PARIS, AFP - Quand l'heure de la retraite en Formule 1 aura sonné pour Michael Schumacher, au plus tôt fin 2004 à la fin son contrat avec la Scuderia Ferrari, Gina Maria et Mick, ses enfants, ne manqueront pas de belles histoires de victoires, de records, le soir au coin du feu.

L'Allemand le répète assez souvent lorsqu'on lui parle de records. "On les apprécie une fois la carrière terminée. Quand on consulte le palmarès, installé dans un fauteuil, une bière dans une main, un bon cigare dans l'autre", dit-il.

Dans quelques années donc, quand l'aîné des frères Schumacher feuillettera le livre d'or de la F1, il se rappellera certainement de cette saison 2001, la plus profilique de toutes.

De Melbourne (Australie) à Suzuka (Japon), soit en dix-sept Grands Prix et huit mois, "Schumi" a en effet effacé des tablettes le nom du Français Alain Prost, détenteur de la plupart des records.

Victoires, nombre de points, au total ou dans une saison, comme le nombre de kms parcourus en tête des Grands Prix qui appartenait à Ayrton Senna: tous sont désormais la propriété de Michael Schumacher. La plus grande satisfaction de ce dernier est cependant le quatrième titre mondial, le second consécutivement avec Ferrari, obtenu bien avant le terme de la saison, mi-août à Budapest.

Senna et Fangio

Que reste-t-il alors aujourd'hui pour que la suprématie du "Baron rouge" soit totale? Pour que, avec le recul, Michael Schumacher puisse apprécier pleinement une carrière hors du commun? Tout au plus le record des "poles", il y a peu encore objectif inaccessible avec les 65 de Senna, et à la portée de l'Allemand qui en totalise désormais 43 après les onze réalisées en 2001. Mais surtout, il y a les cinq titres mondiaux de Juan Manuel Fangio, l'Everest de la F1.

Ces sommets, Michael Schumacher peut les atteindre. Rapidement même pour la cinquième couronne tant l'équipe Ferrari du duo Schumacher-Todt gagne chaque année en performance, en fiabilité, se bonifie au fil des saisons. A l'instar de l'Allemand, jamais l'équipe italienne n'avait inscrit autant de points en une saison que cette année.

Les premiers essais des nouveautés pour 2002 ont d'ailleurs ravi le pilote, bien décidé à poursuivre sur le chemin du succès, ouvrir une "ère Ferrari" comme Williams et McLaren avant la Scuderia.

"Plus grande admiration"

L'an prochain, Williams-BMW, avec Ralf son petit frère, et le jeune Colombien Juan Pablo Montoya, risquent d'être les seuls à pouvoir menacer l'hégémonie Schumacher-Ferrari. McLaren-Mercedes? L'équipe de Ron Dennis a paru en perte de vitesse en 2001. Et l'attelage Raikkonen-Coulthard semble moins solide que son prédécesseur, Hakkinen étant parti en semi-retraite au soir de Suzuka.

Cela sera-t-il suffisant pour empêcher Michael Schumacher et Ferrari de filer vers d'autres succès? Une certitude, si l'Allemand obtient une cinquième couronne, voire une sixième d'ici sa retraite, il ne se comparera jamais à Fangio, ne revendiquera jamais le statut de "plus grand pilote de tous les temps".

"Ce genre de comparaison n'est pas honnête, estime Michael Schumacher. Ce sont des époques, des voitures, des circuits différents. Et ce que Juan Manuel Fangio a fait est formidable. Aller aussi vite dans des conditions de sécurité qui étaient loin de valoir celles d'aujourd'hui mérite la plus grande admiration".

Il n'empêche. Demain, "tu te prends pour Schumacher" remplacera certainement l'allusion faite hier à Fangio dans l'esprit des générations futures, signe de reconnaissance d'un immense talent.