MONTRÉAL - De retour de vacances, le maire de Montréal, Denis Coderre, rejette en bloc l'ensemble des critiques à l'endroit du grand prix de Formule E, la course de voitures électriques qui mobilise et paralyse un pan du centre-ville.

Denis Coderre se dit toujours convaincu que l'événement sera un succès et que ce n'est qu'une minorité qui manifeste son mécontentement.

« Est-ce que tout est parfait? Ben non. C'est sûr que tout n'est pas parfait. C'est un premier événement. (...) Donnez une chance à l'événement », a pesté le maire en mêlée de presse, mardi.

Il a fait valoir que les quelque 1140 résidents et les 25 commerçants enclavés par le circuit ont été rencontrés depuis le mois de février et que « la vaste majorité de ces gens-là sont très heureux ».

Il a soutenu que Montréal ne pouvait pas utiliser le circuit Gilles-Villeneuve car celui-ci aurait exigé des dizaines de millions de dollars d'investissement pour être mis aux normes de la Formule électrique.

« Vu que, de toute façon, une voiture électrique doit se promener dans les rues, on a décidé de faire une course urbaine », a-t-il déclaré à titre de justification.

Il a défendu l'acquisition au coût de 7,5 millions $ de murets de ciment en soulignant que ceux-ci doivent servir durant au moins six ans pour la Formule E, et qu'ils serviront également à des fins de sécurité lors de grands événements.

« Pour moi, ce n'est pas une dépense; c'est un investissement pour les six prochaines années », a affirmé le maire.

Il a ajouté que les nouveaux murets remplaceront aussi éventuellement les murets actuels du circuit de Formule 1 et que ces derniers étaient trop vieux pour prendre le risque de les déplacer sur le circuit urbain.

Confidentialité

Par ailleurs, le maire a soutenu qu'il est faux d'affirmer que Montréal est la seule ville qui ait déboursé des deniers publics pour accueillir la course, alors que plusieurs informations font état d'un financement exclusivement par les commanditaires et les promoteurs dans les autres villes du monde, mais il n'a pas détaillé cette affirmation, se réfugiant derrière l'argument de la confidentialité.

« Ce n'est pas vrai. Il y a d'autres villes qui paient, mais vous comprendrez qu'il y a un élément de confidentialité entre les dirigeants de la Formule électrique et les villes qui ont ces événements-là. »

Il a soutenu par ailleurs que la vente de billets va bon train, malgré l'absence de données publiques à ce sujet.

Mais surtout, le maire a longuement insisté sur le fait que Montréal ne pouvait absolument pas laisser passer un tel événement « extraordinaire » parce que celui-ci représente une vitrine sur la métropole et une ouverture sur des nouveaux investissements dans la recherche et le développement axés sur l'électrification des transports et les énergies renouvelables.

« Est-ce qu'on allait dire non à ce genre d'événement-là? Est-ce qu'on allait laisser passer cet événement-là comme ça? Voyons donc! Depuis quand on refuse des défis à Montréal? » a-t-il lancé aux journalistes.

Promesse électorale

Dans les minutes suivantes, la chef de l'opposition, Valérie Plante, a réitéré la position de son parti dans ce dossier, tournant la chose en promesse électorale.

« Le 5 novembre prochain, avec une administration de Projet Montréal et en tant que première mairesse de Montréal, ce que je m'engage à faire, c'est de conserver l'événement de la Formule E, mais de le déplacer, de le mettre là où il devrait être, c'est-à-dire sur le circuit Gilles Villeneuve », a-t-elle dit.

Projet Montréal qualifie d'« incompréhensibles » les dépenses de 24 millions $ de fonds publics engagés par l'administration Coderre, qu'elle dit incapable de « mettre des limites ».

La formation municipale reproche au maire Coderre ses « erreurs de gestion, de planification et de coordination » et l'invite à ne pas utiliser la marge de crédit de 10 millions $, disponible à titre de provision en cas de manque à gagner.

Elle réclame également de meilleures compensations pour les commerçants touchés par les entraves à la circulation.