NAIROBI (AFP) - Colin McRae (Ford Focus WRC) l'avouait lui-même à l'arrivée de la deuxième journée du Safari rallye, huitième épreuve du Championnat du monde, samedi soir à Nairobi, "la chance était de notre côté".

L'Ecossais occupait la tête de la course devant le Finlandais Harri Rovanpera (Peugeot 206 WRC), désormais son seul rival pour la victoire, après une pénalisation de l'Estonien Markko Martin (Ford), les Citroën Xsara WRC de Thomas Radstrom et Sébastien Loeb, 3e et 4e, pointant à plus de treize et dix-sept minutes.

McRae avait passé sans encombre un cap ô combien difficile que beaucoup de ses adversaires, eux, n'avaient pas pu franchir.

Sur les quarante-huit concurrents engagés vendredi matin, vingt-neuf seulement s'étaient présentés au départ vingt-quatre heures plus tard. Samedi soir, ils n'étaient plus que... dix-neuf rescapés de l'enfer au départ de la dernière spéciale.

Une véritable hécatombe, un jeux de massacre face auquel petits et grands se trouvaient à égalité. Tous étaient impuissants devant des conditions de plus en plus difficiles, les voitures empruntant plusieurs fois les mêmes pistes à chaque passage plus défoncées, plus cassantes. A moins d'une bonne dose de réussite.

"La chance a tourné"

Dès les premières lueurs de l'aube, Tommi Makinen (Subaru Impreza WRC), épargné vendredi, allait voir le sort s'acharner sur lui. Amortisseurs avants défectueux dans la première spéciale (ES5), le quadruple champion du monde finlandais perdait plus de sept minutes sur McRae qu'il avait même "bouchonné" involontairement. Et toutes ses illusions.

Ce n'était qu'un début. Dès lors, Makinen devait accumuler les problèmes. Jusqu'à l'ES8 et l'abandon définitif à cause d'une suspension avant gauche cassée. "Vendredi, tout allait bien, la voiture était parfaite. Et puis, la chance a tourné samedi matin", constatait, amer, Makinen.

Cette épreuve chronométrée (Kerrerie, 81,67 km) devait d'ailleurs sonner le glas des espoirs de bon nombre. Carlos Sainz (Ford Focus WRC), alors troisième, victime de sa pompe à huile, le Suédois Kenneth Eriksson (Skoda Octavia WRC), jusque-là surprenant quatrième, trahi par sa boîte de vitesses, renonçaient également... Avant que Richard Burns (Peugeot 206 WRC), lui aussi, ne jette l'éponge à son tour.

Le champion en titre en avait terminé avec cette ES8 "casse voiture". Il avait réalisé le 4e temps et paraissait bien accroché à la 5e place du général. Mais voilà. Dans la spéciale, Burns avait endommagé une suspension. Et, lorsqu'il fallut regagner le parc d'assistance, la 206, sur trois roues, ne pouvait pas franchir la zone de "fech-fech" située à 300 mètres de l'enclos Peugeot.

Scratches pour Loeb et Panizzi

En dépit de tous leurs efforts, Burns et Robert Reid, son coéquipier, s'épuisant en vain à pousser leur véhicule, la 206 restait immobile. Et l'équipage britannique, à bout de force, renonçait définitivement.

Paradoxalement, ce sont les spécialistes de l'asphalte, Gilles Panizzi (Peugeot 206 WRC) et Sébastien Loeb (Citroën Xsara WRC), qui allaient s'illustrer sur la terre cassante du Kenya, s'adjugeant les scratches des deux dernières spéciales du jour.

Le second du jeune espoir de plus en plus surprenant sur une surface qu'il découvre, le premier sur terre de Panizzi tout heureux d'offrir cet exploit en cadeau d'anniversaire à son frère et copilote Hervé (35 ans).

Deux Ford, deux Peugeot, et deux Citroën dans le "top six" devant une Skoda (Kresta) et une Hyundaï (Kankkunen), si les écarts derrière le duo McRae-Rovanpera étaient importants, l'incroyable pouvait encore survenir dans un Safari toujours aussi impitoyable... si la chance décidait dimanche matin de tourner le dos à l'un ou l'autre des hommes de tête lors des trois dernières spéciales encore au programme.