En l’espace d’une semaine, Georges St-Pierre et ses complices ont reçu une multitude de réponses positives par rapport au lancement de la « Mixed Martial Arts Athletes Association » qui vise à sortir les combattants de « l’époque de Maurice Richard ».

L’association menée par GSP, Cain Velasquez, T.J. Dillashaw, Donald Cerrone et Tim Kennedy a été officiellement lancée le 30 novembre et elle a déjà le vent dans les voiles. Selon certaines estimations, plus de 200 combattants auraient déjà manifesté un intérêt à joindre le mouvement.

« Je ne peux pas donner le nombre, mais ça se passe très bien. On a attiré beaucoup de gens, mais je n’ai pas le nombre exact », s’est réjoui GSP qui ne ménage pas les efforts dans ce projet.

« Ça prend beaucoup de mon énergie présentement. Je ne suis pas payé pour le faire, je le fais parce que c’est une bonne cause et parce que j’aurais aimé que quelqu’un l’ait fait pour moi avant. Mais l’infrastructure du sport n’était pas possible à l’époque. Maintenant, on peut le faire », a enchaîné le combattant qui a été rencontré dans le cadre d’une annonce de la Banque CIBC qui a effectué un don de 25 000$ à la Fondation Georges St-Pierre qui lutte contre l’intimidation chez les jeunes en plus de promouvoir l’activité physique en milieu scolaire.

Au cours des derniers jours, le Québécois a pris le temps de discuter avec plusieurs de ses confrères et il a référé ceux-ci au conseiller technique du groupe, Bjorn Rebney, qui partage plus d’informations.

Lorsqu’on considère que l’UFC a été vendu pour une somme astronomique de quatre milliards, ça demeure étonnant que les athlètes doivent se contenter de conditions aussi archaïques.

« C’est comme au hockey. À l’époque, il y a eu Maurice Richard et ensuite Guy Lafleur ainsi que Wayne Gretzky. C’est juste une comparaison, mais en MMA, on est comme à l’époque de Maurice Richard … », a osé dire GSP pour décrire le contexte des combattants.

St-Pierre n’était pas forcé de s’investir dans cette lutte, mais il considère que ça ne peut plus durer ainsi.

« Depuis que je suis arrivé en UFC, j’ai connu des combattants qui ont changé. Ils ne sont plus les mêmes personnes. Ils finissent et ils sont cassés, ils n’ont pas d’argent, pas d’assurances, pas de soins médicaux, pas de soins psychologiques… », a déploré l’homme de 35 ans.

St-Pierre donne son temps pour la bonne cause

« Dans mon cas, j’ai été chanceux et j’ai travaillé fort. Je suis un peu une exception dans mon domaine. Présentement, c’est comme si j’avais fini ma carrière, j’ai beaucoup d’argent et je suis en pleine santé. C’est très, très rare que ça se passe comme ça », a-t-il insisté.

« La plupart des combattants qui finissent n’ont pas d’argent et leur santé dégringole. Ils sont laissés à eux-mêmes. C’est vraiment très dommage parce qu’ils ont une famille à faire vivre. Les conditions sont insupportables », a poursuivi St-Pierre.

Bien sûr, ces problèmes ont été constatés il y a déjà longtemps, mais l’élan actuel permettrait de faire progresser les choses.

Nul doute, St-Pierre est persuadé que les démarches seront concluantes.

« Ça va se faire, c’est une question de temps. Ce n’est pas : ‘Est-ce que ça va se faire, mais quand ça va se faire’. J’ai parlé à tout le monde et tout le monde est d’accord avec moi », a assuré le revendicateur qui doit convaincre plus de la moitié des combattants pour faire avancer les dossiers.

Parmi les aspects à régler, GSP et ses alliés doivent trouver le moyen de faire front commun même si d’autres associations ont été lancées au même moment.

« On ne devrait pas être en compétition, on devrait s’allier. On va avoir plus de pouvoir ainsi », a souhaité l’athlète de renommée mondiale.

