MONTRÉAL - Six courses, six vainqueurs différents. C'est à ce scénario inusité qu'on a assisté jusqu'ici cette saison en Formule 1.

Le Grand Prix du Canada, qui sera disputé dimanche sur le circuit Gilles-Villeneuve, pourrait couronner un septième gagnant, par exemple si un pilote de pointe comme Lewis Hamilton (McLaren), Kimi Raikkonen (Lotus) ou Michael Schumacher (Mercedes) devait connaître un bon jour.

«Disons que j'aime bien le numéro 7», a lancé Schumacher lorsqu'on a évoqué cette éventualité, jeudi, derrière les paddocks de l'île Notre-Dame.

«J'ai le sentiment que nous n'avons jamais été si proches de la victoire», a ajouté celui qui est toujours en quête d'un premier triomphe depuis qu'il est revenu en F1 en 2010.

«C'est sûr qu'avec des pilotes de la trempe de Lewis, Michael et Kimi, il y a des chances d'avoir un vainqueur différent encore une fois», a commenté Fernando Alonso, le meneur au classement des pilotes, trois points devant Sebastian Vettel et Mark Webber.

Si Alonso l'emporte dimanche, par contre, il deviendrait le premier à signer un deuxième gain cette année. Le pilote de l'écurie Ferrari s'est imposé en Malaisie plus tôt cette année. Les cinq autres coureurs ayant accédé à la première marche du podium jusqu'ici en 2012 sont Jenson Button (McLaren) en Australie, Nico Rosberg (Mercedes) en Chine, Vettel (Red Bull) à Bahreïn, Pastor Maldonado (Williams) en Espagne et Webber (Red Bull) à Monaco.

À savoir pourquoi on assiste à un tel phénomène, un peu tout le monde avait son avis là-dessus, jeudi, à la veille des deux premières séances d'essais libres qui se dérouleront sur le circuit Gilles-Villeneuve.

«Si tu commets une erreur ou quelque chose tourne mal, tu peux te retrouver hors des points, ou devoir te contenter d'une petite récolte de points. Ces dernières années, connaître un tel destin aurait été un choc pour quiconque fait partie d'une écurie de pointe comme McLaren, a analysé Button, jeudi. Mais cette saison, c'est très différent. L'histoire nous dit qu'il y a traditionnellement des équipes de premier plan, mais maintenant on ne peut dire que McLaren, Ferrari et Red Bull sont toutes seules. C'est très compétitif.»

«Ça semble beaucoup dépendre de la nature de la piste, de la température, de la performance d'un pilote, a constaté Webber. C'est très ouvert et les résultats le reflètent. Il y a des vainqueurs différents, des podiums différents, comme on ne l'a jamais vu auparavant.»

«La réglementation n'a pas beaucoup évolué par rapport à l'année dernière et ç'a resserré tout le monde, a avancé Romain Grosjean, pilote chez Lotus. On n'a jamais vu des qualifications aussi serrées que cette année, ce qui fait que c'est plus ouvert que jamais.»

«Ç'a été une surprise pour tout le monde, a affirmé Alonso. C'est imprévisible mais en même temps, même s'il y a eu des surprises et que les écuries de milieu de tableau ont bien fait, les équipes qui ont fait preuve d'une plus grande constance, qui jouissent d'une plus grande expérience ont pu tirer leur épingle du jeu.»

Plusieurs sont d'avis que dans le contexte actuel, on pourrait couronner un champion pilote qui n'aura signé la victoire que dans une minorité des courses, mais qui aura récolté des points dans pas mal toutes les épreuves. Une certaine constance, même en l'absence de véritables coups d'éclat, pourrait donc s'avérer payante.

Ou peut-être pas.

«C'est vrai qu'il faut être constant pour remporter le championnat, a souligné Alonso. Mais quand nous disputerons trois courses en quatre semaines en juillet, si un pilote devait remporter deux courses à ce moment-là, il faudra avoir davantage que de la constance pour le rattraper.

«Je pense qu'avec le temps, ça va se stabiliser et les choses vont devenir plus normales qu'en ce moment», a ajouté le pilote no 1 de la Scuderia.

«Tout dépendra de la capacité de chaque écurie à développer sa voiture, et si chaque équipe progressera de façon égale aux autres, a noté Schumacher. Mais ça pourrait effectivement se transformer en situation où les choses vont finir par se normaliser.»

Ça risque d'autant plus d'être le cas que les écuries finiront bien par apprendre à composer avec les pneus Pirelli. La façon de gérer ces pneus ressemble peut-être à une loterie pour l'instant, mais les dirigeants d'équipe finiront bien par les apprivoiser et les maîtriser.

«La loterie, elle est où? La loterie, ce serait si les pneus n'étaient pas tous les mêmes, a noté Grosjean. Mais ils sont tous les mêmes. Certains arrivent à mieux les utiliser que d'autres. Alors ce n'est pas vraiment une loterie, c'est une condition (de course).

«Il s'agit d'essayer de comprendre, d'essayer d'en tirer le meilleur qu'on peut avoir, a ajouté le Français de 26 ans. Soit qu'on réussit à bien travailler, soit que ça marche pas.»