UFC : Carmont pourrait chanter Cash
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 23:06 dimanche, 15 avr. 2012. 04:21On comprendrait si Francis Carmont était un peu nerveux.
Depuis que les sports de combat existent (Dana White avait encore des cheveux), le nombre de décisions douteuses favorisant l’attraction locale ont été aussi nombreuses que le nombre de fois où Joe Rogan a dit qu’il venait de voir le meilleur combat de l’histoire. En d’autres mots, pas facile d’aller chercher une décision dans la cour de son adversaire.
Et en fin de semaine, notre ami Francis se bat en Suède. Contre un Suédois.
La semaine dernière, Georges St-Pierre, qui sera dans le coin de son bon ami à Stockholm, avait parlé de la part de risques qui accompagne un combat en zone ennemie.
“Ça va être un combat très, très dur parce qu’on s’en va se battre en territoire hostile. Francis sait que pour gagner le combat, il devra dominer à 100% ou même finir son adversaire.”
Mais soyez rassuré. Le sympathique Français n’en sera peut-être qu’à son deuxième combat au UFC lorsqu’il affrontera Magnus Cedenblad, mais il sera loin d’en être à son premier rodéo. Avant d’arriver au Canada l’été dernier, Carmont s’était bâti une fiche plus que respectable en faisant le tour du Vieux Continent. Suisse, République tchèque, Pologne, Russie, Pays-Bas, Slovénie, Angleterre et Suède, justement. Vous pouvez aussi ajouter l’Australie, la Tunisie et le Costa Rica.
Alors Francis, la Suède, ça te rend nerveux? Inquiet, peut-être?
“Non. Ça ne me dérange pas du tout”, dit-il sur un ton qui ne nous laisse d’autre choix que de le croire.
On serait porté à imaginer que Carmont a vécu toutes sortes d’expériences abracadabrantes et scandaleuses dans tous ces galas gérés par des organisations méconnues. Mais non. Le Parisien d’origine garde généralement de bons souvenirs de son parcours professionnel en Europe.
"Je me souviens d’une fois en Angleterre où on avait dû s’entasser à quatre ou cinq fighters pour aller combattre à deux heures de route de notre point de départ, racontait Carmont dans un récent entretien. C’était un peu compliqué! Mais généralement, les organisations en Europe sont bien rodées.”
Le premier combat de Carmont était justement en Angleterre, en 2004.
“Je me rappelle, c’était en poids lourds. Je pesais 100 kilos à l’époque je crois, dévoile celui qui fait aujourd’hui compétition chez les 185 livres. Je crois que c’était à l’UKMMA contre un gars qui s’appelait Kuljit, ou quelque chose du genre. Ça avait été une belle expérience. Je ne le savais même pas, mais il y avait une ceinture en jeu. Bon, c’était une petite ceinture, mais quand même!”
Ça n’allait pas être la seule ceinture sur laquelle Carmont allait mettre la main. En 2006, après avoir accepté une invitation de l’organisation polonaise KSW, il a gagné trois combats dans la même soirée pour enlever les honneurs d‘un tournoi satisfaisant.
“Je venais de perdre contre ‘Cyborg’ Santos et j’étais un peu déçu. Lorsqu’on m’a dit que deux ou trois semaines après, il y avait un tournoi là-bas, j’étais encore frustré d’avoir perdu et j’avais voulu y aller. Ça s’était finalement très bien passé.”
Mais comme le laissent sous-entendre les sept défaites à sa fiche, Carmont n’a pas connu que des moments de réjouissances depuis le début de sa carrière.
“À mon premier passage en Suède, j’avais rencontré un adversaire qui était beaucoup plus petit que moi. Il s’appelait Grzegorz Jakubowski. J’étais parti un peu trop confiant et je m’étais fait surprendre dès le début. Ce sont des bonnes défaites, parce qu’elles te permettent d’aller de l’avant, d’apprendre de tes erreurs.”
_Le dernier combat de Carmont avant de traverser l’Atlantique._
Ses défaites, Carmont les a toutes gardées en mémoire et bien humblement, il croit qu’il n’en aurait pas autant à ruminer s’il avait donné plus tôt une direction adéquate à sa carrière.
