Mon souhait et probablement le vôtre aussi s’est réalisé sous mes yeux en fin de semaine alors que deux des combats potentiels les plus attendus pour 2012 se sont finalement concrétisés lors du retour du UFC à Chicago.

Silva-Sonnen II. Jones-Evans.

C‘est ce que les amateurs voulaient. C‘est ce que les deux nouveaux aspirants voulaient. C‘est ce que la grosse machine marketing du UFC voulait.

_Get the popcorn ready._

1. Avait-on surestimé Phil Davis ou plutôt sous-estimé Rashad Evans? Comme dirait Abe Simpson, un petit peu de la question A pis un petit peu de la question B

On ne se contera pas de peurs, Evans n’a jeté personne sur le derrière samedi soir. Disons-le comme ça : lorsqu’il prendra sa retraite, probablement que le nom de Phil Davis n’apparaîtra pas dans le générique du petit hommage vidéo qu’on fera jouer juste avant son discours.

Peut-être parce qu’il avait déjà les yeux rivés sur l’objectif suivant, Evans n’a pas semblé avoir la pleine maîtrise de son art face au dernier obstacle qui le séparait de ses retrouvailles tant attendues avec Jon Jones. Mais qu’on se comprenne : il a totalement dominé le jeune prétendant dans chaque aspect du jeu.

Davis devait être le meilleur lutteur. Son bagage amassé au niveau universitaire, bien documenté dans la semaine précédant le combat, devait être son plus gros avantage, sa planche de salut. Mais il n’en fut rien. Evans a démontré qu’il n’est pas nécessairement prudent d’associer les succès récoltés sur les tapis de la NCAA à ceux convoités dans l’octogone. Devant lui, Davis, un ancien champion pour l’Université Penn State, a eu l’air de tout sauf d’un lutteur élite.



Ses plus gros coups, Evans les a portés au sol, où il a lui-même amené le combat après avoir facilement intercepté quelques coups de pieds. Davis est un mastodonte, un impressionnant spécimen physique, mais il avait plus souvent qu’autrement l’air d’une vulgaire pelote de laine dans les griffes d’un puissant félin sous le poids d’Evans.

On savait Davis bourré de talent et le fait qu’il doit aujourd’hui se remettre de sa toute première défaite en arts martiaux mixtes ne change absolument rien à cette affirmation. Je crois simplement qu’il n’était pas mûr pour se retrouver dans la même cage qu’un vétéran du calibre de « Suga ».

Evans aussi a des réponses à aller chercher. S’il n’a rien de mieux à offrir dans trois mois lorsque Jones et lui se retrouveront à Atlanta, ce combat-là non plus ne se retrouvera pas dans son hommage vidéo, mais pas pour les mêmes raisons.

2. Quel verdict pouvait-on lire sur votre carte de pointage lorsque Chael Sonnen et Michael Bisping sont retournés dans leur coin respectif en attendant celui des juges?

Personnellement, j’avais donné le premier à Bisping. Il avait été amené au sol à deux reprises, mais s’était chaque fois relevé assez facilement et avait su prendre le contrôle de l’octogone le reste du temps. Le deuxième était encore plus serré et honnêtement, j’essaie toujours de trouver une raison valable pour justifier ma décision de le donner à Sonnen, qui a par la suite gagné le troisième de façon décisive.



Ce fut donc beaucoup plus ardu que prévu pour le Champion du Peuple, mais il y aura finalement une suite au combat mémorable qu’il avait livré à Anderson Silva en août 2010. Pour celui-là, le département des plaintes ne risque pas de recevoir trop d’appels.

Pour ceux qui n’en peuvent plus d’entendre Sonnen débiter des discours qui feraient rougir le Ultimate Warrior (merci à Yves Lavigne pour la référence), aussi bien sortir tout de suite les bouchons. Les tactiques d’autopromotion de l’aspirant sont maintenant bien connues et ne surprendront personne au cours des prochains mois, sinon par leur originalité.



Mais une fois entré dans l’octogone, Sonnen peut-il espérer un résultat favorable en utilisant la même méthode qui l’a déjà fait humer l’odeur de la victoire? Ou jugez-vous plutôt que sa bonne performance était le fruit de la chance (rappelez-vous que Silva avait prétexté une blessure aux côtes après sa victoire)? S’il doit apporter des ajustements en vue du deuxième tome, quels sont-ils?