Éviter la grève à tout prix et ne pas diaboliser Dana White

Comme n’importe quel mouvement qui vise à forcer un opposant à plier, la MMAAA utilisera des moyens de pression. GSP et ses partenaires ont établi quelques stratégies, mais celle de la grève se retrouve loin sur la liste.

« On ne veut pas aller en grève, c’est la dernière option. C’est à éviter pratiquement à tout prix puisque beaucoup de combattants n’ont pas d’argent pour aller en grève. On va trouver une façon de s’arranger », a cerné l’ancien champion du monde.

Quelques avenues seront à étudier dont celle d’utiliser l’influence des athlètes qui détiennent des parts de l’UFC. Cam Newton et Tom Brady sont notamment impliqués dans l’aventure.

« Ils comprennent la situation dans laquelle on se retrouve. Je suis certain que c’est inacceptable de leur point de vue. Ils n’étaient probablement pas au courant des conditions quand ils ont embarqué dans le projet, c’est le cas pour la plupart des gens. C’est pour ça qu’on essaie de dévoiler le portrait au grand jour », a révélé St-Pierre.

Nordine Taleb discute avec Georges St-PierreDans un monde idéal, les démarches de la MMAAA permettront d’établir un « salaire minimum » acceptable pour des combattants qui risquent leur santé dans l’octogone.

« On doit en discuter ensemble, je trouve que l’opinion des autres est très importante. On doit mettre un système en place qui est favorable pour tout le monde et pour la promotion du sport », a surtout souhaité GSP qui n’entrevoit pas un ralentissement dans les actions.

« Ça peut se faire en quelques semaines ou bien en un an ou deux. Personnellement, je pense que ça va aller vite. Les combattants sont frustrés de ce qui se passe et ce mouvement aurait dû se passer il y a bien longtemps. »

St-Pierre a aussi profité de l’occasion pour défendre Bjorn Rebney, le conseiller technique, qui encadre les athlètes à l’origine de cette initiative. Rebney a essuyé quelques critiques étant donné qu’il a déjà porté le chapeau de promoteur chez Bellator.

« On est chanceux de l’avoir, il a beaucoup de connaissances, il a été de l’autre côté, celui du promoteur. Il a donné 50% aux combattants alors que l’UFC donne 8%. L’UFC est tellement gros qu’ils ont le monopole. Par conséquent, les autres organisations sont un peu insignifiantes », a-t-il exprimé.

St-Pierre a également tenu à tempérer le rôle de Dana White, le visage de l’UFC, qui est blâmé pour plusieurs problèmes.

« Souvent, il paraît comme la méchante personne aux yeux des gens. Mais ce n’est pas une mauvaise personne, il fait son travail, il fait ce qui est dans le meilleur de ses intérêts. Souvent, ses patrons lui ordonnent de faire des choses qui le font mal paraître », a précisé celui qui n’a pas combattu depuis trois ans.

Tout ce débat soulève toujours des questions sur l’avenir de GSP comme combattant et non comme représentant.

« Je pense que je suis encore intéressé à retourner dans l’octogone si les conditions sont bonnes. Quel genre de personne je serais, si je retournais me battre à des conditions qui ne sont pas favorables pour moi pendant que j’essaie de me battre pour les conditions de tout le monde. Si je le fais pour les autres, je dois le faire pour moi », a avoué l’homme d’influence.

Invité à en dire davantage sur la proposition qui n’était pas satisfaisante, GSP y est allé de cette conclusion.

« Ce n’est pas à propos du salaire, il faut simplement que ce soit équitable. L’UFC fait beaucoup d’argent alors on veut que ce soit favorable pour les deux côtés. Jusqu’à présent, ce qu’ils m’ont offert, c’est seulement moi qui prends le risque à 100%. Personne d’intelligent qui connaît le milieu n’aurait accepté le contrat sous ces conditions. C’est inacceptable et, moi, j’ai le choix. Si je ne me rebats pas dans l’octogone, je vais peut-être me battre ailleurs. Il faut aussi que ce soit un adversaire qui m’excite », a témoigné St-Pierre qui était en verve.