MONTRÉAL – Amanda Nunes se doutait bien que la critique l’attendrait dans le détour lorsqu’elle a forcé l’annulation du combat de championnat qu’elle devait livrer à Valentina Shevchenko à l’UFC 213. Mais malgré l’ampleur des remous provoqués par sa décision, la Brésilienne maintient qu’elle a fait le bon choix en repoussant la prochaine défense de son titre.

« Je m’attendais à tous les genres de réactions, mais la seule chose qui m’importait à ce moment-là, c’était ma santé, a expliqué Nunes en entrevue avec RDS cette semaine. Je ne me souciais pas de ce que tout le monde allait raconter. En étant la championne, je suis une cible pour tout le monde. Peu importe ce que je fais, on va en parler. »      

Nunes a justifié son forfait de dernière minute par l’apparition incontrôlable des symptômes liés à une sinusite, un malaise chronique qu’elle peut habituellement contrôler par l’ingestion d’antibiotiques. Mais elle affirme que les règles imposées par l’Agence américaine antidopage (USADA) l’ont empêché de se médicamenter à si courte échéance avant son affrontement contre Shevchenko.

 « La même chose m’était arrivée avant mon combat contre Ronda Rousey, mais les symptômes étaient arrivés une semaine plus tôt, ce qui m’avait laissé le temps de prendre ma médication et de régler le problème. Cette fois, je n’ai rien pu faire. La coupe de poids a été atroce. Le lendemain, je ne pouvais plus respirer, la pression dans ma tête était insupportable et j’ai dû me rendre à l’hôpital. Je ne pouvais pas me battre. »

Nunes (14-4) avait pourtant passé l’étape de la pesée officielle avec succès et avait été médicalement autorisée à monter dans l’octogone le lendemain. Ce sont ces deux détails qui ont rendu son cas inhabituel et qui ont provoqué l’incompréhension de ses détracteurs.

 « Seules les personnes qui ont déjà souffert de sinusites peuvent comprendre dans quel état ça vous laisse. Parfois, je suis incapable de dormir pendant deux ou trois jours. Même la lumière du jour peut être insupportable. C’était impensable d’aller me battre ce soir-là et risquer de tout perdre. »

Chael Sonnen, l’ancien aspirant au titre des poids moyens de l’UFC et maintenant compétiteur pour l’organisation Bellator, a ajouté sa voix au débat en arguant qu’un abandon annoncé dans un délai aussi court devrait entraîner une défaite automatique, comme c’est notamment le cas en lutte olympique.

D’autres, comme l’actuel champion des mi-lourds Daniel Cormier, ont défendu la décision de la championne.

« J’utilise uniquement les réseaux sociaux pour donner des nouvelles à mes supporteurs et je n’écoute pas ce qui se dit dans les différentes émissions ou entrevues, dit Nunes, qui a toutefois apprécié le support public de Cormier. Je sais que je suis une combattante qui est dévouée à 100% à son sport. Ceux qui croient le contraire ont droit à leur opinion, mais elle ne m’affecte pas. »

« J’espère que Valentina continuera de parler » 

Shevchenko (14-2) a évidemment mis son grain de sel dans la discussion. Dans une vidéo captée par TMZ Sports, l’aspirante de 29 ans a dit douter des raisons mises de l’avant par Nunes pour justifier son forfait.

« Peut-être que c’est une tactique de sa part parce qu’elle savait que j’avais tout donné dans mon camp d’entraînement, elle sentait mon énergie et elle se disait qu’en me forçant à passer à travers cette épreuve une deuxième fois, elle serait ultimement avantagée », a lancé la Péruvienne d’adoption, une théorie dont Nunes s’est sans surprise moquée.

« Je suis la championne, tout le monde attend pour m’affronter. Comment ferai-je pour me sauver d’une division au complet? Si un jour je décide d’éviter une rivale, je laisserai tout simplement tomber ma ceinture. Mais jamais je ne tiendrai ma division en otage. »

Ironiquement, la décision controversée de Nunes pourrait lui être favorable. Shevchenko et elle se reverront finalement le 9 septembre lors de l’UFC 215 qui aura lieu à Edmonton et avec l’animosité qui est en train de s’installer entre les deux rivales, l’intérêt pour leurs retrouvailles ne peut qu’augmenter.

« Honnêtement, je suis contente de la réaction de Valentina. J’espère qu’elle continuera de parler et de vendre le combat, raisonne la Brésilienne. Mais au final, je sortirai de cet affrontement avec ma ceinture et elle le sait. C’est probablement pourquoi elle parle autant. Elle n’était pas comme ça avant. À l’entendre, j’ai plutôt l’impression que c’est elle qui a peur. »