PARIS - Lotus, Virgin et Hispania, nouveaux arrivants en Formule 1, entameront le 14 mars à Bahreïn la saison 2010 à un niveau tellement éloigné de celui des écuries traditionnelles que la question de leur présence fait débat.

Le doyen Ferrari a été le premier à sonner l'alerte. "Deux écuries arrivent clopin-clopant en début de Championnat, la troisième y arrive poussée par une main invisible, et on cherche la quatrième parmi les 'portés disparus'", ironisait fin février la Scuderia dans un billet d'humeur.

La dernière visée, USF1, aux abonnés absents, a effectivement déclaré forfait mercredi, incapable d'être prête pour le premier Grand Prix. Un camouflet pour la Fédération internationale de l'automobile (FIA), qui l'avait sélectionnée aux dépens d'autres formations.

Campos Meta 1, que la "main invisible" de l'homme d'affaires José Ramon Carabante a sorti d'une profonde ornière financière, se porte à peine mieux. Son fondateur, Adrian Campos, a été éjecté par le repreneur.

Rebaptisée Hispania, un nom symbolisant ses "racines espagnoles", l'écurie découvrira la piste de Sakhir sans avoir parcouru le moindre kilomètre. Le Brésilien Bruno Senna, neveu de la légende Ayrton, devra effectivement croire très fort aux vertus ibères pour éviter de se couvrir de ridicule.

Car les précédents récents de Lotus et Virgin, aux débuts chaotiques en F1, ne poussent pas à l'optimisme. Sans expérience ni connaissance de leur auto, ces deux nouvelles formations, sur ce qu'elles ont montré aux test hivernaux, vont passer l'année 2010 à faire de la figuration.

Au meilleur de sa forme, Jarno Trulli (Lotus), pourtant connu pour sa rapidité, a signé un chrono 4,4 secondes plus lent que le meilleur temps du jour samedi aux essais de Barcelone, dernier rendez-vous d'avant-saison.

Pas prêts

"Nous sommes prêts à courir, mais je ne peux pas dire que nous soyons prêts à nous battre... peut-être avec Virgin, mais les autres sont hors d'atteinte pour le moment", a remarqué l'Italien, précisant que Lotus était "à court de temps sur tout" et qu'on "ne pouvait pas demander plus" à son équipe.

Virgin est encore plus mal en point. La monoplace rouge et noire, reléguée à une demi-seconde de Lotus en Catalogne, a en plus semblé en déficit chronique de fiabilité. Les objectifs fixés par le patron du groupe Richard Branson, pourtant très bas, en paraissent presque irréalisables.

"Si cette année nous pouvons battre les autres nouvelles écuries, ce sera un bon départ. Si nous pouvons dépasser de temps en temps une ou deux des équipes établies, cela sera marrant. Et l'année prochaine, nous irons un petit peu mieux et nous commencerons à aller de l'avant", a-t-il annoncé.

"Donnez-nous une année ou deux", a lancé Branson. "Nous ne pouvons pas bâtir une équipe à partir de rien et battre Ferrari qui a dépensé 400 millions de livres pour sa voiture", quand le budget de Virgin plafonne à 40 millions de livres (45 millions d'euros).

"Ces gens ne peuvent pas courir avant de savoir marcher", a opiné Mark Webber, fervent défenseur de ces "petites équipes". Ce qui ne l'empêche pas de demander "un nivellement" des performances.

"Là, il n'y a pas de limitation de temps. On peut être 10 secondes derrière les meilleurs et quand même courir", a pesté l'Australien, amateur "de qualité plutôt que de quantité". Et de conclure : "la situation est complètement folle" ... à défaut d'être désespérée.

Sans les trois entrants, il y aurait en effet neuf écuries en F1, et non douze. La situation aurait alors été bien plus préoccupante.