Et pour revenir à Bisping, ne serait-il pas temps pour ses détracteurs de lui donner un peu de crédit? Le mal-aimé britannique a admirablement tenu son bout face à un lutteur établi qui a complètement brutalisé des gars comme Nate Marquardt, Brian Stann et, oui, Anderson Silva.

On peut bien continuer à lui chercher des défauts, mais Bisping est un combattant élite, qu’on le veuille ou non.

3. Existe-t-il un combattant plus énigmatique, imprévisible et décevant que Demian Maia?

Il y a quelques années, Maia avait débuté son séjour au UFC avec cinq victoires par soumission, s’imposant comme l’un des plus dangereux pratiquants de jiu-jitsu à faire partie de l’organisation. Ses habiletés supérieures au sol lui ont permis d’avoir le meilleur sur des gars comme Jason MacDonald, Nate Quarry et Sonnen.

La formule était gagnante. Alors, tout naturellement, Maia a décidé de s’en éloigner. Depuis sa victoire contre Sonnen, l’artiste brésilien a cumulé une fiche de 4–4 et outre une défaite en 21 secondes contre Nate Marquardt, tous ses combats ont atteint la limite.

Il est vrai que Maia a mis les bouchées doubles sur son « debout » et ma foi, il faut avouer que les résultats se sont avérés impressionnants. Mais son pain et son beurre demeurent sa capacité à refermer ses pièges sur les membres égarés de ses adversaires et ça, il n’a pas l’air de vouloir le reconnaître.

Êtes-vous de ceux qui avaient prédit que Maia battrait Chris Weidman par soumission? Que pensez-vous alors du fait qu’il n’a même pas fait un semblant d’effort pour amener le jeune Américain au sol pour y tester sa défensive? Quand même surprenant, non?



Et que penser de sa forme physique? Weidman, qui a accepté le combat à la dernière minute et qui a dû perdre une trentaine de livres en dix jours pour respecter la limite de 185, avait au moins une bonne raison pour avoir l’air aussi chancelant qu’un personnage des Sentinelles de l’air à la fin du duel.

Mais Maia? Moins de temps sur le sac de sable et un peu plus sur le vélo stationnaire la prochaine fois, peut-être?

Cynisme à part, où placez-vous maintenant Weidman dans les classements? Le gars s’est quand même monté une fiche de 4–0 en dix mois au UFC.

4. Dans les heures précédant le gala, j’ai écouté, pour passer le temps, des vieux combats des gars qui allaient être en action le soir venu.

Je suis tombé sur Evan Dunham contre Sean Sherk, puis sur Nik Lentz contre Charles Oliveira. Et je me suis dit qu’on avait là deux gars qui risquaient de donner tout un show dans la Ville des Vents.

Mon petit doigt ne m’a pas trahi. Les deux légers ne se sont pas fait de quartiers et on ne peut s’empêcher de se demander ce qui serait arrivé si une vilaine coupure sous l’œil gauche de Lentz n’avait pas forcé le médecin à le garder dans son coin pour le début du troisième round. Après tout, « Carny » avait perdu les deux premiers rounds contre Waylon Lowe avant de sortir un lapin de son chapeau au troisième. Tout est possible en MMA



Une belle victoire pour Dunham, jadis un prometteur prospect qui remonte tranquillement les échelons après des défaites contre Sherk et Melvin Guillard.

5. Lors de la conférence d’après-gala, un journaliste a cru bon demander à Mike Russow s’il croyait qu’il venait de s’approcher d’un combat de championnat avec sa victoire face à John Olav Einemo, sa quatrième en autant de combats au UFC.

Et heureusement, Russow s’est montré assez lucide pour mettre fin à ses lubies. Parce que non, des victoires contre Justin McCully, Todd Duffee, Jon Madsen et Einemo ne vous placent pas tout à fait dans la même catégorie que Junior Dos Santos.

Ceci étant dit, ne portons pas ombrage aux succès de Russow et disons-nous les vraies affaires par rapport à Einemo. Il n’a pas d’affaire là, point final. Ses deux dernières performances ont été médiocres et je crois qu’il est assez clair que ses supposées qualifications en BJJ ne lui sont d’aucune aide au UFC.

