Peu importe le nombre d’adversaires de l’élite qu’elle bat, Ronda Rousey restera toujours la petite fille à sa maman.

La championne poids coq de l’UFC est l’une des plus dominantes combattantes dans l’histoire récente de l’organisation, hommes et femmes compris. Ses succès répétés chez les 135 livres ont d'ailleurs entraîné une blague du président de l’UFC Dana White, qui a dit que la médaillée de bronze en judo aux Jeux olympiques de 2008 pourrait bien ne plus être qu’à une victoire de devoir affronter des hommes.

Même si la remarque de White se voulait une farce, il est évident que Rousey élimine ses rivales à un rythme que l’UFC peine à suivre. En 2014 seulement, elle a eu besoin de moins de 90 secondes pour mettre Sara McMann et Alexis Davis hors d'état de nuire.

Rousey sait que son talent destructeur est à la fois une bénédiction et une malédiction pour ceux qui organisent les combats, mais ça ne la préoccupe pas vraiment. Lorsqu’elle grimpe dans l’Octogone, son but est d’inquiéter le moins possible sa mère AnnMaria De Mars en réussissant une autre performance dévastatrice.

« Dana a plaisanté à l’effet que je rends son travail difficile, mais ce n’est pas mon rôle de lui faciliter la tâche, a à son tour blagué Rousey lors d’une récente conférence téléphonique. Mon boulot est de causer à ma mère le moins de stress possible. Que je l’emporte rapidement ou efficacement, je veux juste m’en sortir indemne. »

« Après mon dernier combat (contre Davis), lorsque mes jointures ont éclaté, j’ai passé la majeure partie du temps à lui cacher ma main. »

Rousey espère connaître une autre courte soirée de travail lorsqu’elle tentera de défendre sa ceinture face à Cat Zingano en finale de l’UFC 184, au Staples Center de Los Angeles le 28 février. L’évènement coprincipal mettra en vedette un duel pivot alors que Holly Holm, une nouvelle venue dont on a grandement vanté les qualités, fera ses débuts contre Raquel Pennington.

Bien que Rousey ait pris l’habitude d’être expéditive – son seul combat ayant dépassé le 1^er round s’est terminé par une victoire par soumission au troisième engagement contre Miesha Tate à la fin 2013 –, elle ne s’attend pas à ce que ce soit facile contre Zingano.

Une dangereuse cogneuse avec un excellent jeu au sol, Zingano a démontré sa solidité lors de ses deux sorties dans l’UFC, quand elle a signé des gains par K.-O. technique contre Tate et Amanda Nunes. Elle a été mise à l’épreuve encore davantage lorsque son mari, Mauricio Zinano, s’est tragiquement suicidé au début 2014 pendant qu’elle se remettait d’une chirurgie à un genou.

Rousey admet qu’elle devra rester prudente contre une rivale aussi tenace.

« La résilience dont fait preuve Cat est ce qui m’impressionne le plus », a déclaré la championne. Je crois que c’est ce qui a séduit la majorité de ses partisans. Pas seulement dans la manière qu’elle se bat, mais dans la façon qu’elle encaisse les coups. C’est extrêmement impressionnant. C’est quelque chose que je vais garder en tête en vue de l’affrontement. »

« Elle n’est pas du genre à se laisser intimider, donc je n’essaierai même pas. Elle n’est pas non plus du genre à baisser les bras si ça commence à aller mal. Il faut absolument finir le travail, et je suis prête à ça. Je suis prête à m’engager dans une guerre de cinq rounds si c’est nécessaire, mais je serai tout de même la meilleure des deux à la fin du combat peu importe la tournure qu'il prend. »

L’affrontement contre Zingano marque la cinquième défense de titre de Rousey chez les poids coqs, mais aussi son premier combat depuis juillet. Elle était sur le carreau à la suite d’une chirurgie visant à régler des problèmes de genou persistants. Maintenant que c’est derrière elle, Rousey considère qu’elle pourra performer au meilleur de ses capacités. Elle estime aussi avoir évité de peu une blessure potentiellement catastrophique.

« N’oubliez pas que j’ai pratiquement disputé tous mes combats sur une seule jambe. Aujourd’hui je me sens mieux que lorsque j’avais 16 ans, quand j’ai subi ma première chirurgie. J'ai l'impression d'avoir rajeuni. »

« Même ma mère, qui est plus travaillante que n'importe quel autre individu que vous ayez rencontré dans votre vie, me disait : "tu dois reposer ton corps. Ton corps t’envoie un message". Je suis très contente de l’avoir écoutée, parce que quand on a traité mon genou, j’ai appris qu’une excroissance osseuse frottait contre mon ligament antérieur croisé. Il aurait pu se déchirer à n'importe quel moment. »

Si Rousey a bel et bien prouvé quelque chose durant sa carrière, c’est que sa confiance est aussi grande que ses habiletés dans la cage. Elle n’a aucun doute qu’elle trouvera un moyen de triompher de Zingano.

Bien que Rousey ait malmené la division des poids coqs, elle n’a pas l’impression qu’une victoire à l’UFC 184 signifiera qu’elle a fait le tour de sa catégorie. Mais de son propre avis, une fois qu’elle se sera débarrassée de Zingano, le travail de White deviendra encore plus compliqué.

« Je suis certaine qu’il y a d’autres défis qui m’attendent, mais Cat est assurément le plus grand auquel j’ai fait face à ce jour. »

« Il y a beaucoup de compétition à 135 livres, et cette carte en est la preuve. Il y a des femmes en évènements principal et coprincipal parce qu’il y a plusieurs combattantes de qualité qui mérite cet honneur. »

La priorité de Rousey est de consolider encore plus sa domination comme championne, mais à l’instar des Zingano, Holm et Pennington, elle a l’opportunité de prouver que les femmes méritent d’être les têtes d’affiche de galas sur la plus grande scène qui soit en arts martiaux mixtes.

« C’est une belle opportunité, a d’abord dit Rousey. Je crois que cette carte va avoir énormément de succès. Elle va se comparer avantageusement aux évènements où les hommes sont les vedettes principales.

« C’est pourquoi ils ont suffisamment confiance pour nous donner cette chance. L’UFC existe depuis 20 ans. Ils savent comment ça marche et ils ne vont pas mettre en place une carte s’ils pensent que ça va échouer. »