Il est maintenant temps de se rendre à l’évidence. Celui que vous avez appris à connaître sous le sobriquet du « Korean Zombie » était en fait un imposteur.

Le petit kamikaze que vous avez vu se baisser le menton et foncer dans le tas contre Leonard Garcia il y a deux ans? Disparu. Il n’existe plus.

Et que j’en vois un se plaindre!

Ce brawler à qui on pensait jadis avoir affaire s’est plutôt métamorphosé en une polyvalente petite machine à infliger la douleur. Sous-estimez-le et il se fera un plaisir d’abréger vos souffrances. Tentez de lui résister et il vous démontera méthodiquement jusqu’à l’abdication.

Mark Hominick est passé par le chemin A en décembre dernier. Dustin Poirier a emprunté le chemin B mardi soir. Plus long, mais il mène exactement au même constat : Chan Sung Jung est une créature explosive, un robot multifonctions qui, en réunissant toutes ses habiletés dans une même performance, vient de passer en avant de la file pour un combat de championnat dans la division des poids plumes.

C’est le Korean Zombie qui décide quand ça va au sol. Au début du premier round, alors que Poirier et lui étaient au corps à corps, Jung a réussi une magnifique jambette qui l’a fait atterrir directement en position de contrôle latéral. Puis dès le début du deuxième, il a intercepté le premier coup de pied lancé par Poirier, l’a projeté au tapis et s’est empressé d’aller travailler efficacement en ground and pound Finalement, à michemin au troisième, Jung y est allé d’une autre superbe projection.

Poirier, lui, n’a pas été très insistant dans ses tentatives d’amenées au sol, envisageant cette avenue seulement lorsqu’il se retrouvait dans le pétrin. Vous vous doutez du résultat…



Ne vous y méprenez pas : le Korean Zombie est encore capable de cogner. Devenir polyvalent ne signifie pas qu’on oublie tout d’un coup ce qui faisait notre charme au tout début. À michemin au premier round, Jung a quitté le sol pour aller coller son genou sur la tête de Poirier, qu’il a ensuite martelé d’uppercuts et d’un autre gros genou dans le clinch provoquant les premières grosses étincelles du combat. Et il y a eu cette magnifique combinaison uppercut-crochet gauche-genou volant qui a réellement signalé le début de la fin pour Poirier au quatrième round. De l’art.



Vous allez au sol avec le Korean Zombie? Bonne chance. La transition opérée pour se retrouver en position de montée complète lorsque Poirier l’a amené au sol pour sauver sa peau au deuxième assaut était poétique. La vitesse avec laquelle il a tenté d’aller chercher la clé de bras quelques instants plus tard devrait être jugée illégale. Ses tentatives d’étranglement triangulaire pour finir le round valaient aussi le coup d’œil. Et bien sûr, comme croyezvous que le combat s’est terminé?



Il y a deux ans, on croyait avoir affaire à un freak show Aujourd’hui, on a devant nous l’aspirant numéro un de sa division.

Le Korean Zombie est mort. Vive le Korean Zombie!

LE RESTE DE LA CARTE EN 10 POINTS

1. S’il voulait faire oublier la contre-performance qu’il avait livrée face à Nate Diaz, Donald Cerrone aurait difficilement pu faire mieux.

C’est un terme qu’il faut utiliser prudemment, mais j’ai le goût de dire que Cerrone a été parfait contre Jeremy Stephens. Il se promenait nonchalamment autour de l’ennemi, des petits pas de danse de temps en temps, presque pour se désennuyer, en dessinant devant lui des petits motifs imaginaires avec ses mains. Comme si on ne lui avait jamais dit que la main droite du gars en face de lui en avait déjà envoyé 14 à l’hôpital.

Mais cette main droite n’a jamais inquiété Cerrone, qui a admirablement utilisé l’attaque comme moyen de défense. Le Cowboy ne lançait jamais un coup de pied sans ajouter quelques taloches, et vice versa. Et, surtout, il s’était tassé du chemin depuis longtemps chaque fois que Stephens laissait aller le moulinet.



Cerrone jouait avec Stephens avec une telle aisance, on en est presque venu à prendre ce dernier en pitié. J’ignore ce qui s’est dit entre les deux hommes à la pesée, mais on sait tous qui a eu le dernier mot.

