MONTRÉAL – Affirmer qu’Anthony Johnson est un artiste du K.-O. serait un euphémisme. Il en est le spécialiste, toutes divisions confondues.

La puissance de celui surnommé « Rumble » est indéniable. Depuis son retour à l’UFC, cinq des six victoires du premier aspirant des mi-lourds ont été acquises par knock-out, dont quatre dans les trois premières minutes du combat.

« Tu es probablement le combattant le plus puissant des arts martiaux mixtes en ce moment... », a lancé l’auteur de ces lignes à Johnson dans un entretien téléphonique avant que ce dernier n’interrompe sa question.

« Jamais vu! Vas-y, tu peux le dire que je suis le plus puissant cogneur jamais vu », a convenu, sûr de lui, celui qui a signé 16 de ses 22 triomphes en mettant son adversaire hors de combat avec des coups de poing ou de pied.

En plus de faire partie des mi-lourds, Johnson appartient aussi à une autre division de l’UFC : celle des combattants dont il ne faut pas cligner des yeux pour éviter de rater le knock-out.

À sa dernière sortie au mois d’août, il a envoyé Glover Teixeira au pays des rêves en seulement 13 secondes. Une puissante droite sur le menton et le Brésilien se retrouvait au tapis.

Mais d’où vient cette puissance qui fait de lui un des combattants les plus excitants des arts martiaux mixtes?

« Je ne le sais pas, a répondu candidement l’homme âgé de 32 ans. Je lance un coup et si l’autre combattant est sur le chemin, c’est à leur risque. S’il touche la cible, il touche la cible. S’il rate, il rate. »

« Je ne m’attends pas à mettre mon adversaire K.-O. chaque fois que je lance un coup de poing ou un coup de pied », a poursuivi celui qui disputera son deuxième combat de championnat en carrière face à Daniel Cormier, le 10 décembre prochain, lors de l’UFC 206 à Toronto.

Si sa puissance a toujours été son arme principale, il admet qu’un léger changement de technique effectué par ses entraîneurs lui a permis de mieux canaliser sa force de frappe.

« Avant, je lançais des coups avec seulement mes bras. Maintenant, je mets tout mon poids dans un coup de poing. Cela fait une grosse différence. Quand tu lances un coup avec seulement tes bras, tu n’utilises pas vraiment le mouvement de tes hanches ou de tes épaules. Ces coups ne font pas vraiment mal », a expliqué celui qui accumule les bonus de performance grâce à ses retentissantes frappes.

« Je mets tout ce que j’ai dans le coup de poing. Je fais fonctionner toutes les parties de mon corps ensemble et je crois que c’est la différence entre le reste des combattants de la division et moi », a noté celui qui détient une fiche de 22 victoires contre 5 défaites depuis le début de sa carrière dans les AMM.

Cormier, le dernier obstacle pour réaliser son objectif

Le 10 décembre prochain, Rumble en sera à son huitième combat depuis qu’il a effectué un retour à l’UFC en avril 2014.

Lorsqu’on regarde Anthony Johnson, on pourrait facilement le confondre avec un joueur de football tellement il est massif. Il est donc difficile de concevoir comment ce combattant a réussi à compétitionner chez les mi-moyens lors de son premier passage à l’UFC.

Ce dernier avait évidemment beaucoup de difficultés à monter sur le pèse-personne à 170 livres. Il a d'ailleurs excédé le poids requis deux fois. Sa troisième prise est survenue dans un duel face au Brésilien Vitor Belfort.Anthony Johnson

À la pesée de l’UFC 142, en janvier 2012, Johnson avait soulevé l’ire du président de l’UFC, Dana White, en affichant un poids de 197 livres alors que la limite était fixée à 185. Johnson avait prétexté une condition médicale qui l’empêchait de faire sa coupe de poids puisqu’il devait s’injecter un fluide par intraveineuse.

C’était donc la victoire ou la porte de sortie pour le natif de la Géorgie. Belfort, qui avait accepté de se battre malgré tout, a réussi une soumission dès le premier round et White donnait son 4 % à Johnson bien qu’il n’excluait pas un retour futur de ce dernier.

Après six combats dans trois organisations différentes, White a accueilli de nouveau dans ses rangs celui qui allait maintenant combattre chez les mi-lourds à 205 livres, un poids « plus naturel » pour Johnson.

Un seul homme a réussi à encaisser ses puissants coups et à avoir son bras soulevé par l'arbitre à la fin d’un duel depuis son retour : Daniel Cormier. Les deux Américains se sont affrontés en mai 2015 alors que la ceinture des 205 livres était devenue vacante à la suite de la suspension imposée à Jon Jones.

Cormier a semblé sonné par une bonne droite de Rumble, mais a réussi à se ressaisir pour gagner avec sa lutte pour finalement forcer Johnson à abdiquer grâce à un étranglement arrière lors du troisième round.

Johnson aura sa deuxième chance au titre des mi-lourds lorsqu’il montera dans l’octogone le 10 décembre prochain. Cormier sera de nouveau devant lui et son objectif ne sera pas de le mettre knock-out. Ce sera simplement de terminer avec la ceinture autour de la taille, peu importe la manière dont il doit s’y prendre.

« J’ai toujours eu comme but de gagner un titre. Ce n’est qu’une question de temps à savoir quand cela va se produire. Jusqu’à maintenant, tout se passe comme prévu », a-t-il indiqué, lui qui n’a pas cherché d’excuse pour expliquer sa première défaite face à « DC ».

Peu importe s’il termine sa carrière en ayant été champion à un moment ou un autre, les amateurs des arts martiaux mixtes se souviendront toujours de Johnson pour ses knock-out retentissants. Mais le principal intéressé aimerait bien que les souvenirs ne s'arrêtent pas à ce seul aspect de sa carrière de combattant.

« Je veux juste être reconnu comme le gars qui n’a jamais abandonné. Les gens m’ont vu tomber et maintenant ils me voient approcher de mon plein potentiel et de mon objectif. Alors je veux aussi qu’on se souvienne de moi comme celui qui a atteint son but après avoir frappé le fond du baril. »

Le fond du baril, c’était le 14 janvier 2012. Le plein potentiel, lui? On ne le sait pas encore. Rumble donnera une réponse plus précise à cette question au Centre Air Canada lors de l'UFC 206.