CARDIFF (AFP) - Sébastien Loeb est non seulement un champion hors pair mais il a acquis encore une stature supplémentaire en refusant une victoire et le titre mondial au rallye de Grande-Bretagne endeuillé par la mort du Britannique Michael Park, copilote de Markko Martin, dimanche à Cardiff.

"Je ne peux penser me retrouver champion comme ça. Dans ces circonstances là", expliquait le Français (Citroën Xsara) à son arrivée au Millenium Stadium pour la cérémonie d'arrivée.

Suite à l'accident mortel de Park dans la 15e spéciale le matin, la direction de course avait décidé de mettre un terme à l'épreuve, de ne pas faire courir les deux dernières spéciales. A cet instant, Loeb était largement en tête devant Petter Solberg (Subaru Impreza) et Marcus Gronholm (Peugeot 307).

Pour la première fois, un Français allait s'imposer sur les terres britanniques. Mais Loeb allait devoir encore attendre le Japon pour le sacre.

Le décès de Michael Park entrainait cependant l'équipe Peugeot à retirer Marcus Gronholm en signe de deuil. Le Finlandais se retrouvait hors course et laissait définitivement le titre à Loeb.

"Pas le plus important"

"C'est un sport. Je me bats à la régulière. A partir du moment ou Marcus se retire, je préfère ne pas gagner. Marcus ne s'est pas posé de question. A partir de là, pour moi, c'était clair", argumentait le Français.

Loeb avisait alors Claude Satinet, directeur général de Citroën, et Guy Frequelin, patron de Citroën sport, de sa décision. Ces derniers laissaient leur pilote libre de décider.

Les calculs étaient simples. Il fallait prendre deux minutes de pénalité pour glisser à la troisième place du classement du rallye. Et laisser encore une once de suspense dans la course au titre au Japon. Loeb pointait donc avec deux minutes d'avance à la sortie du parc d'assistance de Felindre.

Solberg terminait vainqueur à Cardiff pour la quatrième fois consécutive, François Duval (Citroën Xsara) deuxième et Loeb troisième.

"Solberg ? je m'en fous. Chacun est libre d'apprécier la situation comme il le veut. De toutes façons, gagner ou pas ce n'est pas le plus important aujourd'hui (dimanche)", martelait Loeb.

Depuis le 19 septembre 1993

A Felindre, les discussions entre les équipes s'étaient multipliées pour tenter de trouver une solution qui ne lèse personne. En vain. Les commissaires ne voulaient pas entendre les propositions d'arrêter le classement samedi soir à l'issue de la deuxième journée. L'arrivée devait avoir lieu à Cardiff.

Pendant ce temps, la désolation règnait chez Peugeot. Les mécaniciens démontaient la structure, tandis que la 307 de Gronholm était mise sous bâche, le Finlandais quittant le motor-home en larmes.

"Markko (Martin) est sorti peu après le départ de la spéciale. Il allait très vite (plus de 110 km/h) et a heurté un arbre par la droite du véhicule. On pense que Michael (Park) est mort sur le coup. C'est épouvantable", témoignait effondré, Jean-Pierre Nicolas, directeur de Peugeot Sport.

Pour la première fois depuis le 19 septembre 1993, un accident mortel survenait en Mondial. Depuis le décès de l'Australien Rodger Freech, copilote de Possum Bourne, au rallye d'Australie.

En laissant la victoire à Solberg, Loeb relançait ainsi le Norvégien dans la course au titre. Mais avec 34 points d'avance sur lui, et 38 sur Gronholm, le Français est bien placé pour être sacré au Japon dans quinze jours. Il suffira d'une troisième place à Obihiro.

Cette couronne mondiale "Monsieur Loeb" l'a mérite vraiment. Et à plus d'un titre...