Cerrone veut maintenant se battre chez lui, à Denver, au mois d’août. Il aimerait également obtenir sa revanche contre Diaz, mais ça, ce n’est pas pour bientôt. On parle plutôt de lui donner le gagnant de Maynard/Guida. Vous aimeriez?

2. Kenny Florian a volé mon flash.

Quand Jeff Hougland s’est plié de douleur après avoir reçu le coup de pied renversé de Yves Jabouin dans le bas du ventre au premier round, j’ai tout de suite revu le fameux K.-O. de David Loiseau aux dépens de Charles McCarthy. Dans un monde idéal, Jabouin aurait réussi à terminer le travail comme son coéquipier l’avait fait au UFC 53, mais c’est bien là le seul reproche qu’on peut faire au Tigre du Tristar Gym.

Jabouin a été tout simplement spectaculaire. Debout, comme c’était à prévoir, il a été dans une classe à part. Hougland ne savait plus à quel saint se vouer alors que les coups de pieds arrivaient de partout et étrangement, ça ne l’a pas incité plus qu’il ne le faut à tenter d’amener les hostilités au sol. La lutte de Jabouin n’a presque pas été testée et lorsqu’elle l’a été, il a facilement obtenu la note de passage.



Quand son adversaire a eu le malheur de se retrouver sur le dos, Jabouin ne lui a pas laissé de répit. Son ground and pound était carrément sauvage et il est constamment resté en éveil pour éviter les pièges qu’aurait pu lui poser un adversaire qui a signé sept de ses dix victoires par soumission.

La décision de Jabouin de descendre chez les poids coqs rapporte : il montre une fiche de 3-0 dans sa nouvelle catégorie. Il sera intéressant de surveiller quelle place le UFC lui donnera-t-il dans ses classements officieux. Même s’ils partagent le même gérant, je verrais bien Jabouin et Chris Cariaso dans le même octogone.

Pour ce qui est de Hougland, dire qu’il devait à l’origine affronter Renan Barao…

3. Pauvre Fabio Maldonado.

Aux yeux de plusieurs, il a battu Igor Pokrajac de façon décisive hier soir. Personnellement, je lui avais donné les deux premiers rounds et le voyais gagnant avec une carte de 29–28. Mais malheureusement, les trois juges ont unanimement décidé que j’étais dans le champ. Surtout celui qui a donné un 30–27 douteux au Croate.

La pilule a dû être difficile à avaler, mais si vous êtes comme moi, vous avez tenté de le consoler à distance en lui disant « Au moins, tu vas repartir avec le bonus du combat de la soirée ». Parce que c’en était tout un, avouez!

Puis le combat principal est arrivé et Maldonado est reparti les mains vides. Pas de bole.



4. C’est la fin pour Jason MacDonald. Le vétéran combattant canadien, qui espérait aller chercher une victoire qui lui aurait permis d’obtenir une place – et de mettre le point finale à sa carrière sur le gala estival de Calgary a été victime du K.O. de la soirée contre Tom Lawlor. « The Athlete » n’a pas laissé planer le suspense bien longtemps et a annoncé qu’il accrochait ses gants immédiatement après le gala.

Le UFC attendait le dénouement de ce combat pour compléter la carte du UFC 149. La question qui tue : qui prendra la place qui était réservée à MacDonald?

_MISE À JOUR: Bon, semble-t-il qu'il y ait eu confusion. Mercredi matin, le UFC a précisé que MacDonald n'avait jamais dit qu'il prenait sa retraite. À suivre..._

5. Ça ne fera la Une d’aucun journaux, ça ne fera crasher aucun site internet, mais il faut prendre deux secondes pour apprécier la performance de T.J. Grant, le troisième Canadien en action sur la carte d’hier. Du grappling de grande qualité.



6. Cody. McKenzie. Guillotine.



7. Tous les vétérans du WEC n’ont pas réussi la transition au UFC avec la même facilité. Kamal Shalorus, qui montrait une fiche de 7–0-2 quand les deux organisations ont été fusionnées, a perdu ses trois combats depuis.



8. Je veux voir la jambe gauche de Pat Curran.

9. Je me faisais des burgers pendant le combat entre Dongi Yang et Brad Tavares. Au son, ça avait l’air bon, mais dites-moi, j’ai manqué quelque chose?

10. Ne le prenez pas mal, Amir Sadollah et Jorge Lopez, mais je ne me souviens pas d’une demi-finale qui ait laissé autant de monde dans l’indifférence la plus totale.

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