MONTRÉAL - Steve Bossé est habitué de mettre sa carrière de combattant en suspens pour panser ses blessures. Ses mains portent les marques des nombreuses bagarres qu’il a livrées. L’état de ses épaules l’a jadis poussé vers une retraite temporaire. À son premier combat à l’UFC, un retentissant K.-O. l’a envoyé à l’hôpital et l’a poussé dans une sérieuse réflexion avant qu’il ne revienne finalement à l’action près d’un an plus tard.

Mais ces jours-ci, Bossé est soumis à une période de convalescence qui n’a rien à voir avec son plus récent combat.

Si vous vous demandiez ce qui arrivait avec le « Boss » depuis son combat épique contre Sean O’Connell l’été dernier à Ottawa, vous voici au parfum : le populaire mi-lourd a subi une chirurgie de la mâchoire à la fin janvier pour corriger un défaut d’occlusion qui le faisait notamment souffrir d’apnée du sommeil.

« C’est une opération que je pensais faire à la retraite, mais mon médecin m’a assuré que si je prenais le temps de bien guérir, je ne serais pas plus fragile », expliquait l’athlète de 35 ans dans un récent entretien avec RDS.

L’UFC avait contacté Bossé pour lui offrir un combat au Brésil, sur la carte qui mettra en vedette Vitor Belfort et Kelvin Gastelum ce samedi, mais la date de son passage sur la table d’opération avait déjà été fixée et l’adversaire qui lui a été proposé n’était pas assez alléchant pour le convaincre de changer ses plans. Il calcule aujourd’hui qu’il pourra reprendre l’entraînement en avril et sera prêt pour un retour dans l’octogone vers le mois de juillet.

Même si elle est volontaire, cette longue absence de la cage arrive à un mauvais moment pour l’ancien joueur de hockey devenu combattant d’arts martiaux mixtes. Bossé (12-2) a remporté ses deux derniers combats de façon spectaculaire. Trois mois après qu’il eut passé le K.-O. à James Te Huna en seulement 52 secondes en Australie, O’Connell et lui se sont livré une guerre mémorable au terme de laquelle les juges l’ont unanimement déclaré gagnant. La performance a valu aux deux pugilistes un bonus de 50 000 $ et a été nommée dans différents palmarès de fin d’année.

Elle a aussi permis à Bossé, dont l’immense popularité ne dépassait alors pas encore les frontières du Québec, d’ouvrir les yeux sur la scène internationale. Des vétérans établis de l’UFC se sont mis à militer pour la chance de se frotter au Québécois, une preuve du respect qu’il venait de s’attirer au sein de la confrérie.

« Gian Villante, qui avait déclaré vouloir m’affronter, s’apprête à se battre contre Shogun Rua. Ça me fait tripper quand je vois des choses comme ça, dit Bossé. Un autre gars qu’on m’avait proposé, Marcos Rogerio De Lima, se prépare présentement pour Ovince St-Preux... »

« Je laisse ça entre les mains de l’UFC, mais moi, je n’aspire pas à être champion du monde. Je ne sais pas combien de combats il me reste, mais des affrontements stimulants qui me permettront de continuer à donner un bon show, c’est ça qui m’intéresse. »

Un nouvel agent

Le contrat qui lie Bossé à l’UFC est valide pour un autre combat. Le cogneur de St-Jean-sur-Richelieu affirme que l’organisation l’a déjà approché pour lui en offrir un autre, mais qu’il avait décidé d’écouler l’entente actuelle afin d’évaluer ses options. Avec les termes financiers qui lui étaient proposés, il a jugé qu’il avait tout à gagner en pariant sur lui-même et que les pertes qu’il risquait advenant une contre-performance étaient négligeables.

Bossé s’aventurera en plus dans ces importantes négociations flanqué d’un nouvel agent. Après un long partenariat avec Stéphane Patry, le promoteur qui l’a véritablement mis au monde sur la scène des MMA il y a dix ans, il a décidé de faire équipe avec Hugo Girard. L’ancien homme fort, qui fait aujourd’hui carrière en télévision, a convaincu Bossé qu’il pourrait l’aider à obtenir des opportunités semblables à la fin de son propre parcours athlétique.

« Il m’a dit : ‘Si j’ai été capable de faire ce que je fais en ce moment en levant des roches, imagine ce qu’on pourrait faire avec toi avec la machine de l’UFC!’ J’ai pensé à ça et je me suis dit ‘Pourquoi pas?’ Ça va être une belle aventure », résume Bossé.

Avant même que Girard ne se manifeste, Bossé avait envisagé la possibilité de gérer lui-même sa carrière.

« Après en avoir discuté avec d’autres combattants, j’étais d’accord avec la théorie qu’on n’avait plus vraiment besoin d’un agent comme à l’époque. Premièrement, à part quelques exceptions, comme Conor McGregor ou Sage Northcutt, les salaires sont déjà préétablis. Après mon knock-out contre Te Huna et ma performance à Ottawa, j’avais hâte de voir ce que mon agent aurait pu me trouver, mais c’est là que j’ai compris que tout était déjà décidé. Et deuxièmement, on n’a plus le droit d’avoir des commanditaires. Avant, c’était une grosse partie du travail de mon agent, mais aujourd’hui on est pas mal limités. »

« Dans le fond, tu as vraiment besoin d’un agent pour atteindre l’UFC. Un coup que tu es là, il n’y a pas beaucoup d’avantage à en avoir un », conclut celui qui mène une carrière de pompier à la Ville de Saint-Constant.