Alistair Overeem avait beaucoup à prouver lors de son entrée dans le Grand Prix des poids lourds de Strikeforce.

À lui-même, d’abord, parce que son adversaire, Fabricio Werdum, l’avait déjà battu cinq ans plus tôt et qu’il avait encore cette défaite sur le cœur. Mais aussi à tous les observateurs qui le voient davantage comme un personnage de bande dessinée au corps artificiellement gonflé que l’un des cinq meilleurs poids lourds du monde des MMA.



Je ne sais pas si Overeem a l’impression d’avoir remis les pendules à l’heure avec Werdum, mais sa dernière performance ne lui a certainement pas permis de faire un pas en avant dans les classements. Meilleur que Junior Dos Santos ou Cain Velasquez, le Reem C’est assez clair qu’on ne peut pas répondre à cette question par l’affirmative aujourd’hui.

Pas qu'il ait été mauvais. Mais de la part de la première tête de série du tournoi – officieusement, en tout cas – on était en droit de s’attendre à mieux. Le Néerlandais a fait du bon travail pour éviter d’aller au sol contre le maître du jiu-jitsu brésilien, mais on ne peut pas dire qu’il a été dominant dans l’aspect du combat où il était le plus fort, c’est-à-dire le striking

En fait, quand il ne faisait pas de clowneries sur son dos pour essayer de convaincre Overeem d’aller le rejoindre, Werdum ne se débrouillait vraiment pas si mal sur ses deux jambes. Ses frappes n’étaient pas les plus puissantes, mais elles étaient précises et ont surpris à quelques reprises un adversaire qui ne s’attendait peut-être pas à se faire défier de la sorte dans sa zone de confort.



C’est pourquoi je me demande si on ne devrait pas remettre en question la stratégie de Werdum. Au deuxième round, chaque fois qu’il encaissait un coup, il se jetait par terre et tentait d’attirer Overeen dans sa garde, le même piège qu’il avait tendu à Fedor. En début de combat, je peux comprendre, mais à mesure que le duel progressait et qu’il devenait évident qu’Overeem n’allait pas se faire avoir, j’aurais aimé voir Werdum faire davantage confiance à ses habiletés debout. De toute façon, avait-il vraiment d’autre choix?



Un fait inquiétant, en terminant, à propos du Demolition Man : trois minutes s’étaient écoulées entre la fin du combat et le début de son entrevue sur Showtime, mais il n’avait toujours pas repris son souffle quand le micro lui a été présenté. Overeem était incapable de placer trois mots sans avoir à laisser entrer une bonne bouffée d’air dans ses poumons.

En bout de ligne, le champion de Strikeforce, de Dream et de K-1 a peut-être obtenu des pointages de 30–27 sur deux des trois cartes des juges, mais je crois que sur l’ensemble des trois rounds, le combat a été beaucoup plus serré.

Vous savez ce que je me dis? J’aime les chances de Big Foot en demi-finale…

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Parenthèse : et si Strikeforce avait adopté un règlement semblable à celui qui récompense les combattants pour un K.-O. dans le tournoi de boxe du Super Six, croyez-vous que le spectacle serait de meilleure qualité? Deux divisions de quatre combattants avec un tournoi à la ronde pour déterminer les gagnants de chaque section, qui s’affronteraient dans une grande finale. Vous aimez l’idée?

ROGERS vs BARNETT

Brett Rogers était le combattant le moins expérimenté de ce Grand Prix. Ça, c’est un fait. Mais à voir la facilité avec laquelle Josh Barnett l’a manipulé, on pouvait presque aussi croire qu’il n’appartenait pas à la bonne catégorie de poids pour y participer.

Barnett a traité Rogers comme s’il était un mi-lourd. Cette projection, au tout début du premier round? Rogers pèse 260 livres, mais Barnett en a disposé comme s’il était Arnold dans « Un flic à la maternelle ».

Et une fois au sol, Rogers a eu l’air d’un véritable enfant d’école contre l’expert en catch wrestling Barnett a deux fois et demi plus de combats à sa fiche et le duel a semblé inégal dès le départ.