“Il y a beaucoup de combats auxquels je repense maintenant et je réalise à quel point ils étaient à ma portée, à quel point j’aurais dû les gagner. Avec le rythme de vie que j’ai adopté depuis que je suis au Québec, je me demande même comment je faisais pour aller faire des combats avec la préparation de l’époque. J’étais entraîné, mais jamais autant que maintenant.”
“Quand j’étais en France, je m’entraînais une fois par jour alors qu’ici, c’est deux fois par jour pendant six jours, ajoute-t-il. Je me demandais pourquoi je manquais de cardio après un round, mais maintenant je comprends!”
UNE RARETÉ : UN ADVERSAIRE PLUS GRAND
Carmont a bien fait à son baptême du UFC – une victoire par décision unanime contre Chris Camozzi en octobre – mais pas assez pour s’asseoir insouciamment sur ses succès. Rien de surprenant là-dedans lorsqu’on connaît les standards de son entourage.
“Ça a été un combat satisfaisant, mais il y a quelques paramètres que j’aurais pu mieux contrôler. Par exemple, l’empêcher de me bloquer contre la cage ou de se relever quand il était au sol. Camozzi voulait absolument lutter, me coincer contre le mur pour ensuite m’amener au sol. J’étais prêt pour ça, mais ce n’était pas le plan de match. Je voulais me concentrer à rester debout, je voulais faire le contraire de ce qu’il voulait pour le gêner mentalement. Quand on est revenu ici, on a travaillé là-dessus et vous verrez encore de meilleures choses bientôt.”
Carmont a été solide, mais pas assez pour qu’on lui offre un adversaire mieux classé dans les rangs de l’organisation. Cedenblad montre une bonne fiche (10–3 selon Sherdog) et rien n’indique qu’il sera une proie facile, mais il n’a pas le genre de nom qui permettra à Carmont de monter de grade.
“J’aurais surtout voulu combattre plus rapidement. Déçu de l’adversaire? Peut-être un peu, mais j’ai rapidement accepté le défi. Au UFC, on doit accepter n’importe qui.”
Carmont ne connaissait rien de Cedenblad, dont les succès se limitent jusqu’ici à l’échelle locale.
“J’ai vu qu’il avait une bonne boxe d’après les quelques vidéos que j’ai pu voir sur internet. Il est grand, 6 pieds 4 pouces je crois. Il est pas mal aussi au sol. On a un peu la même taille et les mêmes atouts, alors je pense que ça sera intéressant.”
MONTRÉAL AVANT PARIS
Après un récent voyage éclair en France, où les arts martiaux mixtes ne sont toujours pas réglementés, les propriétaires du UFC ont laissé entendre que la tenue d’un événement dans la Ville Lumière pourrait être réalisable dans un avenir relativement rapproché.
Quand le temps sera venu, Carmont sera probablement au nombre des combattants considérés pour faire partie de l’histoire sportive de son pays natal. Mais étonnamment, l’idée de l’emballe pas trop.
“Un rêve, c’est un grand mot”, avoue-t-il avant de faire connaître ses réelles allégeances.
“Moi, mon rêve, ça serait de combattre à Montréal parce que maintenant, je me considère plus Canadien d’adoption que Français. Il y a vraiment une différence dans la qualité de vie qui est énorme. Montréal, c’est relax. Certains parlent toujours du froid, mais je me dis qu’on ne peut pas avoir tout ce qu’on veut, le soleil à l’année et les gens qui vont avec! Je me sens beaucoup mieux à Montréal qu’en France. Alors combattre au Centre Bell, ça serait incroyable.”
Carmont se croise donc les doigts. D’abord pour que tout se déroule bien en fin de semaine, ensuite pour que le UFC tende une oreille attentive à ses souhaits.
“On avait demandé d’être sur la carte du UFC 145, qui devait à l’origine être à Montréal, mais le UFC voulait absolument que je combatte en Europe. Je sais aussi qu’il y a un gala en Angleterre en septembre, alors j’espère qu’ils ne me feront pas plutôt combattre là-bas vu que je suis Européen. J’aimerais me battre à Montréal en novembre… mais c’est vrai qu’un UFC à Paris serait pas mal aussi!”
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