SEPANG (AFP) - Kimi Raikkonen (McLaren-Mercedes), par sa victoire dans le Grand Prix de Malaisie, la première de la carrière du Finlandais, et Fernando Alonso (Renault), par sa troisième place vingt-quatre heures après sa première "pole", ont apporté un sérieux "coup de fraîcheur" à la Formule 1, dimanche dans la fournaise de Sepang, près de Kuala Lumpur.

Vingt-trois ans pour le vainqueur, 21 pour l'Espagnol, une jeunesse triomphante a bousculé l'ordre établi, battu un peu plus en brèche la domination de Ferrari. Si le Brésilien Rubens Barrichello est en effet parvenu à s'immiscer entre les deux "jeunots", décrocher la deuxième place, Michael Schumacher, lui, a été victime d'une nouvelle désillusion.

Que se passe-t-il dans la tête du quintuple champion du monde depuis le début de la saison ? Erreurs et mauvaise stratégie à Melbourne, l'Allemand s'auto-éliminait encore dans la course au succès en accrochant l'Italien Jarno Trulli (Renault) au départ.

Non seulement Michael Schumacher repartait en queue de peloton (12e) mais, de plus, il allait devoir effectuer un passage par la ligne des stands, sanction de sa responsabilité dans l'accident. "J'ai commis une faute. Je m'en suis excusé auprès de Jarno (Trulli)", admettait-il d'ailleurs.

Quelques tours

L'Allemand limitait les dégâts, se contentait d'une sixième place, derrière le trio de tête, son frère Ralf (Williams-BMW) et Trulli, tandis que Jenson Button (BAR-Honda) perdait dans le dernier tour le bénéfice d'une 5e place, était relégué en 7e devant l'Allemand Nick Heidfeld (Sauber), dernier pilote à bénéficier de la nouvelle attribution des points.

Il avait suffi de quelques tours seulement pour que l'épreuve malaise prenne une tournure quasi définitive. Le Colombien Juan Pablo Montoya (Williams-BMW) avait été victime de l'accrochage Michael Schumacher/Trulli, perdu le museau de sa monoplace après avoir été heurté par le Brésilien Antonio Pizzonia (Jaguar). Un arrêt ajouté au manque de compétitivité de la Williams, Montoya se trouvait écarté de la course aux points.

Le vainqueur de Melbourne, le Britannique David Coulthard, sur l'autre McLaren-Mercedes, était, quant à lui, éliminé dès le 2e tour, son moteur coupant net. Le Grand Prix de Malaisie venait à peine de commencer que, déjà, plusieurs postulants au succès étaient hors du coup. Sans compter le Canadien Jacques Villeneuve (BAR-Honda), éliminé avant même le départ de la course, et le Français Olivier Panis (Toyota) aussitôt après son premier ravitaillement (12e tour).

Coup double

Raikkonen pouvait filer vers la première victoire de sa jeune carrière, ce succès qui s'était refusé à lui à plusieurs reprises pour un petit "je ne sais quoi" de chance, de maturité aussi. Oubliées les occasions manquées de Magny-Cours l'an dernier face à Michael Schumacher, où même encore à Melbourne il y a quinze jours quand un excès de vitesse dans les stands lui coûta la plus haute marche du podium.

Alonso, lui, aurait peut-être pu espérer terminer dans le sillage de la McLaren-Mercedes sans un problème d'électronique de boîte de vitesses. Le jeune Ibère dut ainsi passer en "manuel" pour terminer la course, perdant même la cinquième vitesse. L'essentiel était cependant atteint.

Avec ce podium, le premier de sa courte carrière, après une première "pole" la veille, suffisait au bonheur d'Alonso. Comme il emplissait de joie l'équipe Renault dont le dernier podium remontait au 5 mai 1985 à Imola (Italie) quand Patrick Tambay avait accroché lui aussi la troisième place.

Pour sa part, Raikkonen faisait coup double. Avec cette première victoire, le Finlandais prenait la tête du Championnat du monde, confortait la domination de McLaren-Mercedes (26 pts) devant Ferrari et Renault à égalité (16) devant Williams-BMW (14). Une entame que personne n'aurait osé imaginer il y a un mois...