laboratoire pour tester son jab, efficace à souhait. Il a en plus repoussé les trois tentatives de projection d’Evangelista tout en l’amenant lui-même au sol à deux reprises.

Masvidal a touché la cible avec une grosse droite à la deuxième minute du troisième round. Evangelista a ensuite connu ses seuls, et brefs, bon moments du combat, mais n’est jamais passé proche de menacer l’éventuel vainqueur.



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C’était aussi le début du tournoi des mi-moyens de l’organisation Bellator, hier. Comme je n’ai qu’une paire d’yeux et pas encore d’enregistreur numérique, il m’a été impossible d’en être témoin. Mais si vous avez fait un choix éditorial différent du mien samedi soir, je vous prie de nous faire part de vos impressions!

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