Qu’avez-vous pensé du petit show donné par Barnett après sa victoire? Pour ma part, je dois dire que le Baby Faced Assassin m’apparaît comme un gars sympathique qui a de la gueule et des choses intéressantes à dire. Mais le journaliste en moi accroche un peu quand je le vois s’emparer du micro de l’annonceur pour faire son petit numéro de WWE.



Êtes-vous du même avis que moi ou trouvez-vous que j’exagère? Trouvez-vous que « l’entrevue » donnée par Barnett après sa victoire projette une mauvaise image du sport professionnel que sont les MMA?

NOONS vs MASVIDAL

Le nom de famille de K.J. Noons a beau rimer avec l’heure du lunch, je vous garantis que le monsieur avait perdu toute notion du temps lorsqu’il a rejoint son coin après le premier round de son combat contre Jorge Masvidal.

La dernière fois que j’avais vu Masvidal en action, c’était au début mars contre Billy Evangelista et je me souvenais que son muay thaï m’avait laissé une bonne impression. On peut dire qu’il a repris où il avait laissé hier. Trois coups de genoux volants et de bons coups de pieds aux jambes en partant ont fait comprendre à Noons que la soirée ne se déroulerait peut-être pas comme il l’avait prévu.

La fin du premier round a été complètement malade. Masvidal a terrassé Noons en lui appliquant sa cheville sur la mâchoire et l’a tout de suite suivi au sol, où il a tout fait pour l’achever. Mais pour reprendre les paroles de Ken Shamrock, « Noons is a fighter though. He don’t care. » Comme un élève à l’École du Micro d’Argent, « à ce stade, seul le sang lui procure du plaisir ».





Noons a peut-être une face de vendeur d’assurances, mais il a encore une fois prouvé qu’il avait le cœur à la bonne place en survivant aux cinq premières minutes et en en donnant pour son argent à Masvidal dans les dix dernières.

Masvidal a montré beaucoup de bonnes choses contre Noons. Sa boxe a été plus qu’à la hauteur et il a facilement amené le combat au sol quand l’envie lui prenait de le faire.

À 26 ans, Masvidal m’a l’air d’un excellent prospect, mais je ne sais pas s’il est vraiment mûr pour un combat de championnat. J’aimerais le voir gagner en maturité et ajouter des outils dans son coffre en vue d’une éventuelle fusion avec le UFC, mais les divisions actuelles de Strikeforce manquent tellement de profondeur qu’il sera vraisemblablement le prochain adversaire du champion Gilbert Melendez. L’avenir nous dira si sa carrière en bénéficiera.

Et dire qu’on n’aurait jamais vu ce combat sur la carte principale n’eut été du forfait de Gina Carano. C’est à se demander à quoi pensent les gens de Strikeforce, parfois.

CORMIER vs MONSON

J’avais entendu beaucoup de bonnes choses sur Daniel Cormier, mais la qualité de sa boxe semblait représenter un point d’interrogation avant son combat contre Jeff Monson. Un point d’exclamation semble maintenant le signe de ponctuation tout désigné pour décrire cette facette du jeu de l’ancien olympien.

Cormier a été impressionnant. J’ai aimé la rapidité de ses mains, la régularité avec laquelle il plaçait son crochet de la gauche et la bonne habitude qu’il a prise de terminer ses combinaisons avec de bons coups de pieds aux jambes.





Monson, lui, avait beaucoup de tattoos

V. OVEREEM vs. GRIGGS

Ironique, vous ne trouvez pas, qu’un gars prénommé Valentin n’ait pas de cœur?

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Petite note en guise de conclusion. À peine plus de 7000 spectateurs ont assisté au gala. Quand on pense qu’ici, au Québec, Ringside est capable de mettre 4000 personnes dans le Centre Bell pour une carte à saveur locale, je me dis que quelque chose cloche dans l’équipe de marketing de Strikeforce. Et à l’extérieur de la cage, la qualité du spectacle (éclairage, musique, entrée des combattants) avait l’air médiocre.

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