D’ailleurs, c’est à se demander comment on a pu avaler que ce gars-là avait sa place parmi l’élite mondiale. Sa fiche est de 6–3, mais ses cinq premières victoires ont été obtenues dans de « prestigieux » galas scandinaves contre d’illustres inconnus qui montrent aujourd’hui une fiche combinée de 27–34-9.

6. S’il n’y a pas de grillage, je crois que le protecteur buccal de George Roop se retrouve dans une loge du United Center.

Presqu’un an jour pour jour après sa cuisante défaite contre Mark Hominick, Roop s’est encore une fois fait prendre les mains basses. Pas une très bonne idée contre un combattant de la trempe de Cub Swanson… et ce qui devait arriver arriva.

Joue gauche de George, meet main droite de Cub. Tout mon respect à Lavar Johnson, mais il est là, pour moi, le K.-O. de la soirée.



Malgré ses récentes performances en dents de scie, je crois toujours que Swanson peut être un joueur important dans la division des poids plumes. Vrai, il a trois défaites à ses six derniers combats, mais deux d’entre elles lui ont été infligées par le champion, José Aldo, et son plus récent aspirant, Chad Mendes.

7. Je ne sais pas qui est Eric Wisely, mais on ne lui a pas fait de cadeau en l’opposant à Charles Oliveira pour ses débuts au UFC.

Le jeune Brésilien, un petit nouveau à 145 livres après avoir obtenu des résultats mitigés chez les légers, était trop fort pour son adversaire et a écrit son nom dans le livre des records en réussissant le premier calf slicer (une espèce de compression du mollet) dans l’histoire du UFC.



Une première au UFC, mais pas du jamais vu! Grâce aux connaissances encyclopédiques d’un abonné Twitter (@FelkisQC), j’ai découvert qu’Ivan Menjivar a déjà fait le même coup à Joe Lauzon dans le combat principal d’une carte locale présentée au Medley de Montréal en 2005!

La qualité est douteuse, mais voyez pas vous-même.



8. La transition vers le UFC n’a pas été fluide pour tous les anciens du WEC. Autrement dit, pour chaque Benson Henderson, il y a un Shane Roller.

Depuis qu’il a fait son entrée dans la cour des grands avec un percutant knockout sur Thiago Tavares, Roller n’a pas effrayé grand-monde dans l’octogone. Démoli par Melvin Guillard, forcé d’abandonner contre le Canadien T.J. Grant et, samedi soir, coiffé au fil d’arrivée par Michael Johnson.

De bons échanges debout, une belle bataille de grappling mais en fin de compte personne ne s’opposera au jugement favorable à Johnson.



Par contre, pensez-vous que Roller a laissé filer un 10–8 et la possibilité d’un nul en délaissant le triangle au corps avec une minute à faire au troisième round? Que pensez-vous de sa stratégie?

9. Lavar Johnson a passé le K.-O. à Joey Beltran. Pour une évaluation de sa force de frappe, il n’y a rien à ajouter.

Johnson avait perdu ses deux combats précédents – chaque fois par soumission dans la série Strikeforce Challenger, mais le matchup contre Beltran lui était visiblement favorable. « Monstrueux » est le premier mot qui m’est venu en tête quand je l’ai vu monter les marches menant à l’octogone. Beltran, à l’opposé, s’est présenté au rendezvous avec un svelte 228 livres et a subi la toute première défaite par K.-O. de sa carrière.



On ne s’emportera pas tout de suite avec le potentiel de Johnson, mais il est permis d’être impressionné par ses premiers pas au UFC.

Quant à Beltran, Joe Rogan lui a publiquement conseillé de descendre chez les mi-lourds. Croyez-vous qu’il pourrait ainsi donner un nouveau souffle à sa carrière?

10. Question d’ajouter un peu de crédibilité à la première victoire de Francis Carmont au UFC, notons la victoire de sa victime, Chris Camozzi, qui a défait Dustin Jacoby par soumission au troisième round.

Camozzi a maintenant une fiche de 3–2 au UFC. Jacoby est 0–2.

_Si vous êtes sur Twitter, il est possible de me suivre_ @NicLandryRDS.