MONTRÉAL – Georges St-Pierre ne s’attendait certainement pas à terminer l’année 2020 dans la controverse.

Le 29 décembre, une publication en apparence banale est apparue sur les plateformes de médias sociaux de l’ancien champion de l’UFC. « Nouvelle année, nouvelle équipe, une annonce demain », pouvait-on lire au-dessus d’une photo d’un St-Pierre masqué et gants aux poings, à l’entraînement dans l’octogone du Tristar Gym.

« Aimé » près de 12 000 fois sur Twitter, le message a fait renaître chez plusieurs partisans l’espoir que leur idole confirmerait enfin un retour à la compétition pour 2021. Les critiques ont été vives le lendemain quand GSP a mis fin au suspense : pas de nouvel adversaire en vue, simplement un nouveau partenariat d’affaires avec la compagnie Budweiser, qui souhaitait s'associer à lui pour faire la promotion de sa bière sans alcool.

Si la campagne publicitaire aura atteint son but en attirant un maximum d’attention, elle aura forcé l’égérie à réparer les dégâts causés bien malgré lui par le malentendu.

« Ce n’est pas que je veux me déculpabiliser, mais c’est juste que je travaille avec une nouvelle équipe de relations publiques, a réagi St-Pierre dans une entrevue à RDS lundi. Elle voulait faire beaucoup de bruit avec l’annonce, mais ça a fait trop de bruit. L’image, avec le mot-clic "noregrets", ça aurait pu être évité. C’est une erreur. Je ne voulais pas tromper mes fans. »

Le confinement de St-Pierre n’est pas bien différent de celui du commun des mortels. L’ancien combattant continue de travailler sur de multiples projets – il prend notamment des cours de langues et a participé au tournage d’une mini-série de Marvel intitulée ‘The Falcon and the Winter Soldier’ qui doit paraître en 2021 – mais il a aussi plus de temps libre qu’il n’en a jamais eu. Netflix, comme c’est peut-être aussi votre cas, a de moins en moins de secrets pour lui. Il prévoit se lancer bientôt dans les nouveaux épisodes de Cobra Kaï, mais son attention est présentement consacrée à la deuxième saison de Breaking Bad, un vieux classique.

« Je sais que je suis en retard parce que je n’ai jamais eu le temps d’écouter une série dans ma vie, mais à cause de la pandémie, je me suis mis là-dedans. C’est vraiment bon! », s’enthousiasme-t-il.

Tout ça pour dire que c’était le calme plat dans la vie de St-Pierre quand cette tempête dans une verre d’eau est venue perturber son quotidien.

« Ce n’est pas moi qui lis mes contrats ou qui fais mes annonces publicitaires. Je ne suis pas qualifié pour faire ça, alors je laisse ça à mon équipe. Quand le message est sorti, j’étais chez moi et je recevais plein d’appels de journalistes qui me demandaient ce qui se passait. Je me demandais si quelqu’un avait fait une déclaration. Même mes amis se posaient des questions. Stéphane Larouche m’a appelé et m’a dit : ‘T’es très mystérieux, Georges...’ »

« Quand j’ai fini par comprendre ce qui se passait, j’ai appelé mon équipe et je leur ai demandé d’enlever ça, ça presse. Ils ont fait un autre message pour dire que je n’allais pas me battre, mais il était trop tard. »

Ceinture jaune

Trois ans après sa dernière apparition dans l’octogone, St-Pierre continue donc de se familiariser avec les nombreux aspects de ce qu’il appelle son renouvellement.

« Je ne dis pas que je ne serais pas capable de retourner me battre. C’est juste que pour moi, l’heure est plus à la réflexion, à savoir que je suis dans la transition en ce moment. Comment je fais le move? Je suis là-dedans en ce moment. C’est une autre carrière qui commence pour moi. »

Parmi les cordes que GSP a déjà ajoutées à son arc, il y a celle d’analyste des combats de l’UFC sur les ondes de RDS. Depuis le mois d’août dernier, celui qui a donné 13 ans de sa vie à la plus prestigieuse organisation d’arts martiaux mixtes partage son expertise devant la caméra lors de la diffusion en direct d’événement triés sur le volet. Quelques mois après avoir déclaré que cette nouvelle aventure le forçait à retourner à la ceinture blanche, il estime que l’apprentissage va bon train.

« Il faudrait que je demande à mon mentor, Jean-Paul Chartrand, s’il accepte de me donner ma ceinture jaune, lance St-Pierre en riant. Le but, c’est d’atteindre le niveau de maître comme Jean-Paul et aussi Patrick Côté, qui je pense est rendu là dans le métier d’analyste-commentateur. Ils sont vraiment super bons. Je me rappelle au début quand je regardais les premières émissions avec Patrick et Jean-Paul, ils se sont beaucoup améliorés depuis et c’est grâce à la pratique. Ce n’est pas différent pour moi, c’est à force d’en faire que je vais devenir meilleur. J’aime beaucoup ça, ça me garde en contact avec le sport et j’ai beaucoup de plaisir avec les gars. C’est une belle équipe. »

St-Pierre, qui était reconnu pour sa préparation méticuleuse dans les mois précédant un combat, profite de ce nouveau rôle pour garder un pied dans son ancienne vie. Mais il n’en fait pas non plus une obsession.

« C’est un peu moins extrême! Il n’y a personne qui va essayer de me casser la gueule ou de faire en sorte que je perde des années de ma vie. Mais j’ai l’opportunité, avec le contrat que j’ai, de faire seulement les combats que je veux faire alors quand j’y vais, j’y vais de plein gré. Ce n’est pas mon travail numéro un, c’est un passe-temps pour moi et quand je suis en studio avec les gars, je suis là parce qu’il n’y a aucune autre place au monde où j’aimerais être à ce moment-là. Je suis vraiment là de tout cœur, à 100%, et c’est ça qui est le fun. »

Qu’est-ce que Georges St-Pierre, l’analyste d’arts martiaux mixtes, attend de la prochaine année?

« J’ai hâte de voir ce qui va se passer chez les 155 livres, avec Khabib qui n’a pas encore laissé son titre. J’ai aussi hâte aussi de voir ce qui va se passer avec Deiveson Figueiredo et si Henry Cejudo va revenir ou pas. Que va-t-il se passer entre Adesanya et Blachowicz? Chez les 170 livres, y aura-t-il une revanche entre Kamaru Usman et Colby Covington? Khamzat Chimaev ira-t-il chez les moyens ou les mi-moyens? Tout ça, c’est très intrigant. »