SEPANG (AFP) - Vingt-quatre heures après une "pole" surprise, Fernando Alonso et Renault ont confirmé leur potentiel, leur compétitivité en prenant la troisième place du Grand Prix de Malaisie, deuxième épreuve du Championnat du monde de Formule 1, dimanche à Sepang, près de Kuala Lumpur.

L'exploit du samedi n'était donc pas un coup de bluff. Après l'arrivée, le premier podium du jeune espagnol, le premier d'une Renault depuis le 5 mai 1985 (Patrick Tambay à Imola), Ron Dennis, le patron de McLaren-Mercedes lui même, venait s'excuser auprès de Flavio Briatore, directeur de Renault F1, de ses remarques sarcastiques de la veille.

Ron Dennis clamait alors, à qui voulait l'entendre, que la "pole" d'Alonso était "artificielle", "bidon", qu'elle avait été obtenue avec quelques litres d'essence seulement dans le réservoir. Dimanche, Alonso et Renault démontraient le contraire. La monoplace française était bien performante, et l'Ibère un talent prometteur.

"Ce podium est important pour l'équipe, pour Renault. On a démontré que cette pole n'était pas bidon, que les deux heures du vendredi servent à quelque chose contrairement à tous ceux qui disaient que cela ne servait qu'à balayer la piste", déclarait Briatore.

"Je voudrais d'ailleurs remercier McLaren qui a testé les pneus pour nous. Ils sont très gentils", ajoutait goguenard l'Italien.

"Quelqu'un d'important"

Tandis que Fernando Alonso répétait pour la énième fois que "ce dimanche est le plus beau jour de ma vie", qu'il insistait sur sa joie sur le podium, ses craintes quand l'électronique de boîte de vitesses l'avait trahi l'obligeant à passer en manuel, Flavio Briatore vantait les mérites de son jeune pilote.

"Alonso ? Je l'ai découvert il y a trois ans, Il a démontré dimanche que c'était un super. Il y avait un problème électronique au niveau de la boite de vitesses et il est resté calme. Je vous promets, ce qu'il a fait, ce n'était pas évident. Dès sa deuxième course, il fait la pole, un podium, je pense que personne n'a fait ce qu'il a fait en F1. De toute façon personne n'a fait une pole à 21 ans et je ne pense pas non plus un podium à la même course", s'extasiait le directeur de Renault.

"Alonso va devenir quelqu'un d'important en F1, pour l'Espagne. Et aussi pour Renault", insistait-il. Avant de dire un mot sur Jarno Trulli, l'Italien malheureux. "Michael Schumacher avec l'accident a ruiné la course de Trulli. Jarno était plus rapide que lui. On l'a vu sur la fin. Sans voiture devant, Trulli distançait la Ferrari", analysait Briatore.

Quelques chevaux de plus

Deux courses, deux fois les deux voitures dans les points, une pole, un podium, une deuxième place ex-aequo au Championnat constructeurs avec Ferrari (16 points) derrière McLaren-Mercedes (26) mais devant Williams-BMW, le démarrage de Renault est incroyable. Inattendu.

"La réalité ? On a une voiture formidable. Maintenant il faut gagner de la puissance moteur. Un résultat comme celui-là ne peut que motiver encore plus l'équipe. On a fait de gros progrès. N'oublions pas que cela ne fait que deux ans que Renault est en F1. Il y a des gens plus expérimentés que nous. Nous ne sommes encore qu'une petite équipe", expliquait Briatore.

Ce dernier ne veut pas penser encore à la victoire. "N'exagèrons pas. Il faut prendre ce qui vient. On doit être réaliste et continuer à travailler. Après les résultats, ils viennent. On n'a pas une équipe de stars, nous sommes un groupe de gens qui voulons gagner. C'est important. Il faut maintenant mettre quelques chevaux de plus dans le moteur et après on verra ce qui se passe", disait l'Italien.