Par Nicolas Landry - Même s'il se fait un point d'honneur de toujours étudier les tendances de ses prochains adversaires, Denis Kang avoue qu'il ne s'éternise jamais devant son téléviseur en prévision d'un combat.

Mais quand on évoque les images de Michael Bisping qui perd complètement la carte après avoir encaissé une solide droite de Dan Henderson au UFC 100, des images qui ont fait le tour du monde, on sent qu'il ne peut s'empêcher de sourire.

"Ah ça, je l'ai vu plusieurs fois..."

Comme tout combattant reconnu pour la puissance de ses poings, Kang, un Montréalais d'adoption qui a grandi à Vancouver, aurait certainement aimé être dans les souliers de Henderson quand celui-ci a remporté l'une des victoires par K.-O. les plus fracassantes de l'histoire du UFC. Mais Kang préfère se concentrer sur ce qu'il détient entre ses mains : la chance de réaliser son propre coup d'éclat.

Prêt à faire feu au terme d'un camp d'entraînement qui a débuté à Montréal (avec l'équipe de Georges St-Pierre au Tristar Gym) et pris fin en Floride (au sein de la réputée American Top Team), Kang s'est envolé en début de semaine pour Manchester, en Angleterre, où il affrontera Bisping, l'enfant chéri de l'endroit, dans l'un des combats principaux du UFC 105 samedi.

Le Canadien de 32 ans est un vétéran aguerri dans le domaine des arts martiaux mixtes. Depuis 1998, il a cumulé 46 combats à son actif, mais la moitié ont été livrés en Corée et au Japon. Son affrontement contre Bisping sera son troisième au sein du UFC et certainement son plus important.

"Absolument, répond-il sans détour et dans un français impeccable. Je suis presque un inconnu en Amérique du Nord sur la scène des MMA. Avant, je me battais toujours dans les premiers combats d'un gala ou encore en Asie. C'est vraiment lors de mon prochain combat que les amateurs nord-américains apprendront à me connaître."

D'où l'importance de faire bonne impression. Mais Kang sait très bien que la tâche sera ardue. L'orgueil de Bisping en a pris pour son rhume lors de sa plus récente sortie et l'Anglais, qui s'est aussi fait un nom comme entraîneur lors de la neuvième saison de The Ultimate Fighter, sera déterminé à effacer cet affront de sa mémoire et, surtout, à ne pas subir pareille humiliation dans sa cour arrière.

"C'est sûr qu'avec la défaite qu'il vient de subir, il va se méfier de ma main droite", prévoit Kang, qui entend toutefois prendre tous les moyens pour vérifier si son adversaire a réellement vaincu ses démons. "Parfois, quand on se fait mettre K.-O. de façon aussi violente, c'est dur de revenir à 100% dès son prochain combat. Il y a aussi le risque de revenir trop vite pour oublier la déception. Peut-être que ce sera différent pour lui, on verra. Mais si je le sens affecté, c'est sûr que j'en tirerai avantage."

Des raisons d'être prudent

Même si l'adage dit qu'on est aussi bon que son dernier combat, Kang sait qu'il commettrait une erreur fatale s'il avait le malheur de sous-estimer son prochain adversaire en se basant strictement sur sa dernière présence dans l'octogone.

"Oh, c'est un très bon athlète! Avant son dernier combat, sa seule défaite avait été subie aux mains de Rashad Evans. Il a un bon palmarès et de l'expérience. Il vient toujours avec un bon cardio. Et c'est tout un compétiteur. C'est assez pour être très prudent."

L'ancienne vedette de l'organisation PRIDE ne sera pas seulement négligée par les preneurs aux livres pour son prochain test : la grande majorité des amateurs entassés au MEN Arena n'en aura que pour le héros local. Mais ce ne sera pas la première fois qu'un océan séparera Kang de ses proches lorsqu'il se retrouvera dans la cage.

"Ce ne sera pas difficile pour moi. La plupart de mes combats ont eu lieu loin de chez moi, alors je suis habitué. Et je crois que ça mettra plus de pression sur lui, parce que tout le monde s'attendra à une victoire fulgurante de sa part. Je m'attends d'ailleurs à ce qu'il soit très agressif dès le départ."

Et pendant que la plupart des combattants refusent de voir plus loin que leur prochain combat, Denis Kang se permet de rêver.

"C'est sûr que je veux grimper l'échelle jusqu'au championnat. Je prends ça un combat à la fois, mais à long terme, je voudrais une chance de me battre pour le titre."

Le plan est audacieux quand on sait que le trône des poids moyens appartient au Brésilien Anderson Silva, reconnu comme le meilleur combattant livre pour livre de la planète.

"Pour l'instant, précise rapidement Kang. On ne sait jamais, ça peut changer vite dans le milieu."

Le temps d'une bonne droite bien placée, en fait. Demandez à Michael Bisping...


*Le combat principal du UFC 105 sera un duel de poids lourds entre le légendaire Randy "The Natural" Couture et Brandon "The Truth" Vera. En demi-finale, les mi-moyens Mike Swick et Dan Hardy se battront pour la chance d'obtenir un combat de championnat du monde contre le Québécois Georges St-Pierre.