MONACO (AFP) - Fernando Alonso est le grand vainqueur du week-end à Monaco: il a remporté pour la première fois dimanche le plus prestigieux des Grands Prix de Formule 1 et creusé un gouffre au Championnat en profitant de l'abandon de Kimi Räikkönen et du scandale Schumacher, puni pour tricherie en qualifications.

Parti de la pole position au volant de sa Renault après que Schumacher (Ferrari) eut été relégué en dernière position pour avoir délibérément perturbé les qualifications la veille, l'Espagnol est vainqueur sur toute la ligne.

A lui la gloire d'une victoire si aléatoire dans les rues étriquées de la Principauté ! A lui 10 points d'avance supplémentaires sur Räikkönen (McLaren-Mercedes), trahi par sa mécanique ! A lui 6 longueurs supplémentaires sur Schumacher ! A lui la confirmation qu'il détient avec sa R26 une monoplace capable de gagner sur tous les circuits ! A lui la confiance dans les autorités sportives qui ont osé sanctionner les intouchables septuple champion du monde et Ferrari ! A lui, tout simplement, la conviction qu'à moins d'un incroyable retournement de situation, ce second titre consécutif lui tend les bras !

"C'était une course marquée d'une croix dans mon agenda", reconnaît Alonso, soulignant toutefois que l'émotion qu'il ressent "ne peut être supérieure à celle de sa victoire en Espagne" il y a quinze jours.

Yacht

Au Championnat, il compte désormais 21 points d'avance sur Michael Schumacher et 37 sur Räikkönen. Le Finlandais, le seul pilote manifestement capable de battre Alonso dimanche, a été trahi par son moteur et a regagné directement son yacht, où on a pu le voir torse nu tentant d'évacuer la frustration.

"Chaque course est de plus en plus importante pour le Championnat: Kimi (Räikkönen) n'a pas pris de points, c'est donc un 10-0 pour moi, et Michael (Schumacher) n'est que 5e, donc nous avons désormais une bonne avance", analyse l'Espagnol. Il rappelle aussi que l'an dernier il avait réussi 15 podiums pour devenir champion du monde et que cette année, avec 4 victoires et 3 deuxièmes places il en compte déjà sept en sept courses.

"Si ça continue, le Championnat sera bientôt très bien engagé", estime le pilote qui, dans son immense joie, n'en a pas moins dédié sa victoire à Edouard Michelin, PDG du manufacturier de pneumatiques qui équipe notamment sa Renault, mort noyé vendredi. D'ailleurs, en signe de deuil, la cérémonie du podium s'est déroulée sans champagne contrairement à la grande tradition des sports mécaniques.
Räikkönen quasiment éliminé de la course au titre, il ne reste plus que Michael Schumacher à pouvoir le contester à l'Espagnol.

Forfait

Mais samedi en qualifications, alors que Alonso semblait en mesure de lui ravir la pole position, le septuple champion du monde a commis un terrible forfait en faisant semblant de commettre une erreur pour "arrêter délibérément sa voiture sur la piste", selon la Fédération internationale de l'automobile (FIA), et ainsi empêcher ses adversaires de signer un meilleur chrono que lui.

Convaincu de tricherie alors qu'il plaidait l'erreur de pilotage, il a été rétrogradé en 22e et dernière position. Condamné à une remontée héroïque sur un circuit où plus qu'ailleurs les dépassements tiennent du miracle, l'Allemand a néanmoins réussi à se hisser en 5e position.
"Il y a eu beaucoup d'abandons, ça aide...", persifle un Alonso venimeux mais qui refuse de commenter la punition infligée à Schumacher.

Ce dernier a mis un point d'honneur à signer le meilleur tour en course, façon de prouver qu'il était capable d'être le plus rapide sur le circuit monégasque où il a triomphé à cinq reprises.

"Le Championnat du monde est loin d'être fini, il y a encore beaucoup de points à gagner, souligne-t-il. Les gens qui me connaissent savent que je ne vais pas abandonner. Ma course d'aujourd'hui l'a prouvé, du reste."