PARIS (AFP) - Alain Prost veut garder espoir après la mise en redressement judiciaire de son écurie de Formule 1 jeudi par le tribunal de commerce de Versailles. En dépit de la conjoncture défavorable et de la situation délicate de son entreprise, le quadruple champion du monde espère pouvoir séduire des partenaires et se tirer d'affaire.

Sans citer aucun nom, Prost a fait état de 5 à 7 partenaires potentiels susceptibles de le rejoindre. "Mais l'idéal serait un gros sponsor ou un gros investisseur financier", a-t-il reconnu.

Depuis plusieurs semaines déjà, Prost a compté en vain sur l'appui d'un émir saoudien. On a aussi parlé d'une marque de bière belge. Les difficultés de l'équipe française ont semble-t-il rebuté les candidats. La mise en redressement judiciaire peut-elle pousser ces derniers à franchir le pas ?

Alain Prost et l'administrateur judiciaire désigné pour l'assister doivent trouver les moyens de garantir le remboursement à terme de la dette et, en plus, dégager un budget, estimé à 500 millions de francs (76 millions d'euros), pour courir en 2002. Soit au total 700 millions de francs (107 millions d'euros).

Diniz: déjà trois offres

Plus qu'un "gros sponsor ou un gros investisseur", il semble cependant que la possibilité la plus vraisemblable reste la vente de l'écurie, une solution que les avocats du champion préconisaient depuis plusieurs semaines. Mais cela passera immanquablement par le départ de Prost. Et sans doute même par le changement de nom de l'écurie.

Prost n'a pas exclu cette éventualité. "On prendra la meilleure solution possible en fonction de la pérennité de l'équipe", a-t-il indiqué.

Deux repreneurs potentiels sont déjà connus. Le Brésilien Pedro Diniz, bien sûr, déjà actionnaire de l'écurie à hauteur de 40% après avoir pris en charge le paiement du moteur Ferrari en fin d'année dernière.

Diniz a déjà fait trois offres de rachat à Prost... pour un franc symbolique, le Brésilien prenant alors le montant des dettes (200 millions de francs, soit 30 millions d'euros) à son compte. Mais le Français les a repoussées.

Ces derniers mois, Diniz a pris du recul, ne voulant pas investir un dollar de plus dans l'écurie Prost. Selon ses proches, le Brésilien estimait en effet que la gestion "était désastreuse" et que, dans ces conditions, il n'était pas question de s'impliquer davantage.

Un grand constructeur

D'autant que Pedro Diniz n'aurait pas apprécié le refus de Prost quant à la possibilité de disposer gratuitement pendant deux saisons du moteur Asiatech, l'ancien V10 Peugeot, le temps de remettre les finances à flot. Prost préférait être "compétitif" et disposer du moteur Ferrari facturé 30 millions de dollars (34 millions d'euros).

Il y a aussi certainement Flavio Briatore, à qui Prost avait acheté l'écurie Ligier en 1997. L'Italien s'est toujours tenu très au courant, très proche, des difficultés de son "ami" Prost. Avec sans doute une idée derrière la tête dans l'optique d'un possible départ de son poste de directeur chez Renault à l'expiration de son contrat fin 2002. Mais là encore, l'offre se limitera vraisemblablement au franc symbolique.

L'idéal financièrement pour Alain Prost consisterait à vendre à un grand constructeur. Le quadruple champion du monde aurait contacté Volskwagen que l'on dit tenté par l'aventure en F1 après les succès de Mercedes et BMW. Cette solution serait certainement la plus "lucrative" pour Prost.

A moins qu'une aide publique, qu'il n'a pas exclu, ne vienne sauver la mise du champion français et lui permettre de rester à la barre de son écurie en attendant des jours meilleurs.