Diego Sanchez avait promis que Jake Ellenberger et lui livreraient le genre de combat que les amateurs de batailles de ruelles n’avaient pas eu une dizaine de jours plus tôt entre Carlos Condit et Nick Diaz.

À défaut d’avoir obtenu le résultat final qu’il souhaitait, Sanchez a au moins prouvé qu’il était un gars de parole. Mais au fond, qui ne le savait pas déjà?



Sanchez, qui avait fait une autre entrée enragée vers l’octogone, cette fois en brandissant un crucifix (?!), passait un mauvais quart d’heure quand il est rentré dans son coin après le deuxième round du combat principal du gala présenté à Omaha, la ville natale de son rival. Tout ce qu’il avait réussi à faire dans les dix minutes précédentes, c’était de montrer que sa mâchoire était assez solide pour recevoir les briques d’Ellenberger, qui visait une troisième victoire de suite par K.-O.

Les premières attaques de Sanchez étaient maladroites, télégraphiées et gauchement exécutées. Chaque fois qu’il se lançait vers l’avant, il laissait son menton bien haut, suppliant presque Ellenberger d’y appliquer ses phalanges en contre-attaque. Sa tête reculait, le sang se répandait, mais la plupart du temps ses jambes demeurait à la verticale.



N’empêche, à mi-chemin dans le combat, Ellenberger se léchait les babines, des étoiles dans ses yeux. C’était presque trop facile.

Mais le favori de la foule l’a trouvé beaucoup moins drôle au troisième. Tranquillement pas vite (trop tard, diront certains), Sanchez a commencé à gagner en efficacité, à un point tel qu’Ellenberger a jugé qu’il était dans son meilleur intérêt de jouer de prudence en exécutant une amenée au sol. Bonne décision, sur laquelle Sanchez s’est toutefois empressé de mettre son droit de veto, retournant immédiatement sur ses pattes avant de prendre le dos de son assaillant et de lui faire la vie dure – très dure – jusqu’au son de la dernière cloche.



La marchandise a été livrée et la logique (la mienne en tout cas) a été respectée, mais il y a une question qui n’est malheureusement pas près de sortir de la tête des amateurs (la mienne en tout cas). Et si le combat avait été prévu pour cinq rounds, comme c’est normalement le cas avec toutes les attractions principales depuis le UFC 138? On ne saura jamais si Ellenberger aurait été en mesure de récupérer ou si Sanchez aurait profité du momentum pour dominer le reste du combat.

Quelques-uns d’entre nous s’étaient interrogés sur la durée du combat par le biais des commentaires sur mon billet précédent. La confusion semblait régner, mais considérez le problème comme réglé : tard mercredi soir, Dana White a avoué qu’il avait foiré en limitant ce duel à trois rounds et qu’à l’avenir, le combat principal de chaque gala sera considéré au même titre qu’un combat de championnat. D’accord avec cette décision?

La victoire d’Ellenberger combinée aux rapports contradictoires qui émergent depuis quelques jours sur les réelles intentions de Carlos Condit relance aussi le débat sur l’état à court terme de la division des mi-moyens. Personnellement, je reste sur ma position et prédit qu’on assistera à une défense intérimaire de Condit face à Ellenberger avant le retour de Georges St-Pierre. L’histoire est trop belle et trop prometteuse pour qu’on n’en voie jamais le dénouement. Partagez-vous ma vision des choses? Votre réaction est-elle la même lorsque vous tentez de vous mettre dans les souliers de Condit?

Les bons gars ne finissent pas toujours derniers

Je crois sincèrement que si on sème le bien autour de soi et qu’on reste droit et intègre dans les moments plus difficiles, la vie finira toujours par nous le remettre. Trois mois après avoir perdu son emploi comme gardien de sécurité, le sympathique Montréalais Ivan Menjivar avait bien besoin d’un petit remontant et il n’aurait probablement pas pu imaginer un meilleur scénario pour son quatrième combat au UFC.



