SANTA ROSA - La guerre est déclarée entre les deux leaders du Dakar 2010, l'Espagnol Carlos Sainz et le Qatarien Nasser Al-Attiyah, coéquipiers chez Volkswagen mais rivaux depuis des mois, qui se sont touchés vendredi lors de la 13e et avant-dernière étape.

La journée était cruciale. Al-Attiyah, qui avait perdu 52 secondes jeudi sur Sainz, savait qu'il devait se surpasser s'il voulait rattraper, voire dépasser, l'Espagnol, pointé à plus de 5 minutes de lui au classement.

Les 40 premiers kilomètres de la 13e spéciale, dans les spectaculaires dunes de sable gris du désert du Nihuil, semblaient décisifs. Le Qatarien, rompu à ce type de terrain et donc a priori avantagé, n'hésitait pas à recourir au bluff.

"J'ai un super moral pour demain. Mon moral est même très haut", proclamait-il jeudi soir.

Dans une ambiance électrique, Al-Attiyah partait donc pied au plancher, juste derrière Sainz, l'Espagnol ayant signé le scratch jeudi et lui le deuxième temps. Sur le Dakar, l'ordre de départ est déterminé par le classement du jour précédent. Les dix premiers partent toutes les deux minutes.

Sainz attaquait tout autant, limitant la portée de l'effort d'Al-Attiyah. Le Qatarien revenait toutefois sur le leader à environ 50 kilomètres de l'arrivée. Puis le dépassait, lors d'une manoeuvre très peu appréciée par l'Espagnol.

"Logiquement, Nasser était derrière. Je remontais des motos. Et lui aussi. On était dans la poussière. A un moment donné, il me passe et il me touche puis, une fois devant, il commence à faire des S", a raconté Carlos Sainz. "Il n'y a rien de sportif dans cette attitude!", s'est-t-il indigné.

"Pas gagné"

"Si, en surveillant mon rétro, je le vois et je commence à faire pareil, jamais il ne me double. Il y a deux jours, je suis resté 120 kilomètres dans sa poussière. Ce qui n'est absolument pas normal, c'est qu'un coéquipier te touche", a-t-il remarqué.

La version du Qatarien est sensiblement différente. "Sainz ne m'a pas laissé passer. J'ai enfin réussi à doubler dans la dernière ligne droite", a-t-il affirmé.

"Mais ce n'est pas grave. Peu importe. C'était une étape très très rapide, pas technique, mais je suis plutôt content. On a fait du bon boulot", a observé Nasser Al-Attiyah.

Le Qatarien peut être heureux. En terminant 2e vendredi, à 1 min 21 du vainqueur du jour, le Français Stéphane Peterhansel (BMW), il a repris 2 min 32 à Sainz. Le leader ne compte plus que 2 min 48 d'avance sur lui au général.

La dernière étape, qui ramène les concurrents à Buenos Aires, avec 202 km de spéciale, s'annonce explosive. "Je vais faire de mon mieux mais cela risque de ne pas être suffisant. Si ça passe, tant mieux", a prudemment commenté Al-Attiyah, alors que Sainz a indiqué "ne pas croire que le Dakar soit gagné".

Pour maximiser ses chances, l'Espagnol, sous pression, a demandé par le biais de Volkswagen que 3 minutes au lieu de 2 séparent les quatre premiers partants - Peterhansel, Al-Attiyah, Guerlain Chicherit (BMW) et lui - afin de ne pas être ralenti par Chicherit.

La requête a été refusée tant par les commissaires de piste que par BMW. Sainz portait le masque vendredi soir.

En moto, le Norvégien Pal Ullevalseter (KTM) s'est imposé mais le Français Cyril Despres (KTM), 2e à 43 sec, garde largement la tête du classement général avec 1 h 04 min d'avance sur lui.