AUSTIN (États-Unis) - Le phénomène allemand Sebastian Vettel (Red Bull), 25 ans, vise un troisième titre mondial consécutif dimanche, et un nouveau record de précocité, au Grand Prix des États-Unis qui ne sera que sa 100e course de Formule 1, cinq ans seulement après ses débuts.

Le premier GP de « Baby Schumi » c'était en juin 2007, déjà en Amérique mais à Indianapolis. Vettel n'avait même pas 20 ans, il remplaçait au pied levé le Polonais Robert Kubica, blessé à Montréal dans un énorme accident, au volant d'une Sauber-BMW qu'il ne connaissait pas. Qualifié 7e, il avait terminé 8e, dans les points, son premier GP. Stupéfiant.

Ce record de précocité tient toujours et un autre est en vue, celui de plus jeune triple champion du monde de l'histoire de la F1, s'il remplit deux conditions dimanche à Austin, sur le tout nouveau Circuit des Amériques : monter sur le podium et marquer 15 points de plus que Fernando Alonso (Ferrari).

« C'est allé tellement vite, dit Vettel. Cent Grands Prix, ça fait beaucoup, ça veut dire que j'ai pris cent départs, que j'ai survécu cent fois au premier virage. Si je réfléchis un peu, ça ne fait pas si longtemps que je suis arrivé en F1. Ca montre bien que le temps passe très vite quand on fait quelque chose qu'on aime vraiment. »

Alonso aussi aime la F1, mais pour lui la pendule tourne de plus en plus vite. À 31 ans, il affiche presque deux fois plus de GP que Vettel à son compteur : 195 depuis celui d'Abou Dhabi, le 4 novembre, où il est encore monté sur le podium, pour la 84e fois de sa carrière en F1, devant un Vettel auteur d'une remontée fantastique, des stands à la 3e place.

Hamilton et Räikkönen, brouilleurs de cartes?

Le leader espagnol de la Scuderia a son destin en mains : s'il gagne les deux dernières courses, il sera champion du monde pour la troisième fois, quel que soit le résultat de Vettel, après ses titres de 2005 et 2006 acquis chez Renault face à un autre phénomène allemand, Michael Schumacher.

« Il a la meilleure voiture, nous avons la meilleure équipe », répète depuis plusieurs semaines Alonso, au terme d'une saison remarquable au volant d'une F2012 moins efficace que la RB8 de Vettel. « Fernando mérite plus le titre, car il est plus mûr », a dit cette semaine le Québécois Jacques Villeneuve, champion du monde en 1997 et toujours la langue bien pendue.

L'un des arguments de Villeneuve, c'est que Vettel est moins bon quand il ne part pas de la pole position et qu'il a alors parfois tendance à « réagir comme un gamin », alors qu'Alonso reste toujours, en tout cas en 2012, d'un calme absolu, jusqu'au bout, pour tirer la quintessence de sa monoplace et marquer le maximum de points.

Si les titres de champion du monde étaient décernés au mérite, ça se saurait. Mais ils sont souvent attribués par Dame Fortune et, dans ce cas précis, tout est vraiment possible, jusqu'au dernier tour de la dernière course. Pour l'instant, le bilan est équilibré : deux pannes d'alternateur pour Vettel (Valence, Monza), deux accidents au départ pour Alonso (Spa, Suzuka).

Il peut aussi arriver que d'autres pilotes fassent basculer un titre. Dimanche à Austin, deux vedettes absolues de la F1 actuelle, deux autres champions du monde, auront le profil idéal pour semer la zizanie : un Britannique, Lewis Hamilton (McLaren), et un Finlandais, Kimi Räikkönen (Lotus).

Lewis avait remporté en 2007, à Indianapolis, le fameux GP des États-Unis où Vettel a débuté en F1. Kimi vient de gagner à Abou Dhabi, dans sa belle monoplace noir et or. S'ils montent tous les deux sur le podium dimanche, ce qui est possible, il n'y aura qu'une seule place à leurs côtés. Vettel et Alonso vont se la disputer chèrement. Comme le titre 2012.