Menjivar est passé bien près de revenir à la maison le caquet bas. Ses affaires n’allaient vraiment, mais vraiment pas bien quand John Albert le martyrisait dans un coin de l’octogone sous la supervision d’un arbitre attentif, mais patient. Finalement, dans un revirement de situation aussi inattendu que spectaculaire, le Québécois d’adoption est parvenu à prendre le dos de son cadet et à faire son chemin jusqu’à l’étranglement arrière. Tout un retour.



_La Fierté d’El Salvador_ rentre au pays avec son cachet, son bonus de victoire et un chèque additionnel de 50 000$ pour avoir réussi la soumission de la soirée. L’argent ne fait peut-être pas le bonheur, mais ce butin facilitera sûrement la vie d’un père de famille qui le mérite bien.

Menjivar a maintenant remporté ses trois derniers combats. Quel test lui offririez-vous pour sa prochaine apparition si la décision vous revenait?

Autres observations

T.J. Dillashaw, peutêtre? Le membre de Team Alpha Male, qui avait été battu par John Dodson en finale de la 14e saison de The Ultimate Fighter a planté ses crocs dans la gorge de la « Gazelle » Walel Watson dès les premières secondes de son retour dans l’octogone et ne l’a pas lâchée jusqu’à ce qu’on vienne lui dire que le temps était écoulé. C’était un duel classique entre un bon lutteur et un striker talentueux, mais pas encore assez complet.

Dillashaw a complètement détruit Watson, qui avait échappé une décision très serrée face à Yves Jabouin en décembre à Toronto. Son talent est indéniable, mais il n’a que six combats professionnels à sa fiche. Mérite-t-il une chance contre un vétéran comme Menjivar?

Peutêtre que Stefan Struve a un menton finalement. La flèche des Pays-Bas a mangé quelques bonnes taloches dans son premier round contre Dave Herman et à un certain point, je me demandais s’il avait vraiment le goût d’être là. Heureusement pour lui, il y avait encore plus nonchalant en face de lui. Plusieurs experts reprochent à Herman de manquer de sérieux dans son approche et de gaspiller son talent. Difficile de ne pas approuver après l’avoir vu perdre un combat qui était certainement à sa portée.

Une photo juste pour ceux qui n’avait pas encore vu le velours cutané de Herman.



Le Croate Stipe Miocic a mérité le bonus du K.O. de la soirée pour avoir envoyé dans les limbes son confrère transatlantique Philip De Fries. Après sa victoire, j’ai proposé qu’on lui oppose le gagnant du combat entre Struve et Herman, qui n’était toujours pas connu. Est-ce que cette perspective vous plaît?

Je ne me souviens pas d’avoir retenu mon souffle à la vue d’une performance d’Aaron Simpson… à part peutêtre une fois où je jugeais que la mort par asphyxie ne pouvait pas être plus pénible que le spectacle qui s’offrait à moi. Un bel uppercut au premier round, il faut lui donner, mais une incapacité à en finir qui devient sa marque de commerce : ses cinq derniers combats ont atteint la limite. Et son dernier s’est soldé par une défaite contre Ronny Markes.

- Je vais l’avouer, je ne pensais pas que Jonathan Brookins avait assez de puissance pour endormir un gars en ground and pound comme il l’a fait à l’intérieur de la garde de Vagner Rocha Bonne chose pour Brookins, qui a, tout comme Diego Sanchez, dû se battre avec ses démons avant de revenir en force dans l’octogone.

- Une belle découverte dès le début de la carte : les genoux de Tim Means.

- Pas la démonstration la plus spectaculaire, mais néanmoins des débuts prometteurs pour les deux recrues Justin Salas (vainqueur) et le Finlandais Anton Kuivanen.

Ah oui! Pour ceux qui les cherchaient, sachez que le combat qui devait opposer Buddy Roberts et Sean Loeffler n’a pas eu lieu. Le coloré Loeffler s’est blessé dans son échauffement d’avantcombat.

Et vous, gang de maniaques. Quels sont les coups de cœur et les coups de boule de votre mercredi soir de combats?

_Si vous êtes sur Twitter, il est possible de me suivre_ @NicLandryRDS.